L'utopie de restaurer l'empire ottoman plein la tête, les doigts coincés dans toute sorte d'engrenages géopolitiques, Recep Teyep Erdogan, Président en exercice de la Turquie, après douze années de primature, n'en continue pas moins de mener en bateau partisans et adversaires. Son hostilité de façade, de pacotille, face à l'entité sioniste dont il est de facto l'allié n'a d'égale que son acharnement à pourrir le corps arabe. La Turquie d'Erdogan s'évertue, et c'est le cas de le dire, à faire la pluie et le beau temps dans le printemps arabe, désignant incognito et en catimini ses ennemis et ses partenaires. Il a fait de la confrérie « Frères Musulmans » son principal allié dans la région arabe. Il n'a jamais accepté que le peuple Egyptien destitue Mohamed Morsi ni encaissé que Bacher Assad reste au pouvoir malgré le travail de sape d'Ankara, entre autres parties adverses, et son œuvre de déstabilisation et de destruction. La Turquie d'Erdogan a contribué à l'émergence et l'implantation de Daech dans la région. Son appui politique implicite en faveur de cette secte tout aussi vandale qu'inculte, ne s'est jamais démenti. Une gangrène au cœur arabe qu'Ankara ne cesse sournoisement de nourrir. La Turquie d'Erdogan est un allié objectif de Daech. Sa complaisance, voire sa complicité avec cette ténébreuse secte terroriste n'est plus à démontrer. C'est dans les villes frontalières turques que le pétrole volé est écoulé sinon bradé. C'est Erdogan fils qui coordonne et traite avec les pontes de Daech (les photos en témoignent) et gère le trafic du pétrole. C'est de la Turquie que passent les apprentis terroristes, venant de partout, pour en grossir les rangs. Ankara n'a jamais vu de bon œil la coalition internationale contre Daech, allant jusqu'à abattre un avion militaire russe. Encore un message de soutien à son adresse et une manœuvre pour faire diversion, desserrer l'étau et tenter de torpiller l'alliance militaire mondiale, en guerre ouverte contre Daech. Les ruines et les décombres de l'Irak et de la Syrie témoignent des velléités de mise à sac d'Erdogan 1er, le Roi de l'Anatolie qui se veut nouveau sultan de la région. Est-ce fortuit que l'objectif ultime de Daech consiste à mettre à genoux Damas et Bagdad, les deux villes symboles de l'Islam et de la civilisation arabo-musulmane, qui ont porté à bout de bras l'Islam plus haut, plus vite et plus loin. La Turquie d'Erdogan, qui est à couteaux tirés, d'une manière frontale ou latente, avec tout pays ayant déclaré la guerre à Daech, n'en accepte pas la désintégration, convaincue que, sans le rempart Daech, relais d'intérêt, d'enjeu et d'influence dans la région, l'Islam sunnite de reconquête et le rêve impérial néo-ottoman partiront en fumée. Perspective insoutenable pour Sa Majesté Erdogan 1er, « Cheval de Troie » de la région arabe et de ses causes. Personne ne peut enlever à Recep Teyep Erdogan son modèle de gouvernance conciliant l'Islam politique à la démocratie, il en a fait son cheval de bataille, il a réussi, en quelque sorte, à en établir le compromis, dans une large mesure. Cependant, sa quête effrénée de redonner à la Turquie son lustre impérial ottoman vise à repositionner son pays comme acteur incontournable de la région. Il n'a nullement cherché à ériger la Turquie comme pilier d'équilibre dans la région moyen-orientale, notamment vis-à-vis de l'entité sioniste, mais de soumettre les pays arabes à son rêve impérial. A rebours de Mustapha Kamel Ataturk, dont RecepTeyepErdogan a digéré l'héritage, beaucoup plus forcé que consentant, mais sans en prolonger la vision stratégique, il se veut dans le prolongement Mehmed VI Vehid-el-Din, dernier souverain ottoman, destitué de son trône en Octobre 1923 par la proclamation de la république et l'intronisation de Mustapha Kamel Ataturk au poste de président. Dans huit (8) ans, la Turquie célèbrera le centenaire de sa république, date symbolique que Recep Teyep Erdogan semble pointer comme échéance pour en finir avec la république laïque et lui substituer un régime sunnite, étape vers l'empire néo-ottoman qu'il appelle de tous ses vœux et qu'il œuvre à rétablir par paliers, par des coups de boutoir calculés. Il entend moraliser la société et lui administrer une cure de conservatisme, réactionnaire et confessionnel, pour la préparer à son objectif de ré-islamisation, selon le moule sunnite, plutôt wahhabite sur les bords. En résumé, la Turquie d'Erdogan est coincée entre la folie de grandeur et l'autisme politique. L'empire néo-ottoman est une vue de l'esprit. Pire encore, une insondable utopie ! Recep Teyep Erdogan mériterait bien le « Turban d'Honneur ».