TUNIS (TAP) - Un "mécanisme légal" pour le financement islamique sera crée en Tunisie avant la fin de cette année, a déclaré, vendredi, M. Jalloul Ayed, ministre des Finances. Le ministre, qui intervenait jeudi à l'ouverture de la première rencontre maghrébine sur le financement islamique, a fait remarquer à ce sujet que "la Tunisie œuvre à engager des concertations avec les instances et les établissements financiers islamiques pour la mise en place de ce mécanisme avant la fin 2011". Organisée les 15 et 16 juillet à Tunis à l'initiative du Conseil Général des Banques et des établissements financiers islamiques, cette première rencontre maghrébine s'est penchée sur le thème «La finance islamique, de larges opportunités pour la région du Maghreb Arabe ». A travers ce conclave de deux jours, les organisateurs, souhaitent engager une réflexion sur la dynamique régionale et internationale dans le domaine de la finance islamique (FI) et évaluer les avancées et les efforts déployés au niveau de chaque pays maghrébins ( Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie) pour la promotion de ce créneau. Il s'agit également d'identifier les opportunités qu'offrent la FI en matière de développement à l'échelle maghrébine. En ce qui concerne la Tunisie, le ministre des Finances a indiqué que "le pays aspire, en fonction de son ouverture sur l'extérieur et de son appui au système libéral, à devenir un centre international non résident pour la finance islamique et un point de relais en la matière entre les pays maghrébins, africains et pourquoi pas européens". M. Ayed estime que cet objectif est à la portée de la Tunisie dans la mesure ou 96 % des ressources financières des fonds islamiques d'investissement sont investies dans des pays non islamiques. Les autorités financières tunisiennes oeuvrent sans cesse, a-t-il dit, "pour mettre en place un cadre juridique cohérent spécifique au financement islamique et régissant la profession tant au niveau des principes et mécanismes qu'au niveau des produits et concepts outre le cadre législatif pour le volet fiscal". Le financement islamique peut jouer un rôle prépondérant dans la satisfaction des besoins financiers de la Tunisie, estimés à 40 milliards de dollars pendant les cinq prochaines années, a encore déclaré M. Ayed, relevant que des préparatifs sont engagés pour la création en Tunisie d'un fonds souverain appelé aussi "fonds des générations". Les autorités financières tunisiennes aspirent également, a ajouté le ministre, à faire de la Tunisie "un centre pour la formation, la création et l'innovation, qui mettra à la disposition de la clientèle de la finance islamique, un ensemble de mécanismes et de produits financiers modernes". "Le financement islamique peut jouer un rôle primordial dans le financement des grands projets dans la région du Maghreb Arabe, projets qui nécessitent des capitaux énormes et un volume d'emprunt important", a encore avancé le ministre des Finances. Sami Souilem, représentant du groupe de la Banque Islamique de Développement (BID), banque internationale basée en Arabie Saoudite, a appelé les pays maghrébins à "tirer profit des expériences de la finance et des banques islamiques dans le monde". Il a suggéré, à cette fin, l'élaboration d'une stratégie maghrébine pour la construction d'un centre privilégié de promotion de l'industrie financière islamique conforme aux normes internationales de qualité. Dans la région de l'UMA (Union du Maghreb Arabe), la première banque islamique a été créée en 1983 en Tunisie sous la dénomination "Banque de Financement tuniso-saoudienne", devenue, ensuite, Banque Al Baraka- Tunisia. Cheikh Mohamed Mokhtar Sellami, président du comité la Chariaa à la BID, a indiqué que la Banque tunisienne Ezzaitouna, dont les activités ont démarré en 2010, a été le premier établissement financier islamique à capital local dans les pays du Maghreb Arabe "à réaliser des résultats au delà des prévisions". Cheikh Sellami, ancien Mufti de la République et président actuel du comité Chariaa au sein de Banque Ezzaitouna, a déclaré à la TAP, que les dépôts financiers de la banque ont accru de 400% au cours des 7 derniers mois pour atteindre 400 millions de dinars. Les statistiques fournies lors de cette première rencontre sur la finance islamique dans la région du Maghreb, montrent que les banques islamiques au monde, lesquelles ont fait preuve de grande résistance face à la dernière crise financière internationale, gèrent des capitaux d'environ 900 milliards de dollars US. Des experts internationaux en finance prévoient une augmentation, au cours du prochain quinquennat, des dépôts des banques islamiques, qui peut aller à environ 1 trillion de dollars US. Ils prévoient également un accroissement à environ 130 milliards de dollars US des capitaux investissant dans les chèques islamiques.