Tweet Share LE CAIRE (TAP) - Opposants et partisans du président égyptien Mohamed Morsi se sont affrontés mercredi à coups de cocktails molotov et de jets de pierres lors de heurts devant la présidence au Caire qui ont fait plus de 200 blessés. Il s'agit des pires violences depuis l'élection en juin de Morsi, premier président islamiste d'Egypte qui s'est attiré les foudres de l'opposition et d'une partie de la magistrature pour s'être octroyé des pouvoirs exceptionnels le 22 novembre. Des témoins ont fait état de tirs de chevrotine et de voitures incendiées, alors que le ministère de la Santé a fait état de 211 blessés. Dans la soirée, les manifestants se trouvaient toujours aux abords du palais présidentiel malgré les appels à se retirer notamment du Premier ministre Hicham Qandil et des Frères musulmans dont est issu le président égyptien . La police anti-émeutes a réussi à imposer un cordon de sécurité entre les manifestants rivaux devant le palais, mais des affrontements se poursuivaient à coups de pierres dans les rues adjacentes. Pour la deuxième journée consécutive, les abords de la présidence dans le quartier cossu d'Héliopolis ont été l'épicentre de la crise. A l'appel des Frères musulmans, des milliers de personnes avaient afflué vers le palais dans l'après-midi, démantelant les tentes dans lesquelles de petits groupes d'anti-Morsi avaient passé la nuit après une manifestation massive de l'opposition mardi. Des protestations ont aussi eu lieu en province, et des opposants à Morsi ont saccagé et incendié des locaux des Frères musulmans, dont Morsi est issu, à Ismaïliya et Suez, dans le nord-est du pays. L'opposition a de nouveau exigé le retrait du décret élargissant les pouvoirs de Morsi et l'annulation du référendum du 15 décembre sur le projet de Constitution controversé. Le pouvoir, de son côté, par la voix du vice-président Mahmoud Mekki, a maintenu le référendum sur ce projet accusé par l'opposition de ne pas protéger certains droits fondamentaux dont la liberté d'expression, et d'ouvrir la porte à une application plus stricte de la loi islamique. L'imam d'Al-Azhar Ahmed al-Tayyeb, la plus haute autorité islamique d'Egypte, a appelé les Egyptiens à la retenue et au dialogue en déplorant une situation "catastrophique", et trois conseillers du président ont annoncé leur démission en signe de protestation. Dans une conférence de presse avec l'ex-patron de la Ligue arabe Amr Moussa et l'ex-candidat à la présidence Hamdeen Sabbahi, qui font partie du Front du salut national (FSN), une coalition de l'opposition, Mohamed ElBaradei, chef du FSN, a fait porter à Morsi "l'entière responsabilité" des violences. "Le régime perd de sa légitimité jour après jour", a-t-il dit. "Nous sommes prêts au dialogue" mais uniquement si le décret est retiré, a-t-il ajouté, qualifiant le pouvoir de "répressif et autocratique". Morsi a affirmé que ses pouvoirs élargis étaient destinés à accélérer une transition tumultueuse et souligné qu'ils étaient "temporaires". L'opposition accuse le président de dérive autoritaire et le projet de Constitution d'avoir été rédigé par et pour les islamistes. Tweet Share Précédent Suivant