Néji Jalloul le ministre de l'éducation se l'était fixée comme principal défi. Il a travaillé dessus, en abattant des montagnes de travail. Il a du affronter le fronde de plusieurs parties qui y étaient opposées... Mais, finalement, il la tient sa réforme de l'éducation. En effet, ce que l'on appellera, certainement, dorénavant, « la réforme Jalloul », vient d'être achevée, ficelée, et présentée en conseil des ministres. Et ce n'est pas rien, quand on sait la quantité de travail que çà a nécessité, et, surtout, quand on sait le climat social plus que tendu, dans lequel a été obligé d'évoluer le ministre de l'éducation, Neji Jalloul, pour mener à bien son projet. Il faut reconnaitre qu'au départ, le travail s'annonçait « pharaonique », quand on voit l'état de perdition dans lequel se trouvait le système éducatif tunisien, et son image ternie au niveau international, de même que le niveau d'éducation médiocre dispensé par nos institutions. Il fallait donc, s'attaquer au boulot et attraper le taureau par les cornes. Et pour une fois, on pourra reconnaitre qu'il va y avoir une réforme qui a été murement réfléchie, et soigneusement concoctée. Car, en bon universitaire qu'il est, Néji Jalloul a pensé une réforme élaborée scientifiquement, partant de la réalité du terrain tunisien, pensée avec les différents intervenants dans le secteur, puisant uniquement les points positifs des expériences étrangères (pour une fois, on peut se targuer de n'avoir pas proposé du copier-coller), et élaborée en interconnexion avec la réalité tunisienne, et la conjoncture locale et régionale, essentiellement, en matière de besoins du marché de l'emploi, sans négliger les besoins académiques du pays. En deux mots, et pour laisser le soin aux spécialistes d'exposer les détails, Néji Jalloul a étoffé sa réforme autour des défis qui se posaient à lui, à savoir : Une équité des services éducatifs respectant l'égalité des chances de tous les élèves. Une qualité d'enseignement et des acquisitions scientifiques de haut niveau. Une corrélation étroite avec l'économie et la société en Tunisie. Et une bonne gouvernance des moyens de l'Etat dans ce domaine. Il a, pour ce faire, commencé par le commencement : S'atteler à la formation adéquate des formateurs, et dans ce sens il a mis le poids sur les écoles normales de formation des éducateurs, mais aussi, les centres régionaux de formation continue des enseignants, pour parfaire leur aptitude à suivre cette réforme sans difficulté. Ensuite, il a voulu faire des écoles, non seulement des lieux d'apprentissage, mais aussi, des lieux de vie sociale et d'épanouissement culturel pour nos enfants. Il a, pour cela, créé l'office national des services scolaires, qui va fournir différents services aux élèves, comme la restauration, l'internat, les activités de clubs...etc. En bref, ces quelques chiffres à retenir de cette réforme, en attendant le démarrage effectif de son application en intégralité : Elle s'est basée sur un dialogue nationale qui a duré 6 mois, ayant touché pas moins de 4 million de personnes consultées. Ensuite ce sont 15 commissions qui se sont penchées sur la préparation des termes de la réforme (dont 13 ont achevé leurs travaux, et il reste les deux dernières qui concernent les nouveaux manuels scolaires). La première tranche de la réforme globale intéressera la période de 2016 à 2020, sachant que cette tranche a été entamée à hauteur de 30%, déjà. L'essentiel à retenir c'est le retour de l'examen national du brevet de la neuvième année, l'abandon des 20% de la note du Baccalauréat. Le cycle primaire se limitera à cinq ans, plus l'année préparatoire, qui va devenir obligatoire. A partir de cette rentrée, 350 000 élèves en 1ere 2eme année primaire bénéficieront de tablettes électroniques. Dans les écoles les matinées seront consacrées aux études et l'après midi aux activités culturelles et sociales. Dans les salles de classe on adoptera une nouvelle disposition des pupitres qui seront disposés en « U » autour de celui de l'enseignant. A partir de l'année prochaine les élèves bénéficieront de 193 jours d'études par an (contre les 130 d'avant l'annulation des semaines bloquées cette année), ce qui dépassera la moyenne mondiale de 190 j, en restant, toutefois, loin des 245 jours en Scandinavie. Par ailleurs, et à partir de cette rentrée, un demi million d'élève mangeront aux cantines des écoles. En revanche, pour les nouveaux manuels, il va falloir attendre leur distribution en 2017. Ainsi, donc, la « Réforme Jalloul » est fin prête, et çà sera, maintenant aux commissions techniques qui vont être créées de s'atteler aux mesures pratiques de son application. Néji Jalloul, quant à lui, pourra savourer la plénitude du sentiment du devoir accompli.