Conduit par le président de la République, le dernier Conseil Ministériel, a validé, en en attendant la promulgation du projet de loi par l'ARP, la proposition du gouvernement de supprimer, et non plus suspendre comme avancé avant, la taxe de sortie du territoire tunisien pour les ressortissants des pays maghrébins. Cette décision laisse tout au moins perplexe : Pourquoi les ressortissants maghrébins en exclusivité ? En principe, une loi doit s'appliquer d'une manière horizontale et non sélective. Après tout, le voyageur est génériquement le même, indivisible, qu'il soit maghrébin ou nordique ou aborigène. N'y a-t-il pas là un soupçon sinon de racket du moins de discrimination à l'égard des autres nationalités ?! Pourquoi cette concession unilatérale (excepté la Libye qui pratique ce genre de mesure à l'encontre des tunisiens). Si la question était traitée dans le cadre de la réciprocité, il n'y aurait rien à redire, pour les beaux yeux de l'UMA. Mais de la sorte, ça ne tient pas la route. Il n'est pas question ici de grief contre la solidarité maghrébine, loin s'en faut, mais de sens de la mesure et de logique. En matière de prestige et d'autorité de l'Etat, il y a matière à se poser des questions. Et si demain, une autre région se lève et fait une démonstration de force pour revendiquer l'exemption d'une autre taxe, comment l'Exécutif réagirait-il ? S'il a donné satisfaction dans un cas, il est tenu, ne serait-ce que moralement, d'en faire de même dans un autre. Quel beau piège ! « Charité bien ordonnée commence par soi-même » disait la vieille sagesse populaire. Par conséquent, l'exécutif aurait été manifestement plus avisé, et certainement applaudi à s'en rompre les mains, s'il avait décidé de retirer la taxe (timbre fiscal de 60 Dinars) que tout tunisien quittant le territoire national est contraint de payer.