L'annonce de la nomination du nouveau Ministre de l'Intérieur a donné lieu à une interprétation diamétralement opposée de la part des deux principaux conseillers du Président de la République, Noureddine Ben Ticha et la porte-parole, Saïda Garrach, dévoilant une cacophonie au niveau de la communication de la présidence. Saïda Garrach a effectué ce jeudi, une mise au point relative à la nomination du nouveau Ministre de l'Intérieur, Hichem Fourati, affirmant que le chef du gouvernement a informé le Président de la République, Béji Caïed Essebsi, de sa décision avant l'annonce, assurant que Youssef Chahed a agi conformément à ses prérogatives constitutionnelles. Ces précisions interviennent au lendemain d'une sortie médiatique du premier conseiller du Président, Noureddine Ben Ticha qui a soutenu que le chef du gouvernement n'a pas consulté le Président Béji Caïed Essebsi concernant la nomination du nouveau Ministre de l'Intérieur se contentant de l'informer. Ben Ticha a entièrement contredit l'assertion du chef du gouvernement Youssef Chahed qui a annoncé avoir informé le président de la République et les partis soutenant le gouvernement de la nomination du nouveau Ministre de l'Intérieur. Bien que le premier conseiller du Président ait pris le contre-pied du chef du gouvernement, une attitude de nature à compliquer davantage les rapports entre Carthage et la Kasbah, déjà mis à mal par la problèmatique du départ du gouvernement, ce sont les contradictions entre les déclarations de Ben Ticha et de Saïda Garrach qui posent problème. Représentant une pièce maîtresse du dispositif de communication de la présidence de la République, Noureddine Ben Ticha et Saïda Garrach sont censés être en communion et refléter "l'âme" et l'ambiance au sein de l'institution dans laquelle ils travaillent. Ils doivent veiller à refléter une bonne image de la présidence et du gouvernement et transmettre une certaine sérénité dont ils sont la façade. Dans le contexte de la crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs mois, agir en rang dispersé, pour des hauts responsables de la présidence, pourrait semer le trouble auprès des partis politiques et alimenter davantage les rumeurs et autres combines destinées à ébranler la crédibilité de la présidence, siège de la souveraineté du pays. Une situation qui peut aussi éroder le capital confiance des citoyens à l'égard de la présidence de la République. Toutefois, tout l'enjeu réside dans la décision prise par Youssef Chahed de nommer un nouveau Ministre de l'Intérieur dont l'issue peut décider du sort de la crise politique. Le passage du Ministre de l'Intérieur à l'ARP, un test pour Chahed Ainsi cette ébullition soudaine qui s'est saisie du microcosme politique tunisien après la décision de Youssef Chahed de nommer Hichem Fourati au poste de Ministre de l'Intérieur, dénote de la gravité du moment d'autant plus que l'Assemblée des représentants du peuple va tenir une session plénière pour valider cette nomination. Ce sera un test grandeur nature pour Youssef Chahed qu'on a acculé à démissionner ou à solliciter la confiance de l'ARP. C'est presque chose faite. Le passage du Ministre de l'Intérieur devant les députés permettra au chef du gouvernement d'avoir une idée précise des soutiens dont il peut bénéficier si jamais il veut solliciter la confiance de l'Assemblée. Il pourra aussi, si le vote est en défaveur de son Ministre opter pour la démission s'il ne lui reste plus aucune possibilité ou manœuvre pour se maintenir à la tête du gouvernement. Le parti Nidaa Tounes doit se réunir incessamment pour décider de l'attitude à adopter à l'égard du vote de confiance au nouveau Ministre de l'Intérieur. Ennahdha n'a pas d'état d'âme à ce sujet et son soutien incontestable au maintien de Youssef Chahed au gouvernement, présage à l'avance le résultat de son vote. Plusieurs partis politique comme le Front populaire, le Courant démocratique et autres Machrou Tounes se sont prononcés contre le gouvernement de Youssef Chahed et n'hésiteront pas à voter contre le nouveau Ministre de l'Intérieur. En tout cas, rien n'est encore joué et seule la session plénière de l'ARP de vote de confiance au Ministre de l'Intérieur va dessiner les contours de l'issue de la crise politique, à défaut de la compliquer davantage, avec des scénarios inédits dont seuls les politiciens tunisiens ont le secret.