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Par Dr. Amel Ben Zakour: Comportement de l'être humain face au virus Covid-19
Publié dans Tunisie Numérique le 31 - 03 - 2020

Le Coronavirus appelé Covid-19 est une maladie infectieuse apparue en Chine dans la ville de Wuhan sous la forme d'une épidémie qui s'est vite transformée en pandémie nationale puis mondiale. Le nombre de cas ne cesse d'augmenter chaque jour et les pays sont attaqués un à un. Les Humains craignent la propagation et commencent à se confiner chez eux instinctivement pour certains et pour d'autres suite aux obligations gouvernementales.
Il faut noter qu'aucun pays n'est épargné, même les grandes puissances sont touchées comme les Etats-Unis, l'Italie ou la France.
La propagation est montée en puissance en particulier en Italie, pourquoi ?
Certains médecins italiens estiment que c'est causé par le match entre Bergame et Valence auquel des milliers de personnes ont assisté à Milan (ville la plus touchée par la pandémie), à cette époque, les autorités ne savaient pas que des cas contaminés existaient. Ces personnes se sont côtoyées dans le stade puis pour fêter la victoire. Imaginez le nombre ! Certaines ont pris le chemin du retour vers l'Espagne, d'autres vers la France. Voilà comment l'infection a pris de l'ampleur sans s'en rendre compte.
Sentiment mitigé : entre la peur-psychose et l'insouciance
Tunisiens revenus au pays
Face à la propagation du virus, certains Tunisiens vivant en Italie, en France ou en Allemagne ont décidé de revenir au « pays » fuyant la contamination d'une part et craignant de se retrouver seuls face à la mort d'autre part « si je meurs, je préfère mourir dans mon pays entouré de ma famille ! ». Leur nombre est important, mais là n'est pas le problème, une grande partie d'entre eux a décidé de circuler dans les quartiers, d'aller saluer les familles et les amis sans éviter les embrassades. Insouciants d'être des porteurs potentiels du virus et sans respecter les clauses du confinement suite au retour de voyage. Par conséquent, aujourd'hui nous nous retrouvons face à des cas de contaminations « subies ».
Est-ce un comportement digne ? Est-ce normal de dire « je suis revenu au pays pour me retrouver enfermé à la maison ? Non je veux sortir et profiter, je vais bien je suis naturellement immunisé, je n'aurai que ce que Dieu aura prédit pour moi » (discours appuyé par les dires de citoyens tunisiens venus de l'étranger).
Tunisiens insouciants
Existe une catégorie qui conteste haut et fort qu'il ne peut rien lui arriver, « je vais bien, je me joins à mes amis dans mon quartier, on reste ensemble toute la journée, même le couvre-feu ne me fait pas peur » (discours de plusieurs Tunisiens). Suite à ces agissements et après avoir décrété le couvre-feu et le confinement total, les autorités tunisiennes ont décidé de passer aux mesures disciplinaires extrêmes : ne se déplacer que pour effectuer ses courses dans son quartier ou en cas d'urgence, être accompagné d'une autorisation de déplacement signée par l'employeur et le Ministère de l'Intérieur si la personne travaille. En cas de non respect de ces mesures, la personne risque le retrait de son permis de sa carte grise et la possibilité du retrait du véhicule. Mais aussi des amendes. S'il y a récidive, la personne risque tout simplement l'emprisonnement.
Les autorités espèrent que les Tunisiens respectent le confinement total ainsi que l'application des consignes sanitaires et d'hygiène lorsqu'ils effectuent les courses mais aussi dans leurs habitudes quotidiennes.
Tunisiens en phase de peur-psychose
Le virus est tellement virulent qu'il peut se transmettre de manière extrêmement simple, par les mains, en portant ses courses, par les chaussures, les cheveux, les vêtements. Tout fait peur, absolument tout. Il s'agit là de l'autre catégorie de la population observée actuellement. Celle craignant la propagation du virus et préférant mourir d'ennui à la maison que sortir et être confrontée à la maladie. « J'ai peur pour ma famille, mes parents, mes enfants, je préfère ne pas avoir suffisamment de provisions ou m'ennuyer que sortir et risquer le Corona ». Ces personnes lavent leurs courses à l'eau de javel, nettoient leurs maisons plusieurs fois par jour en désinfectant tous les recoins, se lavent les mains à ne plus compter et suivent scrupuleusement les informations à la télévision et les consignes à appliquer.
Ces personnes travaillent chez elles et ne mettent pas le nez dehors, une seule sort pour faire les courses tous les quatre ou cinq jours. Elles ont conscience que la Tunisie n'a pas les capacités nécessaires pour recueillir tous les malades et elles ont peur que nous soyons confrontés au scénario dramatique des Italiens qui sont obligés de choisir entre qui doit vivre ou mourir tellement ils manquent de moyens pour faire face au Covid-19.
Nous n'excluons aucune catégorie sociale ici et nous pouvons affirmer ces dires suite aux passages d'entretiens en ligne avec quelques personnes.
Conséquences du confinement :
Info ou intox
Passer sa journée confiné chez soi pousse l'Humain à regarder les informations télévisées à longueur de temps mais aussi les réseaux sociaux qui peuvent contenir des fausses informations. C'est là que nous parlons d'intox. Certaines personnes postent des articles sans en connaître l'origine exacte, d'autres donnent des spéculations de la situation sans fondement aucun. Il est essentiel de ne pas tout croire, il faut toujours regarder la source de la publication et ne pas prendre pour acquis tout ce qui circule sur la toile. Penser à ne pas tout partager à tort et à travers devient primordial.
En fait, pour passer cette période stressante et angoissante, il faudrait disperser des ondes positives mais aussi demander des nouvelles de ses proches et créer des groupes d'amis pour se divertir et rire. Se dire que rester à la maison n'est pas mauvais puisqu'une grande majorité de la population a la possibilité de travailler et de continuer sa vie active à distance sans avoir à bouger. Se sentir utile à longueur de temps vu que ces personnes sont occupées entre le quotidien de la maison, la famille et le travail. Il faut, par conséquent, que les gens s'estiment heureux et chanceux d'être restés productifs et non au chômage partiel ou total comme la seconde catégorie des Tunisiens.
Conséquences économiques désastreuses
À ce propos, le pays fait face à une crise économique sans précédent !
Plusieurs, si ce n'est la quasi majorité des commerces ont fermé, des salariés se sont vus remerciés et sont actuellement sans salaires. Comment font-ils pour subvenir aux besoins de leurs familles qui subissent les circonstances actuelles ? Les commerces pourront-ils se relever après le confinement et après avoir subi autant de pertes ? Qui sait quand nous allons pouvoir sortir de nouveau !
Arrive le mois de ramadan qui, normalement, voit tripler les chiffres en termes de consommation de nourriture et de sorties le soir mais aussi l'achat des vêtements de l'aïd. Comment faire face à cette crise. Certes l'Etat a allégé les crédits des entreprises et des particuliers mais est-ce suffisant ? Les Tunisiens doivent tout de même payer leurs loyers, leurs factures une fois la mise en circulation générale opérée et ils se retrouveront à payer le triple, comment affronter toutes ces dépenses ?
Voilà les craintes au jour d'aujourd'hui de la majorité des foyers tunisiens.
Montée de la violence
Un dernier point négligé ou omis par plusieurs d'entre nous, la violence. D'abord celle subie par les femmes, sachant que certaines sont battues et ne peuvent faire appel aux autorités policières craignant leurs maris et le jugement des autres. En cette période de confinement, les nerfs sont mis à rude épreuve et quelques couples passent leurs journées à se chamailler (bien sûr sans généraliser les faits, plusieurs foyers passent des journées paisibles sans problèmes). Par conséquent, ils peuvent en venir aux mains ou aux insultes ou aux harcèlements moraux rabaissant tous les faits et gestes des femmes.
D'ailleurs, un post Facebook, censé faire rire, a circulé sur la toile cette semaine stipulant : « c'est l'occasion de frapper ta femme, elle n'a nulle part où aller, même les tribunaux sont fermés ». Ceci résume la gravité de la situation et l'étroitesse d'esprit d'une catégorie de gens qui profitent et rient du malheur et de la vulnérabilité des personnes en souffrance et sans défense.
Ensuite la violence liée à la délinquance. Des malfaiteurs inventent des ruses pour dépouiller des gens dans leurs propres domiciles, prétextant être là pour désinfecter l'intérieur des foyers ou pour tenter de braquer une banque (tentative détournée par la police au quartier Ennasr). Il faut noter qu'il existe des personnes qui profitent de n'importe quelle situation pour se faire de l'argent et le confinement favorise les vols, rester vigilant devient une priorité.
Attention, quand les ventres sont vides les esprits vides choisissent naturellement et instinctivement les solutions de facilité !
Aujourd'hui le monde entier est face à une pandémie internationale, les comportements humains ont changé et changeront davantage. La façon d'être et de penser des gens évoluera, la manière d'agir au quotidien aussi. Des citoyens prendront conscience que ce qui prime est la santé, la famille et l'amour des autres, que le matériel importe peu et que les relations sociales sont les plus importantes. D'autres verront leurs manières d'agir différemment en choisissant de saluer les autres que de loin, en se confinant dans des habitudes d'hygiène contraignantes au quotidien, comme ne plus s'approcher des gens, se laver à longueur de temps, nettoyer sa maison à longueur de journée, à avoir peur de celui qui tousse ou éternue. Soit une psychose permanente pourrait s'installer soit un optimisme général prendra le dessus, être heureux de vivre, de sortir de nouveau, d'avoir une vie sociale, de respirer l'air frais d'une nature qui se voit renaître suite à cette pause sans pollution.
À nous d'écrire la nouvelle page blanche de demain et souhaitons n'y voir que des lignes positifs !
Dr. Amel Ben Zakour
Enseignante-Chercheure en Anthropologie à UTC-Université Tunis Carthage

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