Où a donc disparu l'eau minérale tunisienne ? La saison estivale est connue par la grande consommation en eau minérale. Pendant le mois saint, la consommation connaît aussi des pics considérables de consommation mais on n'a jamais vécu un manque aussi aigu en eau minérale en Tunisie. Des raisons de toutes les couleurs : Selon une source de TunisieNumerique, le manque des quantités d'eau minérale est dû à l'exportation vers la Libye qui a causé une pénurie au niveau de ce produit vital. Selon la même source, une affaire a été conclue entre plusieurs sociétés d'eau minérale et un grand homme d'affaires libyen pour un coût de 12 millions de dinars. Selon Habib Dimassi, Directeur général du Commerce intérieur, le manque est dû à la contrebande particulièrement active sur les frontières libyennes qui a permis d'acheminer jusqu'au 13 juillet, pas moins de 9 tonnes de bouteilles d'eau, vers la Libye, pays en guerre civile depuis plusieurs mois. De ce fait, les sociétés tunisiennes ont préféré vendre à ce client qui paie en devises et qui gare ses semi-remorques devant leurs usines plutôt que distribuer sur le marché tunisien et gaspiller des milliers de dinars pour la publicité afin d' inciter les consommateurs tunisiens à acheter leurs produits. Lors de la réunion périodique de la cellule de communication avec les médias tunisiens, le représentant du ministère du commerce a justifié la hausse des prix des boissons gazeuses et d'eau minérale par la hausse des prix du plastique utilisé pour fabriquer les bouteilles. Un argument qui ne semble pas convaincre les médias tunisiens ni les consommateurs. A Sfax, le prix d'une bouteille d'eau minérale de 2 litres a atteint 800 millimes. A la Goulette, un nouveau record a été enregistré: une bouteille d'eau froide a été vendue à 1250 millimes. L'état de la consommation en Tunisie : En effet, la consommation — essentiellement locale car la part de l'exportation est inférieure à 1 % — a explosé en dix ans passant d'une production de 110 millions de bouteilles en 1995 à 483 millions en 2007. Parallèlement, le secteur s'est libéralisé en une vingtaine d'années passant de trois marques (Safia, Aïn Oktor et Garci) détenues par une société publique unique — la Société des stations thermales et des eaux minérales (SOSTEM) — à une quinzaine de marques qui produisent 260 000 bouteilles par heure. Cette diversité de l'offre (eaux minérales naturelles et eaux de table) ne doit pas masquer le poids écrasant du leader, la Société frigorifique et brasserie de Tunis (SFBT), qui détient 70 % de part de marché après avoir notamment racheté la SOSTEM en 2003. Les eaux minérales sont vendues par des sociétés ayant obtenu un agrément ministériel (conformément à la loi de 1993) et sont contrôlées par l'Office du thermalisme tunisien. Le prix de vente comprend une taxe de 18 % dite « taxe d'emballage ». Les sociétés gèrent des installations de captage des eaux (source ou forage) et le plus souvent des usines de conditionnement. Selon le ministère, depuis le début de l'année, la production d'eau minérale a augmenté de 7% par rapport à 2010 grâce notamment à l'entrée en production de deux nouvelles unités à Teboursouk (Béja) et à Sidi Yaiche (Gafsa). Quant à la consommation nationale de bouteilles d'eau minérale, elle a atteint en 2010, 700 millions d'unités. Nouvelle mesures gouvernementales, et après? Afin d'éviter la dégradation de la situation pendant le mois de Ramadan (août), il a été décidé lundi 18 juillet courant, lors d'une réunion au ministère du Commerce et du Tourisme, d'encourager les unités de production à adopter des actions de promotion et à appliquer des remises sur les prix. Les responsables de ces unités se sont, également, engagés à donner la priorité absolue au marché intérieur et à ne vendre leurs productions qu'aux distributeurs autorisés. Autres solutions traditionnelles utiles : Les Tunisiens qui, depuis des années ont abandonné l'eau du robinet de la SONEDE, ont choisi d'allouer à la bouteille magique une part considérable de leurs budgets. Ils se trouvent aujourd'hui face à une crise d'eau inattendue. Cependant, ce problème passe inaperçu dans d'autres régions du pays notamment au Sahel et à Sfax où les citoyens continuent jusqu'à aujourd'hui à boire l'eau de “Majel” et de la “Feskia”. Ces constructions sont des chambres étanches construites en forme arrondie ou carrée sous la terre et qui constituent des conteneurs d'eau de pluie collectée par les toits. La qualité de l'eau est assurée et sa pureté est variable selon les mesures de protection prises par chaque foyer. Le retour au patrimoine architectural tunisien et la reconstruction de ce genre de solution écologique et économique, constitue une solution possible aux problèmes de pénurie d'eau dans le monde arabe. Les guerres du futur, selon plusieurs études stratégiques, ne se déclencheront pas pour le pétrole ou pour l'uranium, mais pour l'eau. Pourrons nous voir un jour les Tunisiens boire à nouveau l'eau des bassins des Aghlabites ?