TUNIS (TAP/Hassene Khiari) - «Je m'informe, je m'engage, stigmatisation, discrimination, dégage! », c'est le thème choisi par la Tunisie pour la célébration, jeudi, 1er décembre, de la journée internationale contre le Sida. Bien que l'apparition des premiers cas de personnes atteintes par le VIH/SIDA, dans le monde et, notamment, en Tunisie, remonte aux années 80 et en dépit d'une lutte, engagée trois décennies durant, en faveur de la préservation des droits humains des personnes vivant avec le VIH (PvVIH), la discrimination continue à tuer plus vite que le SIDA. La stigmatisation et la discrimination associées au VIH constituent l'un des plus importants obstacles à la prévention des nouvelles infections et à l'accès universel aux services de prévention, de soins, de traitement et d'appui en rapport avec le VIH. La stigmatisation est définie comme étant une dévaluation des personnes vivant avec le VIH. La discrimination qui s'en suit, renvoie à toutes formes de distinction, d'exclusion ou de restriction arbitraire à l'égard d'une personne. Aujourd'hui, plusieurs sont des PvVIH sujettes à des pratiques discriminatoires que ce soit au sein de la famille, dans l'entourage direct ou encore dans le travail si ces personnes arrivent à le garder. Une PvVIH est, récemment, décédée après avoir été licenciée par son employeur qui venait d'apprendre sa maladie. Il s'agit d'une femme bien-portante, grâce à la tri-thérapie, dont la qualité du travail et le rendement sont irréprochables, mais qui, face à la discrimination, s'est laissée mourir en perdant tout espoir en la vie. Membre active de l'Association de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le SIDA (ATL MST/SIDA), elle n'a pourtant pas pu faire face au poids de la société. Certaines pvVIH se trouvent reniées par leurs familles et d'autres délaissées par leurs conjoints, sans compter les mamans malades qui se voient retirer la garde de leurs progénitures. Pour toutes ces personnes, des associations et des organisations non gouvernementales agissent à l'échelle mondiale et locale, afin de faire reconnaître leurs droits de citoyens et porter toute l'attention nécessaire à leur santé, les droits humains étant une partie intégrante des stratégies de riposte au Sida. A l'échelle régionale, RANAA (Réseau des organisations arabe de lutte contre le sida, créé en 2002), est une concrétisation de l'engagement de 51 organisations arabes de la société civile, en unifiant et en coordonnant leurs actions contre la propagation de la pandémie du VIH/Sida dans la région arabe. En Tunisie, c'est l'ATL MST/SIDA qui, depuis 1994 date de sa création, coordonne les actions de prévention et de sensibilisation aux comportements à risque et offre un espace d'information, de dialogue et d'écoute grâce à un réseau de bénévoles membres de l'association. Un groupe de soutien aux PvVIH, baptisé GS++, a vu le jour en Tunisie, à l'initiative de personnes vivant avec le VIH. Ce groupe contribue à la promotion du respect de la dignité des personnes et plaide pour le changement des lois en vigueur. Parmi les pratiques discriminatoires courantes contre lesquelles ce groupe lutte aujourd'hui, il y a lieu de citer le dépistage abusif, la trahison du secret et des informations d'ordre privé et l'exclusion professionnelle. A noter que près de 1110 personnes vivent, actuellement, avec le VIH/sida, en Tunisie, dont 65 nouveaux cas ont été recensés pour la seule année 2010. La situation épidémiologique nationale liée au VIH/SIDA se caractérise par une épidémie concentrée parmi trois principales populations, à savoir ; les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), les usagers de drogues injectables (UDI) et les travailleuses voire travailleurs du sexe. Ceci sans oublier les personnes malades et qui s'ignorent malgré la présence sur le territoire national de 25 centres de conseil et de dépistage anonyme et gratuit (CCDAG). Il y a lieu de noter que la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à laquelle appartient la Tunisie est, selon l'ONUSIDA, la région du monde où la prévalence du sida est la plus importante avec un nombre de nouvelles infections estimé, en 2009, à 75000 cas. Le nombre des PvVIH est, quant à lui, de 460 mille personnes appartenant en majorité à la tranche d'âge des 15-49 ans.