CHARM EL-CHEIKH (Egypte), 15 juil 2009 (TAP) - Le Président Zine El Abidine Ben Ali s'est adressé aux chefs d'Etat et de gouvernement des pays Non-Alignés, réunis en leur 15ème sommet à Charm El Cheikh en Egypte, par une allocution, dont lecture a été donnée par M. Abdelwaheb Abdallah, Ministre des Affaires étrangères. Dans cette allocution, le chef de l'Etat a renouvelé son appel en faveur de l'adoption d'une approche globale dans les relations internationales, sur la base de la corrélation entre la sécurité et le développement, dans le cadre d'un partenariat solidaire entre les divers Etats et ensembles régionaux et internationaux. Voici le texte de cette allocution : « Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux Excellence, Monsieur le Président Mohamed Hosni Moubarak, Majestés, Altesses, Excellences, Messieurs les ministres et les chefs de délégation, Mesdames, Messieurs, Il me plait d'adresser l'expression de mes plus vifs remerciements et de ma haute considération à son Excellence, Monsieur le Président Mohamed Hosni Moubarak, président de la République Arabe d'Egypte sœur, pour l'accueil des assises de ce quinzième sommet du mouvement non-aligné, et pour les conditions excellentes assurées à leur réussite. Nous sommes confiants que le mandat de l'Egypte à la présidence du mouvement non aligné sera marqué par un surcroît d'efficience et de réussite dans les activités de notre Mouvement, et favorisera le renforcement de son rayonnement et de sa position, en tant qu'organisation politique géographiquement la plus vaste, exprimant les aspirations des pays en développement, à la paix, au progrès et à la prospérité. Il m'est également agréable d'exprimer notre considération à la République de Cuba amie qui a eu à assumer la présidence du précédent sommet, et a déployé des efforts méritoires pour réaliser les objectifs souhaités de notre Mouvement, et pour faire entendre sa voix au sein des diverses instances internationales. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, Le thème de «la solidarité internationale en faveur de la paix et du développement», qui a été choisi pour notre présent sommet, est significatif d'une prise de conscience profonde du caractère délicat et important de l'étape actuelle, qui est porteuse de nombreux défis et paris générés par les mutations successives et accélérées que le monde connaît, aujourd'hui. Nul doute que la crise financière et économique mondiale est aujourd'hui, au premier rang des préoccupations de l'ensemble des pays, et tout particulièrement des pays en développement. Voilà bien ce qui requiert des pays du mouvement non-aligné de mettre en place sans tarder des programmes pratiques et des mécanismes communs leur permettant d'amortir les retombées négatives de cette crise, et d'œuvrer à trouver les meilleures voies pour élever le rendement de nos économies et les doter de la compétitivité et de l'invulnérabilité suffisantes pour les prémunir contre tous les bouleversements et les aléas. Nous sommes persuadés que les efforts des pays non-alignés nécessitent un surcroît de coordination, au niveau des prises de position au sein des instances et institutions économiques et financières, à l'échelle tant internationale que régionale, et requièrent la diversification des domaines de coopération entre les Etats membres du Mouvement, l'élargissement de leur plate-forme, le renforcement de la cadence des investissements dans les domaines porteurs, outre l'intensification des échanges d'expériences dans les divers domaines, et la consolidation de la dimension de solidarité, qui constitue l'un des principes directeurs de notre mouvement. A cet égard, la Tunisie renouvelle son appel en faveur de l'adoption d'une approche globale dans les relations internationales, sur la base de la corrélation entre la sécurité et le développement, dans le cadre d'un partenariat solidaire entre les divers Etats et ensembles régionaux et internationaux. En de nombreuses circonstances, notre pays avait appelé à la consécration des valeurs de solidarité et d'entraide, domaine dans lequel il avait été le premier à préconiser la création du Fonds Mondial de Solidarité dont la mise en place à, par la suite, été décidée par l'Assemblée générale des Nations Unies, en décembre 2002. Nous sommes convaincus que la conjoncture économique mondiale actuelle, marquée par l'aggravation des taux de chômage et par l'extension de l'aire de la pauvreté, commande plus que jamais d'intensifier les efforts en vue de dynamiser ce Fonds, en tant que mécanisme de traitement des problèmes du dénuement et de la faim dans le monde, de consécration des valeurs de solidarité et d'entraide entre les nations et d'instauration d'un ordre international plus équitable et plus équilibré. Monsieur le Président, La Tunisie a adhéré au système de la culture numérique et à l'économie du savoir, et a franchi des étapes importantes dans les divers domaines des communications, du commerce électronique, de l'économie immatérielle et de l'industrie de l'intelligence, tant elle a foi en le rôle des technologies de l'information et de la communication, dans la stimulation du rythme du développement. Elle renouvelle son appel en faveur du suivi des recommandations du sommet mondial sur la société de l'information, tenu en 2005, à Tunis, pour instaurer une culture numérique solidaire en vue de réduire le fossé numérique et technologique entre les Etats, et de garantir à tous, la possibilité de mettre à profit cette mutation dans les technologies modernes. Je suis persuadé que l'efficience du Mouvement non-aligné et sa réussite dans la concrétisation des objectifs pour lesquels il a été fondé, trouvent essentiellement leur traduction réelle dans la consécration des valeurs de solidarité et d'entraide, dans la consolidation des principes de dialogue, d'entente et de tolérance entre les peuples, et dans le bannissement de la violence et de l'extrémisme, sous toutes leurs formes et quelles qu'en soient les sources. Tout en réaffirmant l'importance de faire face au phénomène du terrorisme qui menace la sécurité et la stabilité dans le monde et vise les fondements du développement, nous prenons acte avec satisfaction, aujourd'hui, de la prise de conscience grandissante de la communauté internationale face aux périls du terrorisme et à ses causes profondes, et réaffirmons, une fois de plus, la nécessité de réunir une conférence internationale, sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies, en vue d'établir un code de conduite international engageant toutes les parties, pour combattre ce phénomène. Etant profondément convaincus de l'importance du dialogue et de la coopération entre les peuples et les civilisations, nous avons récemment accueilli en Tunisie, et plus précisément dans la ville de Kairouan, en tant que capitale de la culture islamique pour l'année 2009, une conférence internationale sur le thème : «dialogue des civilisations et diversité culturelle», qui a abouti à l'adoption de la «déclaration de Kairouan», qui préconise l'instauration d'un partenariat de nature à consacrer la communication entre toutes les nations et renforcer le sentiment de la communauté de destinée de tous les peuples et de toutes les races. Monsieur le président, Pour nous, le développement humain et la sollicitude envers toutes les catégories sociales comptent parmi les principaux facteurs de la stabilité, du progrès et de la prospérité, dans le monde. C'est dans le droit fil de cette optique que nous attachons une importance particulière à la protection des générations montantes, à l'écoute des préoccupations des jeunes, à leur préservation de toutes les formes d'exclusion et de marginalisation, et à leur immunisation face aux dangers du repliement sur soi et de l'extrémisme, de manière à inculquer la culture de la tolérance, de la modération et du juste milieu à cette tranche qui représente un pourcentage élevé des sociétés des pays en développement, et assume un rôle vital dans l'édification de leur devenir. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'appel de la Tunisie en faveur de la proclamation de l'année 2010, «année internationale de la jeunesse», et de l'organisation d'un congrès mondial de la jeunesse qui serait couronné par l'adoption d'un pacte international appelé à constituer un lien solide attachant la jeunesse mondiale aux valeurs universelles communes. Tout en exprimant nos remerciements à tous les ensembles régionaux et sous-régionaux qui ont apporté leur soutien à cette initiative, nous formons l'espoir de voir notre Mouvement lui apporter également le sien, et contribuer à sa concrétisation, afin de réaliser un surcroît de rapprochement et d'entente entre les divers peuples de la planète et de jeter les bases d'un avenir plus sلاr, plus stable et plus radieux. Nous sommes persuadés que la réussite des efforts de développement et l'évolution des relations de coopération entre les divers pays, exigent l'instauration d'un climat mondial où prédominent la justice et la sécurité, dès lors que l'aggravation des foyers de tension et des conflits et le blocage de nombre de problèmes internationaux restés sans solution définitive, constituent un obstacle majeur à la réalisation de la paix et du développement. C'est sans nul doute la cause palestinienne qui vient au premier rang de ces problèmes. Il s'agit d'une cause qui commande la conjugaison des efforts de la communauté internationale pour aider le peule palestinien frère à recouvrer ses droits nationaux légitimes, à créer son Etat indépendant et à réaliser une paix juste, globale et durable dans la région, sur la base des référentiels internationaux et de l'initiative arabe de paix. Le mouvement non-aligné qui a constamment apporté son soutien à la juste cause du peuple palestinien et à la nécessité de mettre fin à l'occupation israélienne, est appelé, aujourd'hui plus que jamais, à œuvrer à impulser les efforts de paix, à apporter son appui aux efforts de relance du processus de paix et de reprise des négociations, tout particulièrement à la lumière de la nouvelle vision américaine en faveur d'un règlement équitable et global, sur la base de la solution de deux Etats. Notre mouvement est, en outre, appelé à redoubler d'efforts pour amener Israël à respecter les résolutions de la légalité internationale et à se retirer des territoires syrien et libanais occupés, afin de contribuer à un règlement définitif de la crise du Moyen-Orient qui continue de focaliser l'attention et constitue un sujet de préoccupation du Mouvement non-aligné, depuis qu'il a vu le jour. Aujourd'hui nous réaffirmons, une fois de plus, l'attachement de notre pays à consolider sa coopération avec tous les pays du mouvement non-aligné, à en élargir les horizons, et à apporter sa contribution, avec l'expérience qui est la sienne, aux secteurs liés aux efforts de développement, tels que l'agriculture, la sécurité alimentaire, les eaux, l'assainissement, l'infrastructure, les systèmes éducatifs, l'insertion des jeunes, les soins de santé, la lutte contre les maladies contagieuses, les technologies de la communication et l'économie du savoir. La Tunisie souligne, à cet égard, la nécessité de soutenir toutes les initiatives régionales de développement, et de promouvoir la coopération Sud-Sud, sous toutes ses formes, en vue d'instaurer un développement plus solidaire et plus équilibré. Majestés, Altesse, Excellences, Mesdames et Messieurs, Nous formons l'espoir de voir les travaux de notre sommet constituer un nouveau jalon sur la voie du renforcement du rôle du mouvement non-aligné dans le règlement des problèmes régionaux et internationaux et de la réalisation des conditions de bien-être et de vie digne, dans le cadre de la coopération et du développement solidaire, pour répondre aux aspirations de nos peuples à la paix, à la sécurité, à la stabilité et à la prospérité.
