D'abord, qu'on se réjouisse et qu'on remercie la providence que Ridha Charfeddine soit sorti indemne du guet-apens et que le déluge de balles n'ait plombé et amoché que la voiture. Donc, plus de peur que de mal. Même si une telle sinistre expérience fait froid au dos et change un homme dans ses habitudes, ses repères et ses réflexes de vie. Lui-même a reconnu qu'il y un avant et un après 8 Octobre 2015. Les témoignages de compassion et de soutien, qui ont fusé de toute part, certes consolants et réconfortants, n'en sont pas moins dérisoires devant la terreur qu'il a vécue et le drame qu'il a frôlé et évité de justesse. Dieu merci, Ridha Charfeddine est sain et sauf et le feu nourri (on parle d'environ trente balles tirées, à en juger par le nombre de douilles) n'a fait que siffler dans ses oreilles et esquinté uniquement les ailes et les vitres de la bagnole. Les dégâts ne sont que matériels heureusement. Une renaissance, une nouvelle vie. Il en est bien conscient. Ensuite, compte tenu de la quantité de munition utilisée, ça relève du miracle qu'il n'ait accusé aucune égratignure. Avoir usé trente cartouches sans faire carton, sans atteindre la cible, ceci prouve que les coupables ne sont pas professionnels ou qu'ils n'ont pas eu vraiment l'intention de tuer. L'hypothèse coule de source. A moins que les tireurs aient été aveuglés par quelque écran divin ou qu'une main invisible en ait détourné les balles, auquel cas c'est une autre paire de manches. C'est quand même curieux et non moins interpellant que, sur trente balles, aucune n'ait fait mouche !! (Inutile de préciser qu'il s'agit là d'analyse et d'interprétation et non d'idées noires. Longue et resplendissante vie à Ridha Charfeddine) Par conséquent, il n'est pas interdit de penser que l'objectif ultime aurait consisté à terroriser et avertir Ridha Charfeddine beaucoup plus que d'attenter à sa vie ou de lui donner la mort . Le cas échéant, pourquoi ? Nombreuses questions, aussi objectives que cinglantes, se bousculent aux portillons de la vérité et qui méritent d'être posées mais auxquelles les réponses font défaut, du moins à ce stade. L'enquête et l'instruction ne font que commencer. Ci-après un large florilège de sombres interrogations. A en juger : 1 Y aurait-il un lien avec les révélations de Moez Ben Gharbia, patron de la chaîne TV Attessia dont Ridha Charfeddine est le principal actionnaire ? 2 Dans le même ordre d'idées, en ciblant ce dernier, s'agirait-il d'un message adressé au premier pour lui clouer le bec et lui signifier qu'il serait la prochaine victime, en ligne de mire, s'il compte lâcher le morceau ? 3 Aurait-on craché le feu pour le symbole que Ridha Charfeddine représente en tant que figure de proue de la formation politique au pouvoir, à savoir Nida Tounes ?! 4 Serait-ce fortuit que l'opération criminelle intervienne seulement quelques jours après la levée de l'Etat d'urgence ? 5 Y aurait-il une relation de cause à effet avec l'attentat terroriste de juin 2015 contre l'hôtel Impérial Marhaba de Sousse (l'hôtel et la société de Ridha Charfeddine étant situés, comme par un insolent hasard, dans le même périmètre municipal) ? 6 S'agirait-il d'un règlement de compte sans aucun rapport avec les contingences et les pesanteurs politiques ? Si oui, quels en seraient le mobile de fond et l'ennemi juré ? 7 Le régionalisme, de plus en plus exacerbé ces derniers, surtout contre le Sahel, pour des raisons historiques et politiques bien comprises, serait-il au centre et à l'origine de cette agression armée ? 8 Ridha Charfeddine étant président de l'ESS (Etoile Sportive du Sahel) ; bastion du sport tunisien, serait-ce à ce titre qu'on lui ait tiré dessus ? A l'instar de tout acte criminel, et à défaut de preuves tangibles ou d'aveux complets, les hypothèses de travail et les pistes d'investigation restent diverses, multiples. Toutes les portes sont ouvertes. Entres autres, le scénario que la rafale que Ridha Charfeddine a essuyée est un message d'avertissement beaucoup plus qu'une tentative d'assassinat, au vu de la pluie de balles que les agresseurs ont fait tomber sans que la personne pointée n'en accuse ne serait-ce une écorchure. Si c'était le cas, quiconque pourrait conclure que les assaillants seraient des tireurs d'élite et qu'ils auraient visé là où il n'y aurait pas risque de tuer. Si l'attaque armée ne visait que de terroriser et d'avertirRidha Charfeddine, là aussi la question s'importe : Pour quelles raisons ?! En résumé, tentative d'assassinat ou message d'avertissement, attentat réel ou simulacre de mauvais goût, n'importe qui est en droit de s'interroger pourquoi ? Dans les deux cas, il y a anguille sous roche, il y a une insondable énigme qu'il appartient à l'appareil policier et judiciaire de bien et vite élucider, d'en établirtoute la lumière, à brève échéance, et d'en faire connaitre, sans tarder, les dessous à l'opinion publique. Avant d'en terminer, une dernière question, et non des moindres : Comment se fait-il que les assassinats et les tentatives d'assassinat, sans compter les morts suspects, ne ciblent que le camp démocrate, à l'exclusion de toute autre camp ?!?! N'est-ce pas trop curieux !! Sans tirer des conclusions, il n'est guère ni interdit ni pervers de dire que la coïncidence donne bien à réfléchir et à en bien griller quelques neurones !!