HAMMAMET (TAP) - Le président de la République par intérim, Foued Mebazaa, a affirmé que l'expérience de la commission nationale d'investigation sur les affaires de corruption et de malversation "a administré la preuve du besoin de la création d'une structure permanente et indépendante dotée des moyens matériels et des ressources humaines nécessaires, ainsi que des prérogatives juridiques propres à lui permettre de lutter efficacement contre les phénomènes de corruption et de malversation." Présidant, jeudi matin, à Hammamet, l'ouverture des travaux de la conférence internationale sur la lutte contre la corruption et la malversation, M. Mebazaa a souligné que cette expérience a apporté la preuve "du besoin impératif de réformer le dispositif de contrôle des deniers publics, à travers le renforcement de l'indépendance de ses structures et la garantie des ressources matérielles et humaines nécessaires afin de les habiliter à accomplir convenablement leurs missions." Le Président de la République par intérim a formé le souhait de voir "l'Assemblée nationale constituante, qui sera élue le 23 octobre prochain, inscrire parmi ses priorités la question de la lutte contre la corruption et la malversation, et instaurer les fondements de la bonne gouvernance outre la réforme de la magistrature dans le cadre du processus d'édification de la Tunisie nouvelle." Il a, également, indiqué que la Tunisie a opté, depuis le déclenchement de la révolution du 14 janvier, pour une approche rationnelle dans la demande de comptes aux symboles de la corruption, une approche fondée sur des procès équitables et transparentes, déclarant à ce propos "Bien que cela nécessite un laps de temps relativement long, nous restons convaincus du fait qu'il s'agit là de la meilleure voie à emprunter pour assurer la justice dans sa noble dimension, loin de toute forme de vengeance." M. Mebazaa a relevé que la réalisation de cet objectif reste tributaire "de la consécration du principe de l'indépendance de la magistrature et de l'identification avec les différentes parties intervenantes des mesures permettant de réformer le système judiciaire qui demeure l'un des piliers des régimes démocratiques." Le président de la République par intérim a fait remarquer que la Tunisie vit aujourd'hui au rythme d'une dynamique politique et sociale, en prévision des élections de la Constituante qui ne manquera pas de fonder la Tunisie de demain qui rompra définitivement avec la tyrannie. L'Etat, a-t-il ajouté, s'est employé depuis le déclenchement de la révolution à mettre en place les mécanismes propres à réaliser une justice transitionnelle, ce qui est de nature à favoriser l'édification de l'avenir sur des bases saines, précisant que les commissions indépendantes déjà créées dont la commission nationale d'investigation sur les affaires de corruption et de malversation, sont les meilleures garants de la concrétisation de cette justice. De son côté, M. Abdelfattah Omar, président de la commission nationale d'investigation sur les affaires de corruption et de malversation, a indiqué dans une allocution donnée au cours de la séance d'ouverture, que la Tunisie a connu un véritable système de corruption et de malversation aux éléments interconnectés, qui avait porté atteinte à plusieurs secteurs et institutions de l'Etat, ainsi qu'à la société tunisienne, et qui avait à sa tête notamment le président déchu et ses proches. Il a affirmé que la commission est parvenue à mettre en place une stratégie globale et cohérente pour lutter contre la corruption et la malversation, stratégie fondée sur la création "d'une instance indépendante et permanente de lutte contre tous ces phénomènes." Cette conférence internationale, qui se poursuit trois jours durant, se tient à l'initiative de la commission nationale d'investigation sur les affaires de corruption et de malversation, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l'Organisation de la coopération et du développement économique, l'Union Européenne, la Banque africaine de développement et le Royaume d'Arabie Saoudite. Les participants à cette conférence parmi les experts tunisiens et étrangers, les représentants des structures nationales de contrôle, d'inspection et d'audit, ainsi d'organisations internationales, oeuvreront à identifier les meilleures pratiques pour circonscrire ce phénomène. A l'ordre du jour de cette conférence, la première du genre en Tunisie post-révolution, figurent six volets essentiels relatifs à "la révélation de la vérité", "la réalisation de la justice", "la mise en place des mécanismes pour la prévention de la corruption", "la révision des législations", "l'association de la société civile" et "le recouvrement des biens expatriés".