Tweet Share ALMATY (TAP) - L'Ouzbékistan va interdire la présence de toute base militaire étrangère sur son territoire, ont annoncé jeudi des médias nationaux, une mesure qui met fin aux interrogations sur l'avenir de l'ancienne base américaine de Karshi-Khanabad. Cette interdiction, jugent des analystes, pourrait toutefois ne pas entraver la coopération militaire avec les Etats-Unis, qui pourraient toujours utiliser des sites ouzbeks pour les opérations de leurs forces spéciales en Afghanistan voisin. Cette mesure s'inscrit dans le cadre d'un grand document de politique étrangère proposé par le président Islam Karimov, qui a été approuvé cette semaine par la chambre basse du Parlement. Le Sénat devrait faire de même dans le courant du mois. L'Ouzbékistan, pays d'Asie centrale musulmane devenu indépendant en 1991 au moment de l'implosion de l'URSS, a obtenu la fermeture de la base aérienne américaine de Karshi-Khanabad en pleine crise avec l'Occident à la suite de la répression d'un soulèvement antigouvernemental à Andizhan en mai 2005. Depuis, les rapports avec les Occidentaux se sont améliorés, ce qui a fait croire en Ouzbékistan et ailleurs à un possible retour des Américains dans ce pays d'importance stratégique. Le document voté par les députés stipule néanmoins, selon la version donnée par les médias nationaux, qu'"aucun déploiement de bases militaires étrangères ou autres facilités ne sera autorisé sur le territoire national". Il précise que le pays ne fera partie d'aucune organisation politique ou bloc de défense et il interdit aux membres des forces armées de participer à des opérations de maintien de la paix à l'étranger. En juin, l'Ouzbékistan avait suspendu son appartenance à l'Organisation du traité de sécurité collective (ODKB), dominée par le grand voisin russe et qui est considérée par certains analystes comme un contrepoids régional à l'Otan. Pour Arkady Doubnov, spécialiste des questions d'Asie centrale basé à Moscou, la nouvelle neutralité de l'Ouzbékistan, entérinée par un Parlement docile à l'exécutif, vise à apaiser Moscou, passablement irrité par le départ de l'ODKB. "C'est comme si Islam Karimov envoyait à ses partenaires russes le message suivant : 'Si je ne suis plus avec vous, cela ne veut pas dire que je serai contre vous'", dit cet expert. "En outre, l'interdiction par l'Ouzbékistan de toute base étrangère sur son sol ne devrait pas nuire à sa coopération avec les Etats-Unis", souligne-t-il. L'Ouzbékistan fait partie d'un système mis en place par les Etats-Unis en Europe et Asie, et comprenant aussi la Lettonie, la Russie, la Georgie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Tadjikista, pour acheminer du matériel au contingent de l'Otan déployé en Afghanistan. Tweet Share Précédent Suivant