La traditionnelle gabegie en Afrique, l'éternel fléau de la dilapidation des deniers publics et de la corruption qui font que le continent continue de végéter dans un sous-développement et une pauvreté chroniques en dépit de ses immenses ressources naturelles. Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu avait démarré fort en mars 2023 en annonçant publiquement qu'il allait se lancer dans les grands chantiers, dans le sillage du Maroc. Pour l'instant c'est le budget colossal qu'il s'est attribué qui défraye la chronique. Tous ces sous pourquoi ? Pour le yacht du président, pour les véhicules utilitaires sport dédiés à sa femme et à de hauts cadres du gouvernement… La première puissance économique du continent africain (depuis 2016) fourmille de projets, bâtit l'avenir mais est très loin d'être guérie de ses démons. Le président Tinubu s'est octroyé des fonds supplémentaires pour des dépenses dignes des richissimes monarchies du Golfe. Le texte, promulgué mercredi dernier, alloue un financement de 38 millions de dollars à la flotte aérienne présidentielle et à d'autres travaux de réfection. Avant ça le Sénat et le Parlement avaient validé sans broncher un pactole de 6,1 millions de dollars pour le yacht du chef de l'Etat. La marine nationale a fait savoir qu'elle a réceptionné le bateau mais la facture n'a pas encore été réglée. Face à une opinion publique très remontée par de tels excès le porte-parole de la présidence de la République, Anjuri Ngelale, a argué que le budget supplémentaire sert à «renforcer l'architecture de sécurité du Nigeria et à remédier au déficit d'infrastructures critiques du Nigeria, entre autres considérations». Il a ajouté que près de 30% de l'argent serait affecté à la sécurité et 35% à la «fourniture d'infrastructures critiques». Il ne donnera pas plus de précisions sur ce scandale d'Etat. Rappelons que dernièrement le Parlement fédéral, composé de 460 élus, a officialisé que tous les députés recevraient un nouveau SUV qui coûte 150 000 dollars. Les législateurs ont justifié cette dépense par le fait que ces véhicules sont indispensables pour accomplir convenablement les tâches que leur ont confiées les électeurs… Tout cela se passe dans le pays qui certes affiche le 27e PIB au niveau mondial, est le 2e producteur africain de pétrole, a les premières réserves prouvées de gaz en Afrique, est le 3e producteur de gaz du continent mais dont les populations, paradoxe suprême, sont parmi les plus pauvres en Afrique. Il faut comprendre leur colère quand elles découvrent ce que le président veut faire de leur argent alors que les urgences sont partout. The Economist Intelligence Unit a pondu un rapport qui promet monts et merveilles aux pays africains pour 2024, mais tant que ces pratiques perdureront il est illusoire de croire en des lendemains qui chantent et au développement que les populations africaines méritent.
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