Ils se sont donné rendez-vous, ce mardi, devant les locaux du ministère de l'éducation, place de la Kasbah. Ce mardi 9 juin, autrement-dit, en pleine période de travail et de gestion des examens nationaux de fin d'année. Ce qui veut dire, en d'autres termes, que non seulement ils refusent de travailler quand il le faut, vraiment, mais, en plus, ils empêchent les autres de travailler. Les instituteurs se sont mobilisés et son arrivés de toutes les régions du pays, si on en croit les banderoles qu'ils exhibaient. Et on croyait qu'ils allaient battre le pavé pour réclamer des augmentations salariales et des primes pour le travail qu'ils ne sont pas en train de faire, ce qui, déjà, en soi, représente une aberration. Mais à la grande surprise de tout le monde il y a eu, comme qui dirait des changements de programme de dernière minute. En effet, et à la surprise des présents entre journalistes, observateurs et autres badauds, ce n'était point de revendications matérielles qu'il était question. Mais plutôt, de revendications purement politiques. Puisqu'en guise de slogans criés, les instituteurs réclamaient leur « dignité », alors même que c'est eux qui étaient en train de la mettre à mal, aux yeux de l'opinion publique générale, il y en a, même, qui brandissaient des banderoles se jurant de mettre à genoux le gouvernement, et tous s'entendaient pour demander le départ du ministre de l'éducation Néji Jalloul qui a eu le grand tort de ne pas se plier à leurs « caprices » et Dieu sait sil ne l'avait pas voulu, sauf qu'il n'y pouvait rien, histoire de moyens financiers. Donc, finalement, les masques sont tombés, ce mardi matin à la Kasbah, et on a pu connaitre les vraies motivations des instituteurs, qui ne sont rien d'autre que de faire chuter le ministre de l'éducation, mais aussi, par delà lui, le gouvernement. Un autre changement au programme de la manifestation de ce matin était patent, à savoir que nos illustres « instituteurs » voulaient protester à huis clos. Ce qui est en soi, absurde, car quand on proteste on veut faire entendre sa voix, et on gagne à ce que le maximum de médias soit présent. Or les manifestants de ce matin, n'en voulaient pas des journalistes, et la première chose qu'ils ont faite, aura été de taper sur les journalistes qui étaient présents, ou, du moins, sur ceux qui avaient eu le tort de se rapprocher d'un peu trop de la masse des protestataires. Ce qui n'a pas manqué de susciter, en plus de l'indignation et la colère, la curiosité des journalistes, qui se sont demandés ce qu'avaient bien à cacher les protestataires, pour vouloir, à tout prix, manifester à huis clos ? Et la réponse ne s'est pas fait attendre, puisqu'il s'agissait probablement du virage opéré dans leurs revendications qui sont devenues carrément à caractère politique, ce qui suscite une autre question, à un million de Dollars, celle-là, à savoir, qui est en train de pousser les enseignants dans cette pente dangereuse et à haut risque, au regard de la situation sociale et sécuritaire actuelle du pays. Autre raison, probable à la volonté des manifestants d'opérer à huis clos, c'est que, justement, il ne s'agissait pas uniquement d'instituteurs, comme l'attestent de nombreux enregistrements et de nombreuses photos prises ce matin, qui ont pu débusquer des figures étrangères au corps enseignant, des figures anonymes, probablement pour grossir les rangs, mais aussi, des figures « illustres » de dirigeants des ex-LPR. De toutes les façons, et quelles que soient les motivations des instituteurs, ils ont réussi leur coup, et de façon magistrale ! Ils ont réussi à dégoûter les tunisiens du système éducatif du pays, et à désespérer les parents de la qualité de l'enseignement auquel on peut s'attendre de la part d'individus égocentriques et kamikazes, au point de faire passer leurs propres intérêts (si on oublie qu'il pourrait s'agir d'autres intérêts cachés), à ceux de la population et du pays, et qui jettent sans vergogne, de l'huile sur le feu, au risque d'embraser le pays et la région entière. Un grand salut, et tous nos respects à nos chers éducateurs. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, on n'hésitait pas à les comparer à des prophètes !