Habib Essid, le chef du gouvernement tunisien, s'est adressé en ce début de soirée du lundi 16 mars, dans une allocution télédiffusée, au peuple tunisien. Une allocution tant attendue, et même, quelque part, tant appréhendée par les citoyens, qui craignaient d'entendre de la bouche du chef du gouvernement, ce qu'ils redoutaient d'entendre : Un aveu d'échec, et une description crue de la situation catastrophique du pays. Finalement, ceux qui appréhendaient de tels propos n'ont nullement été déçus. Par contre, ceux plus crédules, voire plus optimistes, peut-être par nature, en sont restés sur leur faim. Pas de programme qui tienne, pas de décisions audacieuses qui calment, pas d'actions déclarées qui rassurent... Rien qu'un constat alarmiste de la situation, un constat qui renferme en soi, celui de l'échec de ce gouvernement à prendre les choses en mains. C'est ainsi que Habib Essid a commencé son allocution par réitérer son intention de respecter ses engagements faits devant l'ARP au moment de son investiture, promesses et paroles qui n'engagent que ceux qui y croient, comme qui dirait... Il a ensuite, abordé le dossier de la situation sécuritaire pour rappeler aux tunisiens qu'il y a toujours péril en la demeure. Un aveu, en quelque sorte d'une insuffisance flagrante dans la gestion de ce dossier par son cabinet. Une insuffisance, soit-dit au passage, qui contraste avec les derniers coups de filets opérés avec beaucoup de succès par les troupes sécuritaires sur le terrain. Ce qui laisserait craindre qu'il y a un blocage ailleurs qu'au niveau de la gestion sécuritaire, peut-être, un blocage au niveau de la volonté politique défaillante quant à combattre le terrorisme ? Par rapport à la situation économique, Essid a été tout aussi alarmiste en dépeignant un tableau noir de la situation du pays, avec un déficit grandissant, et une faillite qui guette. Et toujours rien, sur le plan décisions et actions, ce qui donne un signe, en plus, de l'impuissance avouée à demi-mots de l'équipe gouvernementale actuelle dans la gestion du dossier de l'économie, notamment concernant l'arrêt de la production du phosphate et du pétrole, à cause des mouvements sociaux que ce gouvernement n'arrive, décidément, pas à contrôler. Pour finir, Essid a prononcé deux mots en rapport avec la situation sociale, pour dire ce que tout le monde savait déjà, à savoir, un chômage qui n'en finit pas de s'aggraver, et des négociations sociales qui s'annoncent, à priori inutiles, vu le déficit des caisses de l'Etat et son impuissance à honorer n'importe quel engagement financier. En bref, si Essid voulait démontrer qu'il était assez courageux pour dire la vérité à ses concitoyens, il a bien réussi à convaincre. Mais ce qu'il semble ignorer c'est que ces mêmes tunisiens ont élu ceux qui l'ont désigné à la tête du gouvernement, non pas pour leur dire une vérité qu'ils ne connaissent que trop, mais pour proposer et conduire des mesures pour y remédier. Et sur ce plan, il a complètement raté sa sortie télédiffusée. Car à voir les commentaires des tunisiens sur les réseaux suite à ce discours, il faudra s'attendre à un tsunami de suicides à cause de la dépression et du désespoir qu'il a si bien su leur injecter ce soir.