TUNIS (TAP) - Les participants à une conférence, organisée par les économistes arabes, vendredi, à Tunis sur "les enjeux sociaux et économiques de la Révolution tunisienne" ont souligné que la réalisation de la réforme politique nécessite l'amélioration des situations économique et sociale, appelant à mettre en place un nouveau schéma de développement à l'élaboration duquel participeraient des économistes. Ce nouveau modèle exige la révision des politiques économiques, surtout les politiques sectorielles et le réexamen du rôle de l'Etat, des opérateurs économiques, du secteur bancaire, du système éducatif et de la politique de développement régional. L'impératif de libérer l'accès des hommes d'affaires aux données économiques qui rencontrent des difficultés dans l'obtention des résultats des enquêtes a également été abordé. D'où, ont souligné les participants, la nécessité de réfléchir à l'indépendance de l'institut national de la statistique (INS) pour garantir la diffusion d'une information transparente et crédible. M. Abderrazak Zouari, ministre du Développement régional, a précisé que les problèmes engendrés par la politique économique en Tunisie, à l'instar de l'augmentation du taux de chômage et du déséquilibre économique, sont les principaux facteurs ayant provoqué le déclenchement de la révolution. Il a fait remarquer que la nouvelle politique de développement régional devrait être basée sur un développement régional équilibré, une solide infrastructure de base, un tissu industriel développé et l'octroi des financements nécessaires aux jeunes promoteurs tout en réfléchissant à la création de structures de financement dans les régions à laquelle participeraient les économistes. M. Mohamed Ali Marouani, maître de conférences en économie à l'université Paris1-Panthéon Sorbonne, a souligné que la mise en place d'un modèle économique intermédiaire entre le libéralisme et le dirigisme encourage l'initiative et la compétitivité et assure l'égalité sociale. Il a mis en exergue l'importance de l'instauration d'un dialogue social entre les entreprises, les parties syndicales, les chefs d'entreprises et les composantes de la société civile aux fins d'établir un climat de confiance et de dialogue constructif et de conciliation sur le modèle économique à adopter. M. Ghazi Ghrairi, secrétaire général de l'académie internationale de droit constitutionnel a précisé que la phase transitoire est marquée par une situation économique précaire et instable, soulignant que les réformes politiques nécessitent l'amélioration de la situation économique et sociale. La nouvelle constitution du pays, a-t-il dit, devrait définir le rôle de l'Etat dans le domaine économique et fiscal, séparer les autorités aux niveaux vertical et horizontal, ce qui permet d'assurer l'indépendance et la décentralisation de l'autorité, a-t-il ajouté. Yousfi Héla, maître de conférences en management et organisation à l'université de Paris Dauphine a dit que la problématique actuelle est de savoir « Est-ce qu'il faut rompre avec le passé et chercher un substitutif ou encore examiner la situation et remédier aux lacunes ». Elle a proposé, dans ce contexte, la mise en place d'un modèle de développement économique spécifique à la Tunisie, à l'instar de ce que d'autres pays ont fait (le Brésil, la Turquie et l'Inde). Pour M. Abdeljelil Bédoui, enseignant d'économie, le gouvernement devrait prendre des mesures urgentes à même de rétablir la confiance, d'accélérer les mesures de l'emploi, de dédommager les familles des martyrs et de traduire en justice les symboles de corruption au régime déchu. Il a rappelé que les défis à relever, à moyen et long termes, sont la révision du modèle de développement, la réhabilitation des valeurs du travail et du savoir et le rétablissement de la confiance entre le citoyen et les institutions.