Le dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, Abdelhamid Jelassi a annoncé, ce mercredi 4 mars 2020, sa démission du Mouvement. A travers une longue lettre, Jelassi a fait savoir qu'il a mis un terme à une pratique de 40 ans, soulignant ses grandes lignes. Le politicien a indiqué que le Mouvement Ennahdha est passé de l'opposition au pouvoir grâce aux élections de 2011, dans une période post-révolutionnaire. Dans ce sens, Jelassi a souligné le changement de la démarche politique du mouvement après la Révolution. Il a précisé qu'Ennahda a changé, après ce tournant, sa perception d'elle-même. Elle est passée d'un groupe ayant des intérêts politiques en une entité et un parti politique, mais seulement, en apparence ajoutant qu'en réalité ni la culture ni l'éthique n'ont changé. Ce paradoxe a poussé le nahdhaoui démissionnaire à se demander s'il faut développer l'ancien ou créer le nouveau tout en affirmant que le problème au sein du mouvement islamiste ne réside pas dans les idées ou des ressources mais dans la façon des les exploiter. Par ailleurs, Jelassi a estimé que la période s'étalant de 2011 jusqu'à 2014 était la plus difficile pour le mouvement surtout en 2013, précisant que cette phase a fait émerger beaucoup d'affaires importantes, notamment la place de la religion dans la vie politique. A travers cette même lettre, Jelassi est revenu, à maintes reprises, sur le 10ème congrès du parti. A partir duquel, les controverses au sein du mouvement ont commencé surtout qu'une grande partie des adhérents était pour le changement de la gouvernance. Cela a fait que les élections du bureau exécutif du mouvement et les nominations aient été faites selon la loyauté et non pas la compétence, toujours selon la lettre de Jelassi. La même source a ajouté que Rached Ghanouchi est passé d'un président d'un parti entier à un président d'une partie de ce parti ajoutant que ce mouvement n'a pas tiré des leçons adéquates de sa participation au pouvoir et a fait perdre cinq années au pays, de 2014 jusqu'à 2019. Jelassi a fini par dire que le mouvement Ennahdha a, depuis 2011, intégré "le système" et a perdu tout son équilibre moral. du surcroît, il a affirmé qu'il n'est plus prêt à " des querelles", rappelant qu'il a durant la dernière période, fait des choses contre son gré et ses convictions par loyauté à ses amis et à ses camarades. Il a ajouté que maintenant, le pays est remis sur les rails, ce qui l'a poussé à partir pour enfin satisfaire sa conscience. "Aujourd'hui, je mets un terme à une pan de ma vie ayant duré 40 ans et dont je suis fier. Je m'estime chanceux d'avoir vécu cette expérience dont j'assume l'entière responsabilité" lit on à la fin de la lettre.
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