Jusqu'où le "pays des droits de l'Homme" va descendre ? Il faut se poser la question très sérieusement, avec le boulevard qui a été ouvert à l'extrême droite et qu'on mesurera aux élections européennes du 9 juin prochain. Après le défilé des néonazis au coeur de la capitale française, Paris, une manifestation qui in fine a très peu choqué, voilà l'ère des distributions alimentaires racistes. Même dans l'humanitaire on commence à verser dans la ségrégation, entre ceux qui méritent qu'on les nourrisse et les autres qu'on laisse végéter dans la faim. «Le pire de l'humanité : le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion». Ces mots, terribles, ont été lâchés par Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités à la Mairie de Paris. Ils ont écrit ça dans un courrier adressé au préfet de police après avoir visionné un reportage insoutenable… «On donne qu'aux Blancs. (...) Tous les profiteurs, que ce soit les Malgaches, les Roumains, les Pakistanais par centaines, les Noirs et les Arabes évidemment, on ne leur donne pas, on va pas s'abaisser à leur donner un sandwich». Ces propos sans équivoque ont été débités par une militante du groupe d'ultra-droite Luminis lors d'une ronde censée soulager les sans-abris, tous sans exclusive. Cette scène surréaliste a été filmée par BFM TV et diffusée le 13 mai 2024. Indignés, les deux adjoints de la maire de Paris demandent au préfet de police d'interdire ces actions ouvertement racistes. Ces humanitaires pas comme les autres servent «des petites quiches avec de la saucisse», des produits à base de porc qui de fait excluent les sans-abri de confession musulmane. Les "affreux Arabes" ne sont pas leurs seules cibles. «Ah non non c'est une gitane, c'est les pires les gitans», assènent ces militants en direction d'une femme. Même traitement pour un groupe de SDF (sans domicile fixe) «roms». Sur les réseaux sociaux la "préférence nationale" chère à Eric Zemmour et Marine Le Pen est encore plus explicite. «Les nôtres avant les autres !», assume un post sur X. Une étudiante a même osé clamer son «admiration» pour le nazisme. «On parle de l'homme viril, de la femme féminine qui doit avoir plein d'enfants (...) et puis de la pureté de la race», argue-t-elle. Sans commentaire. Des propos «extrêmement choquants, ouvertement racistes et discriminatoires», «qui sont de nature, selon nous, à relever d'une qualification pénale et salissent en tout état de cause l'image de notre ville, tout en étant susceptibles de troubler l'ordre public», s'indignent les deux élus de la Mairie de Paris. Rappelons à ceux qui l'auraient oublié qu'en 2007 le Conseil d'Etat avait formellement prohibé la distribution de «soupes au cochon». Cela n'a pas empêché l'association Solidarité des Français, qui ventilait ces repas, de crier haut et fort sa xénophobie en mentionnant ceci sur son site Web : «Pas de soupe, pas de dessert, les nôtres avant les autres». Là aussi sans commentaire…
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