TUNIS (TAP) – "La fédération tunisienne des cinéastes amateurs (FTCA) et la Fédération tunisienne des clubs de cinéma(FTCA) ont joué le rôle de citadelle de résistance contre la dictature pendant plus de deux décennies, en militant en faveur d'un cinéma alternatif qui reflète la réalité du pays ainsi que les préoccupations des Tunisiens'' tel est l'axe central autour duquel s'est articulé le débat au cours de la rencontre ''Cinéma amateur-cinéma professionnel'', organisée mardi soir au Club Tahar Haddad, dans le cadre de la 29 édition du Festival de la médina de Tunis. Les avis des participants à cette rencontre étaient partagés concernant la thématique de cette table rende, considérant la problématique: ''Cinéma amateur-cinéma professionnel'' comme étant un faux débat. ''Les cinéastes amateurs'' n'ont rien à envier aux cinéastes professionnels tunisiens. Ils ont démontré à plusieurs reprises, particulièrement durant cette dernière décennie, qu'ils sont à même de produire des films de qualité qui se sont imposés dans les plus prestigieux des festivals internationaux'', a indiqué le jeune réalisateur Walid Tayaa, ajoutant que plusieurs courts-métrages de cinéastes amateurs tunisiens ont été consacrés dans plusieurs festivals internationaux. Le cinéaste et enseignant Ali Ben Abdallah a passé en revue le parcours du cinéma tunisien, de la naissance jusqu'à aujourd'hui, faisant savoir que le premier court métrage tunisien en l'occurrence ''le défi'' a été réalisé par Omar Khelifi, à l'époque, cinéaste amateur. L'intervenant a rappelé que le premier film professionnel tunisien ''Joha'' était l'œuvre du Français Jacques Baratier avec comme assistant l'écrivain Mustapha Fersi qui n'avait aucun rapport avec le cinéma. Evoquant la création des studios de Gammarth créés au milieu des années soixante, Ali Ben Abdallah a fait remarquer que cette initiative répondait aux besoins de la propagande du régime de l'époque, très porté sur l'image, plutôt qu'aux exigences de la cinématographie nationale naissante. Le débat a pris une autre tournure quand l'universitaire et cinéaste amateur Jalel Ben Saad est intervenu fustigeant le ministère de tutelle de n'avoir engagé, selon lui, depuis la Révolution tunisienne aucun débat sur les états-généraux de la cinématographie nationale. ''Quel cinéma faut-il proposer dans ce nouveau contexte national où la censure vient de tomber avec le départ du président déchu ? La liberté est-elle un facteur d'épanouissement pour le cinéma amateur qui a toujours travaillé dans des ghettos et traiter des thèmes tabous ou interdits ? Quel avenir pour les fédérations des cinéastes amateurs dont le festival de Kelibia était leur unique scène d'expression du temps de la dictature ? Ce sont là d'autres interrogations posées au cours de cette rencontre. Pour le cinéaste et anthropologue Fethi Saidi vivant à l'étranger, le thème de cette rencontre ouvre sur d'autres problématiques en s'interrogeant sur la définition du cinéaste amateur par rapport au cinéaste professionnel notamment. La réalisatrice Sarra Laabidi a conforté dans son intervention, les propos de Walid tayaa, considérant la Fédération Tunisienne des cinéastes amateurs comme étant un bouclier de résistance contre le pouvoir politique et le cinéma de mauvaise facture. Le débat s'est poursuivi tard dans la nuit sur des questions notamment techniques. La révolution numérique et le développement des réseaux de partage ont joué un rôle crucial dans la promotion du cinéma amateur à travers le monde. Les intervenants étaient tous d'accord sur le fait que les avancées technologiques offrent de grandes opportunités aux jeunes cinéastes pour réaliser des films à petit budget. L'essentiel étant dans la profondeur des propos et la qualité de l'esthétique.