Les observateurs sont unanimes. Depuis que la Maison Blanche a lâché sa force aérienne sur les positions de DAECH, les rangs de ce dernier ont grossi, enregistrant un net sursaut de renforts, venu des quatre coins du monde. Ainsi les Etats Unis ont donné, consciemment ou inconsciemment, un salutaire coup de main à la nébuleuse terroriste et lui a offert, sur un plateau, et sans coup férir, une large et non moins belliqueuse horde de transfuges et d'apprentis djihadistes. La relation de cause à effet est incontestable même pour les plus profanes. Il n'y a de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Pourtant, dès l'annonce de l'imminent bombardement, nombreuses voix s'étaient levées, à juste titre, pour avertir que » le coup de poing » américain sera du pain bénit pour le Califat autoproclamé et ses sinistres coupeurs de têtes et de braconniers de la vie. Droit dans ses bottes, la Maison Blanche n'en a nullement tenu compte, n'entendant que ses stratèges de salon, les grosses têtes de ses think tanks et de ses laboratoires d'idées de triste mémoire. Les faucons de l'impérialisme n'ont jamais été d'un bon conseil. L'histoire récente l'atteste. La culture de cow-boy et d'Eldorado a toujours marqué la politique américaine, notamment au Moyen-Orient. Là où il y a le sang noir, les yankees, par reflexe instinctif, dégaine, tire, massacre, verse le sang rouge. Le carnage en guise de stratégie de combat. Egale à elle-même et fidèle à sa réputation de pays atteint de myopie diplomatique et d'anémie tactique, l'Administration américainen'a jamais compris que les Etats Unis font l'objet d'un large sentiment de rejet, voire de haine, au sein de la communauté arabe et musulmane. Ils ne cessent de faire la sourde oreille face à l'hostilité de plus en plus grandissante et criarde dont notamment les jeunes arabes et musulmans font montre. En ciblant DAECH, les américains ont exacerbé le profond ressentiment arabe et ont précipité les jeunes et moins jeunes dans les bras de la mouvance extrémiste et sanguinaire, convaincue que, sous son étendard, ils sont capables de prendre leur revanche sur l'oncle Sam. Et DAECH, qui dispose d'une grande capacité d'attraction et d'une image de rouleau compresseur, offre également à ces jeunes une mission religieuse à travers laquelle ils sont en mesure de servir une cause alors qu'ils étaient marginalisés jusqu'ici et vivant mal ce sentiment d'exclusion et d'inutilité.