LA KASBAH (TAP) - Durant la période allant du 1er au 23 janvier 2012, huit sit-in ont été observés à Tunis, Bizerte, Gafsa, Jendouba, Béja et le Kef pour faire entendre des revendications professionnelles et 10 autres pour réclamer des emplois. Le Gouvernement est intervenu à deux reprises pour arrêter des sit-in. Il a fait usage de la force pour la première fois lors du sit-in devant l'ambassade de Libye. Le sit-in devant la compagnie British Gas à Mahres (Gouvernorat de Sfax) a pris fin après des négociations avec les sit-inneurs. S'exprimant lors d'une conférence de presse, mercredi, au palais du gouvernement à la Kasbah, M. Samir Dilou, porte-parole du gouvernement provisoire et ministre des Droits de l'Homme et de la justice transitionnelle a constaté une «amélioration de la situation sécuritaire et sociale dans les régions durant la période allant du 1er au 23 janvier courant». La période allant du 1er au 22 janvier, a été marquée par le blocage de 168 routes dont 18 routes à Béja et Jendouba, 16 routes à Sidi Bouzid, ainsi que l'arrêt de 165 sit-in dont 37 à Gafsa et 22 à Tunis, a-t-il indiqué. Les dégâts engendrés par les sit-in, le blocage des routes et des voies ferrées s'élèvent à 2,5 milliards de dinars, soit la valeur de 80 mille emplois, a estimé M. Dilou. Il a souligné que le gouvernement évite de recourir à la force contre les sit-inneurs et les braqueurs de routes, y compris les sit-inneurs à l'intérieur des établissements universitaires, mettant l'accent, à ce propos, sur la nécessité de faire prévaloir le dialogue et de veiller à appliquer la loi et à faire usage de la force, le cas échéant. Tout en comprenant les conditions sociales difficiles des personnes qui ont été marginalisées des décennies durant, il ne peut y avoir de développement et des réponses aux revendications des sit-inneurs tant que la destruction des outils de production se poursuit, a averti M. Dilou qui a affirmé qu'il sera procédé désormais à l'application d'une «politique ferme» dans ce sens dans le respect de la loi et sans porter atteinte à l'intégrité physique et morale des personnes. S'agissant du procès du directeur général de la chaîne privée Nessma TV, M. Dilou a indiqué: «Nous sommes dans une société qui garantit la liberté de l'information et d'expression et respecte les valeurs sacrées». La personnification de Dieu par une chaîne télévisée est une atteinte au sacré, a-t-il lancé. Il existe des lignes rouges à ne pas franchir dans tous les pays du monde, a-t-il ajouté, précisant que les journalistes sont appelés à respecter la déontologie. En ce qui concerne les violences perpétrées contre les journalistes et les militants des droits de l'Homme, M. Dilou a affirmé que le Gouvernement provisoire ne se limitera pas à dénoncer la violence, mais veillera à l'adoption des mesures nécessaires. Concernant l'affaire du journaliste Chaker Besbes, de la Radio Mosaïques FM, arrêté pour avoir filmé l'audience, il a indiqué que les journalistes ont le droit d'accès à l'information, y compris dans les tribunaux, mais que ce droit n'inclut pas la photographie et l'enregistrement ajoutant que le Gouvernement n'intervient pas dans le travail de la Justice. Evoquant la campagne calomnieuse sur Internet ciblant le ministre de l'Intérieur, Ali Laridh, M. Dilou a affirmé que cette affaire a offert l'opportunité d'affirmer l'unité de la société tunisienne quand il s'agit de porter atteinte à la morale et aux valeurs. La diversité des vues et des positions, a-t-il dit, ne justifie en aucune manière ces pratiques dégradantes. Cette campagne, a-t-il encore dit a été fomentée par les symboles de l'ancien régime et vise à entraver le processus de réforme. Il a aussi affirmé que le gouvernement veillera à mettre en place tous les moyens juridiques pour mettre fin à ces pratiques. En réponse à la question relative à la position du mouvement Ennahdha suite aux déclarations de M. Sadok Chourou, M. Dilou a indiqué que les exemples cités étaient déplacés précisant que les éclaircissements présentés par Habib Ellouz avaient été donnés à la demande du président du groupe Ennahdha à la constituante. Pour ce qui est du dossier économique, M. Dilou a indiqué que le gouvernement a reçu de promoteurs tunisiens et étrangers plusieurs propositions pour le financement de projets en faveur des régions marginalisées. Ces projets, dit-il, ne peuvent être concrétisés tant que la condition de la stabilité n'est pas garantie. Evoquant la question de l'amnistie générale, M. Dilou a indiqué que le décret-loi relatif à l'amnistie générale nécessite l'adoption de textes d'application dans les plus brefs délais afin que des dizaines de milliers de personnes puissent en bénéficier. Il a indiqué que le ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle tiendra prochainement une rencontre d'information pour examiner des questions en rapport avec le dossier des martyrs et des blessés de la révolution ainsi que les cas qui ne sont pas concernés par l'amnistie générale et la justice transitionnelle.