La Tunisie traverse actuellement une mauvaise passe sur le plan sécuritaire, avec des actes et des menaces terroristes de tous bords. Le gouvernement fait beaucoup d'efforts pour faire face à cette menace, en optimisant au maximum les moyens humains et matériels dont il dispose, et pour pouvoir couvrir le maximum de territoire et d'institutions « sensibles ». Car il faut savoir qu'il n'y a pas que les unités hôtelières qui sont visées par les terroristes. Ceux-ci aimeraient pouvoir s'en prendre à toute institution qui constitue un symbole de la souveraineté de l'Etat, et notamment, les institutions sécuritaires, de même que les domaines vitaux de l'Etat, qui sont susceptibles de ramener des devises et de faire tourner la roue des finances, dans le but d'affaiblir l'Etat et le rendre plus vulnérable, comme ce fut le cas pour les institutions touristiques, et comme çà sera, probablement, le cas pour des unités industrielles vitales, comme les quelques puits de pétrole, le pipeline en provenance d'Algérie ou comme les centrales électriques et autres stations de distribution de l'eau potable... Il y a aussi un domaine qui ne manquera pas d'allécher les terroristes, c'est celui des espaces de grande distribution, comme les hypermarchés et autres centres de shopping, qui connaissent, en cette période, un afflux massif des citoyens, et qui seraient, de ce fait, une cible idéale d'actes terroristes qui pousseraient les tunisiens à se terrer chez eux et à être gagnés par la panique. C'est pour cela que le chef du gouvernement a annoncé, il y a quelques jours, la décision de rappeler les réservistes de l'institution militaire, pour renforcer les rangs de l'armée et pour augmenter sa capacité de frappe, et sa présence sur tous les fronts. Cette décision, si elle est indiscutablement, judicieuse, ne manque, néanmoins, pas de susciter quelques éclaircissements. Car s'il est bénéfique de rappeler les réservistes, il faudrait savoir de quelle catégorie de réservistes on parle. S'il s'agit des officiers de réserve de l'armée, ce rappel risquerait de chambouler la pyramide décisionnelle et hiérarchique déjà en place, et qui est, déjà, opérationnelle. D'autant plus que le rappel d'officiers réservistes laisse craindre qu'on fasse appel à certains officiers qui avaient été écartés de l'armée, puis réhabilités par décision de la Troïka, alors qu'ils avaient été, mêlés, justement ou injustement, là n'est pas la question, à des affaires de terrorisme et de complots. Donc, un rappel de réservistes parmi les hommes de troupes serait le bienvenu, et permettrait de renflouer l'effectif de l'armée et de regarnir les casernes vidées par le déploiement sans fin des soldats en ville et dans les zones à risque. Par ailleurs, ce qui a cruellement fait défaut, jusqu'à présent, dans la gestion du péril terroriste, en Tunisie, ce n'était pas tant le nombre d'hommes déployés sur le terrain ni leur équipement, que l'efficacité d'un appareil efficient de renseignements, et l'expérience de certains officiers dans la gestion de ce type de dossiers. Et là, on parle des officiers du ministère de l'intérieur, rompus à ce genre d'exercice et qui avaient, auparavant, fait preuve de beaucoup de réussite dans ce domaine. On parle des dizaines et dizaines d'officiers des renseignements et de l'appareil de sûreté de l'Etat, qui ont été mis à la porte, et dont les services ont été, purement et simplement, dissous, par une décision, le mieux qu'on puisse en dire, c'est qu'elle était hâtive, pour ne pas dire calculée par certains éléments qui voulaient détruire la capacité de défense du pays pour, certainement, servir de sombres desseins, que certains commencent à entrevoir, maintenant. Donc, rappel pour rappel, et retour des anciens pour retour des anciens, Habib Essid ferait bien de prendre son courage à deux mains et de rappeler les fins limiers du ministère de l'intérieur, spécialisés dans le domaine de la lutte contre le péril terroriste, et qui avaient été mis à la porte, sans qu'ultérieurement, aucune mesure judiciaire ne soit venue confirmer leur implication dans quoi que ce soit de répréhensible.