Son extraordinaire ascension dans le monde de la finance, dans un pays qui n'est pas le sien, a été des plus fulgurantes. Dans son itinéraire qu'on croyait tracé d'avance, voilà que le destin de ce banquier, né pour voltiger avec les opérations financières, bifurque sur une voie de garage qui, contrairement à ce qui est supposé, s'ouvre sur des échappées d'une surprenante beauté, dignes de ses talents de compositeur féru d'envolées musicales. Particulièrement sensible au syncrétisme de la culture et de l'économie, inscrit dans ses gènes, Jaloul Ayed s'est révélé sur le tard un compositeur de musique classique de génie. Pour preuve, ses symphonies concertantes ont été jouées par des maîtres incontestés de la musique philharmonique en Europe. Cette disposition toute naturelle à réussir tout ce qu'il entreprend lui confère le pouvoir d'avoir les coudées franches pour agir au mieux des intérêts des institutions financières dont il a la charge, ainsi que la faculté de s'autoriser une entière liberté dans sa quête de l'excellence. Parcours exceptionnel Président du directoire de BMCE Capital (Banque marocaine du commerce extérieur) et directeur général de BMCE Bank, Jaloul Ayed a largement contribué à la success story du groupe BMCE à l'échelle internationale. Après une licence en sciences économiques à l'université de Tunis et un master en économie de l'université du Maryland, il poursuit d'autres études en Floride couronnées par l'une des distinctions américaines les plus prestigieuses, la Phi Kappa Phi Honour Society. C'est à la Citibank qu'il débute sa carrière, en 1980, en tant que cadre stagiaire. Cinq ans plus tard, il est nommé directeur général pour toute la région. Il part ensuite aux Emirats Arabes Unis où il exercera les fonctions de directeur général en charge de la Corporate Bank. En 1990, il s'installe au Maroc comme administrateur délégué de Citibank Maghreb. La succursale marocaine de cette banque connaissait quelques difficultés. Comme cette période coïncidait avec la guerre du Golfe, cette nomination ne pouvait mieux tomber. Ainsi, il s'est trouvé placé à la tête de Citicorp. Les débuts étaient difficiles mais, par la suite, il s'est intégré et s'est fait beaucoup d'amis. A l'époque, la politique de la Citibank n'était pas fondée sur le développement des relations avec les entreprises locales ou les groupes locaux. Dans ce sens, cela relevait d'une irresponsabilité à l'origine des limitations en termes de capitaux ainsi que de bien d'autres dysfonctionnements opérationnels. C'est alors qu'il formule un plan d'action qui sera adopté. A la même époque, le Maroc menait des négociations dans le cadre du Club de Londres pour le rééchelonnement de sa dette. Sa profonde connaissance des grands groupes marocains lui permit d'introduire l'ONA sur le marché international. Ce haut fait a été très apprécié par l'establishment marocain, puisque, pour la première fois, un groupe marocain accède aux marchés des capitaux internationaux, et ce, sans garanties bancaires ou étatiques. C'était une grande source de fierté pour le groupe ONA à laquelle a largement contribué Jaloul Ayed. En 1996, Citibank l'envoie à Londres comme Senior Banker. Mais deux ans plus tard, le PDG de la BMCE lui demande de revenir au Maroc pour créer un pôle banque d'affaires, BMCE Capital. L'occasion idéale de réaliser un vieux rêve, celui de jouer un rôle dans le développement et dans l'intégration des systèmes financiers au Maghreb et en Afrique. Sa première mission accomplie, il rejoint le pôle commercial de BMCE. Stimulé par l'honneur qui lui est fait, il s'attelle à la tâche de privatiser la BMCE. Il y contribue en vertu du fait qu'il était déjà le patron de la Citibank. Il commence par la participation au montage financier de l'opération. L'une des conditions de la privatisation, c'était qu'une banque étrangère de premier plan prenne 5% du capital de la BMCE. Ce qui n'était guère une condition facile. Finalement, il réussit à élaborer une structure, un plan qui allait permettre à la Citibank de prendre une participation de 4%. Aiguillonné par ce succès, il se lance à bras le corps dans l'expansion internationale de la diversification de la BMCE. Grâce à ses soins et en dix ans d'exercice, il monte la première salle des marchés au Maroc aux normes internationales, lance une quinzaine de filiales et ouvre la voie avec le premier fonds indiciel, la première filiale d'une banque marocaine en Afrique subsaharienne. Il multiplie les implantations au Maghreb et en Afrique francophone. Après BMCE Capital Sénégal, il inaugure le 31 mai 2006 une filiale tunisienne, Axis Capital Tunis, avant d'ouvrir une antenne à Yaoundé, Alger, Tripoli, Libreville, Nouakchott. Un positionnement conforté par la création à Londres d'une banque d'affaires dédiée à la Méditerranée et l'Afrique, Medi Capital Bank, ainsi que le rachat en cours de 35% de Bank of Africa. Jaloul Ayed lorgne désormais sur les privatisations en train de s'accomplir dans son pays natal : «Nous avons besoin d'un ancrage beaucoup plus important en Tunisie». Il poursuit : «La réussite de BMCE Capital a certainement aidé à la réalisation d'autres chantiers. On y croyait. Aujourd'hui, c'est une nouvelle banque, la BMCE, qui commence à émerger. Ce n'est que le début. Nous sommes en train de redéfinir la banque. Dans les mois et les années à venir, cela je peux vous le dire, avec la plus belle des assurances, nous allons être un cas d'école, non seulement pour le Maroc mais également pour d'autres pays. Je le dis avec beaucoup de confiance». Sa devise, c'est qu'il n'y a pas de limite à l'imagination. Parce qu'il est un visionnaire, il se projette très loin. Et quand il parle, c'est pour évoquer 2030 ! Et quand on se place dans cette perspective, on éprouve plus de facilité pour créer. Et ceux qui créent ont une plus forte propension à être heureux