TUNIS (TAP/ Amira Jenzri) - L'éradication du problème du chômage, passe, selon le Parti du travail tunisien (PTT), par le doublement du taux de croissance à 10,6% et du taux d'investissement à 42%, entre 2012-2016. M.Abdeljelil Bedoui, Coordinateur et porte-parole du PTT a présenté à la TAP, un programme économique "quasi-irréaliste". Selon lui, le parti ambitionne, "d'atteindre le plein emploi" d'ici cinq ans. Réformer le système fiscal Le PTT compte, essentiellement, sur la mobilisation de l'épargne publique, par le biais de la réforme du régime fiscal et du système bancaire. "La réforme fiscale doit passer du régime forfaitaire au régime réel par la création d'un système comptable plus simple et plus facile à appliquer pour les petits opérateurs économiques". Il s'agit, également, d'atténuer le régime d'exception de la loi de 1972, qui accorde des avantages fiscaux et financiers aux sociétés off-shore, lesquels se traduisent par un manque à gagner fiscal qui est devenu "insupportable et improductif pour le budget de l'Etat". Toujours dans le chapitre de la réforme fiscale, le PTT propose de renforcer l'administration fiscale pour lutter contre l'évasion et la fraude, en recrutant davantage de cadres qualifiés. Il s'agit de "sanctionner sévèrement la corruption". En ce qui concerne la fiscalité publique, le Parti plaide pour une meilleure gouvernance des entreprises publiques et une réduction des dépenses de fonctionnement. Pour ce qui est du système bancaire, "sa contribution au financement de l'économie est en deçà des exigences nationales", selon M.Bedoui. "Il doit s'engager davantage dans la réalisation des investissements et l'étude des projets pour la diversification du tissu productif tunisien". Renégocier la dette extérieure M.Bedoui a indiqué que la faiblesse du taux d'endettement public comparée aux pays de la Zone Euro, laisse une marge de manœuvre à l'Etat pour emprunter. «On peut, aussi, mobiliser les ressources extérieures dans le cadre de la renégociation de la dette extérieure du pays», a-t-il ajouté. " La dette bilatérale peut être reconvertie pour financer certains projets d'infrastructure et améliorer les ressources de la nouvelle caisse des dépôts et consignations". Quant à la dette multilatérale, le PTT envisage de demander l'annulation de l'intérêt de la dette "pour appuyer la transition démocratique". Sur cette question, certains économistes estiment que le non remboursement même d'une partie de la dette, entraîne un renchérissement du coût des crédits pour le pays. S'agissant des investissements directs étrangers (IDE), ils doivent, selon le porte-parole du PTT, être orientés vers les projets productifs (agriculture, industrie, services à haute technologie, transport.) et non servir au blanchiment de l'argent sale. Au programme du PTT, figure, aussi, le développement de l'infrastructure de base, en axant sur l'extension du réseau ferroviaire et une meilleure répartition des zones industrielles, en faveur des régions intérieures de la Tunisie. A l'instar de plusieurs autres partis, le PTT propose le développement de pôles technologiques dans les différentes régions du pays, notamment, dans les domaines des énergies renouvelables, du dessalement de l'eau de mer et de la préservation des ressources naturelles. Le PTT envisage, encore, de développer les services sociaux, suite à l'établissement d'une carte nationale permettant de mieux répartir et étendre ces services. S'agissant du tourisme culturel et biologique, « Une équipe composée de militants, architectes et urbanistes du PTT est déjà mobilisée pour établir une carte du pays, visant à mettre en valeur le patrimoine culturel des villes tunisiennes », a avancé M.Bedoui. Commentant ce programme, M.Mohamed Kriaa, enseignant d'économie à l'université de Tunis, a estimé que "doubler la croissance et atteindre 42% de taux d'investissement ne seront pas des tâches faciles. J'incite le PTT et tous les autres partis à parler avec plus de franchise avec les citoyens, qui ne méritent pas une nouvelle déception dans les mois et les années à venir". Il avance " le PTT comme les autres partis, soulève sans surprise, les principaux défis auxquels fait face la Tunisie, principalement le chômage, les équilibres régionaux et les perspectives de croissance. Toutefois, les interrogations qui émergent concernent l'optimisme affiché par le parti quant aux performances futures de l'économie tunisienne, dans un environnement flou et caractérisé pour des perspectives pessimistes, étant donné les crises de la dette qui se profilent dans les pays européens". "Les partis politiques doivent déterminer et révéler les mécanismes qui permettent la réalisation de ces objectifs" a t-il souligné.