Alors que les médias occidentaux célèbrent la « Jasmine Revolution », Thierry Meyssan, le journaliste français et président-fondateur du Réseau Voltaire dévoile le plan US pour stopper la colère du peuple tunisien et conserver cette discrète base arrière de la CIA et de l'OTAN. Selon lui, le phénomène insurrectionnel n'est pas fini et la vraie Révolution des peuples arabes contre leurs vieux gouverneurs, tant redoutée par les Occidentaux, pourrait rapidement commencer à se propager. L'Egypte, le Yemen et l'Algérie sont les meilleurs exemples. Considéré par Washington comme un Etat d'importance mineure, la Tunisie était utilisée au plan sécuritaire, plus qu'économique. Après la fuite du président Ben Ali, agent de la CIA formé à la Senior Intelligence School de Fort Holabird, le vrai siège du pouvoir n'est plus au Palais de la République, mais à l'ambassade des Etats-Unis. Située hors de Tunis, dans un vaste campus barricadé, l'ambassade est un gigantesque blockhaus hautement sécurisé qui abrite les postes centraux de la CIA et du MEPI pour l'Afrique du Nord et une partie du Levant. C'est ici que l'on a composé le gouvernement Ghannouchi. Outre les inamovibles membres du RCD, des gadgets médiatiques et des agents de la CIA ont été imposé. Par la grâce du producteur Tarak Ben Amar (le patron de Nessma TV), la réalisatrice Moufida Tlatli devient ministre de la Culture. Moins show-bizz, plus significatif, Ahmed Néjib Chebbi, un pion de la National Endowment for Democracy, devient ministre du Développement régional. Sans oublier, le mystérieux Slim Amanou, un bloggeur rompu aux méthodes de l'Albert Einstein Institute, devient secrétaire d'Etat à la Jeunesse et des Sports au nom du fantomatique Parti pirate relié à l'auto-proclamé groupe Anonymous, cyber-escadron de la CIA —déjà utilisé contre le Zimbabwe et l'Iran Bien entendu, l'ambassade des Etats-Unis n'a pas sollicité le Parti communiste pour faire partie de ce soi-disant « gouvernement d'union nationale ». A l'inverse, on prépare le retour de Londres, où il avait obtenu l'asile politique, du leader historique du Parti de la Renaissance (Ennahda), Rached Ghannouchi. Islamiste ex-salafiste, il prêche la compatibilité de l'islam et de la démocratie et prépare depuis longtemps un rapprochement avec le Parti démocrate progressiste de son ami Ahmed Néjib Chebbi, un social-démocrate ex-marxiste. Dans le cas d'un échec du « gouvernement d'union nationale », ce tandem pro-US pourrait fournir une illusion de rechange.