Rien ne va plus au sein du Méga-Parti Nidaa Tounes ! Les divisions ne sont plus latentes et la scission, non plus. Mais, plus grave encore, l'implosion ne saurait tarder ! En effet, devant l'entêtement de Habib Essid de « contenter » le mouvement islamiste Ennahdha, et de lui offrir des portefeuilles au sein de son équipe gouvernementale, l'union de Nidaa Tounes en tant qu'entité politique ne tient plus qu'à un fil. D'un côté, on trouve quelques dirigeants de Nidaa qui soutiennent le projet de rapprochement avec Ennahdha, et qui n'hésitent pas à fustiger tous ceux qui oseraient les contredire, les rappelant au devoir de discipline envers la hiérarchie du parti. Position qui laisse pointer des questions quant aux motivations « profondes » de ces leaders. Et d'un autre côté, il y a la base du parti qui est contre toute implication d'Ennahdha, et de toute autre composante de Feue la Troïka, dans le gouvernement qui est en cours de formation. Cette base ne rechigne pas à crier son opposition à de tels desseins, et multiplie les manifestations et les rencontres, en vue de faire pression sur Habib Essid, mais aussi, sur ceux qui seraient d'accord avec lui au sein même du bureau de Nidaa Tounes, et en vue de se démarquer de cette orientation qu'ils dénoncent comme étant une forme de « trahison de la volonté des électeurs ». En effet, une grande frange de la base, et même des leaders de Nidaa Tounes, est opposée à cette coalition contre nature, et prétend que les électeurs ont donné leurs voix à Nidaa, dans une grande proportion, comme vote de sanction contre la Troïka, et surtout, les islamistes. Certains avancent, même, que si BCE a remporté les présidentielles, c'est tout simplement, parce qu'il promettait le changement et la réparation des « dégâts » du règne de la Troïka, une sorte de « vote par obligation » en somme. Cette position de refus va encore plus loin, puisque cette frange mécontente, se faisant aider par d'autres composantes influentes de la société civile, est en train de préparer plusieurs manifestations et meetings nationaux pour dénoncer ce rapprochement avec les « ennemis d'hier ». Ce mouvement est en train de prendre de l'ampleur et fait, même, allusion, dans son appellation, au mouvement du sit-in du « Rahil » qui avait fait sauter le dernier gouvernement de la Troïka au lendemain du meurtre de Feu Mohamed Brahmi. Mais, ailleurs, les choses se présentent sous un autre jour, encore plus grave et menaçant. En effet, certains élus de Nidaa Tounes ne se lassent pas de répéter, dans les couloirs, et à ceux qui veulent bien les écouter, que si jamais Essid persistait dans son « idée » d'intégrer des figures d'Ennahdha dans son gouvernement, il y a fort à parier que plusieurs élus de Nidaa ne vont pas voter en sa faveur dans l'ARP. Mais le pire reste encore ailleurs, puisqu'il paraitrait, selon les rumeurs des coulisses, qu'il est question, si jamais le projet d'Essid passait, qu'une grande frange des membres de Nidaa Tounes claque la porte du parti pour aller s'organiser sous une autre formation politique. Et ceux qui prônent le plus ce projet, ce sont les membres de la tendance gauche au sein du parti. Au final, Essid donne l'impression de manœuvrer, en toute connaissance de cause, pour faire imploser le parti qui lui avait donné l'opportunité de former le premier gouvernement de la « deuxième République ». De façon à ce que les islamistes d'Ennahdha se retrouvent, grâce à lui, de retour au premier plan de la scène politique, en sans aucune concurrence, puisqu'ils ont déjà anéanti tous les partis qui avaient collaboré avec eux les dernières années, malgré leur lourd historique de résistants, et que Habib Essid est en train de faire imploser la dernière formation politique qui reste capable de leur faire face. En prenant les choses sous cet angle, on serait enclin de se demander « Mais pour qui roule Essid, en définitive » ?