Une question, et non des moindres : Comment se fait-il que, depuis quelque temps, le parti Ennahdha se soit complètement vassalisé à Nida Tounes (NT) et que son guide spirituel, à savoir Rached Ghannouchi (RG), ne pipe plus un orphelin mot à tout ce que décide Béji Caid Essebsi (BCE) ?! Si ce dernier recrache un noyau d'olive, il en fait une salade tunisienne. Le gourou nahdhaoui n'est plus qu'une mécanique à concessions ou une machine à laver le linge sale de BCE ou de NT. Comment comprendre cette posture de laquais ?! Un obscur deal entre les deux vieux briscards ?! A moins que RG ait les doigts jusqu'au coude dans l'engrenage présidentiel et que le résident de Carthage le tienne par la gorge par quelques ténébreuses affaires. Il n'est pas interdit de conclure que RG est l'otage de BCE, lequel en fait son fantoche. On dirait qu'il tient la vie de RG dans ses mains ou sur ses lèvres. Tout compte fait, peut-être bien que c'est de ça qu'il s'agit ! Figé à l'ombre de NT, le parti Ennahdha n'est plus en mesure d'élever la voix ou de laisser échapper le moindre souffle critique à BCE. Ce n'est plus une relation d'alliance mais un rapport entre maitre et serf. La dernière décision en date, prise par Ennahdha, de ne pas présenter de candidat au scrutin législatif partiel en Allemagne et d'apporter son soutien au fiston, Hafedh Caïd Essebsi (HCE), conforte la thèse de la collusion et de la soumission. Quand bien même Ennahdha et NT constituent les deux principaux piliers de la coalition gouvernementale, on comprend mal comment la deuxième force électorale, du moins selon le scrutin d'Octobre 2014, se retire de la course et ouvre la voie à HCE. Deux explications pourraient être avancées : * Beaucoup pensent que HCE est la taupe d'Ennahdha à NT. Et à ce titre, l'appui nahdhaoui coule de source. Enfin un mandat électif ! Le premier du genre pour HCE, lui qui, au prix d'un tour de force, avec la complaisance sinon la complicité d'un noyau de têtes brûlées, s'était autoproclamé Directeur Exécutif de NT. HCE, qui abhorre toute idée d'élection, adore les intrigues et les complots pour se frayer une place dans le bercail politique. Ainsi, il reste très utile à RG. * Etant le fils, et au même titre que son paternel, comme indiqué plus haut, HBE a aussi le cou de RG sous son sabre. Il faut satisfaire les lubies du fils pour apprivoiser le père. Tout suggère que RG joue sa tête avec le clan Essebsi. Il est prêt à faire tous les grands écarts, toutes les acrobaties, à marcher sur le fil et à jouer ce rôle rabaissant de valet rien que pour sauver sa peau. Et voilà HCE vise le poste vacant en Allemagne. Pourquoi ce pays ? Tout simplement, c'est le fruit d'une machination dont BCE et RG, véritables maitres d'œuvre, ont conçu la trame : Chasser le représentant de l'Allemagne à l'ARP, grand manitou outre-Rhin et personnage incontournable, en le bombardant Secrétaire d'Etat, un poste qu'il ne peut refuser. Et ainsi baliser la route de l'ARP, et plus si affinités, au fiston, bien sûr avec la compromission et le silence suspect d'Ennahdha. A se demander qu'est-ce que le clan Essebsi détient sur le compte de RG ou de son parti pour en faire de véritables pantins ?! Les pontes d'Ennahdha semblent craindre comme la peste les Essebsi père et fils ?! Se laisser rançonner de la sorte n'est guère fortuit ! Pour sauver quelques-unes de ses têtes, Ennahdha a accepté de vendre son âme et de lécher les semelles de BCE. Quels dossiers louches et quels dessous fumeux ?! Pétris de gratitude, la peur au ventre, les grosses légumes d'Ennahdha, RG en premier, font profil bas et la courte échelle pour que HCE soit investi d'un destin national. En effet, il ne lorgne vers l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) que comme une étape, sa visée première est Carthage, à travers le perchoir. Le scénario n'est point loufoque : Première phase : Une fois son fils membre de l'ARP, il n'est pas exclu que BCE parvienne à contraindre Mohamed Ennaceur de démissionner de la présidence de l'ARP. Le bloc parlementaire de NT, à la botte de HCE, proposerait ce dernier en lieu et place, au mépris du règlement interne et de la décence. Dans ce cas de figure, pour les raisons ci-dessus invoquées, les députés d'Ennahdha ne manqueraient pas d'applaudir des deux mains et des deux pieds. Deuxième phase : BCE, invoquant quelque maladie ou une incapacité à assumer sa fonction de chef d'Etat, se retire. Selon la Constitution Tunisienne, le président de l'ARP assure l'intérim jusqu'à l'organisation de nouvelles élections présidentielles. Avec l'appui d'Ennahdha et de NT, compte tenu de leur poids électoral, HCE triompherait haut la main, le doigt dans le nez. La route de Carthage ne serait plus qu'une question de temps et de rapport de force. "HCE for president" n'est pas une vue de l'esprit. C'est juste un scénario, qui n'est pas impossible, mais qui reste envisageable, malgré les failles qu'il puisse comporter.