PARIS, 8 avr 2010 (TAP) - Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a appelé, mercredi soir, à la fin de sa visite à Paris, les Turcs de France à ''s'intégrer'' et à demander la double nationalité pour être les ''diplomates'' de la Turquie en Europe, mais s'est prononcé contre "l'assimilation". ''Pour l'intégration, il n'y a pas de problème, mais je suis contre l'assimilation'', a lancé Erdogan à environ 6.000 Turcs venus l'entendre prononcer un discours fleuve dans une salle de concert parisienne. ''Personne ne peut vous demander d'être assimilés. Pour moi, le fait de demander l'assimilation est un crime contre l'humanité, personne ne peut vous dire: +renonce à tes valeurs+'', a-t-il dit à ses auditeurs drapés de drapeaux rouges au croissant et à l'étoile blanche. En revanche, le Premier ministre turc, venu à Paris plaider une fois de plus en faveur de l'adhésion de son pays à l'Union européenne, a appelé ses compatriotes à ''s'intégrer'' en France et dans les pays où ils vivent pour qu'''en Europe les prénoms turcs'' augmentent. ''Vous êtes devenus un pont entre la Turquie et l'Europe'', a-t-il expliqué alors que la France, comme l'Allemagne, est opposée à une adhésion de la Turquie à l'UE, redoutant l'arrivée dans l'Union d'un pays de 71 millions d'habitants, en majorité musulmans. ''Chacun d'entre vous êtes les diplomates de la Turquie, chacun, s'il vous plaît, apprenez la langue du pays dans lequel vous vivez, soyez actifs dans la vie culturelle, sociale du pays où vous vivez'', a-t-il dit à l'adresse des nombreuses familles présentes. ''La France vous a donné le droit à la double nationalité: pourquoi vous ne la demandez pas ? Ne soyez pas réticents, ne soyez pas timides, utilisez le droit que la France vous donne. Prendre un passeport français ne vous fait pas perdre votre identité turque'', a poursuivi le dirigeant du parti conservateur turc AKP. Alors que les relations politiques entre Paris et Ankara sont qualifiées de fraîches, du fait de l'opposition du président français Nicolas Sarkozy à l'adhésion de la Turquie à l'UE et du désaccord entre les deux hommes à propos de l'adoption de nouvelles sanctions contre l'Iran, Erdogan a voulu dissiper tout malentendu. ''Malgré les rumeurs, la France reste l'amie et l'alliée de la Turquie. La Turquie a toujours eu de bonnes relations avec la France. (...) Je vois que la France ne vous fait pas sentir comme des étrangers, mais chez vous'', a-t-il dit, rendant hommage à la ''bienveillance de l'administration française'' à l'égard des quelques centaines de milliers de Turcs vivant dans ce pays. Erdogan a, d'ailleurs, proposé la création d'établissements scolaires turcs en France. En Turquie, ''la France a plusieurs écoles, du primaire au lycée, (...) pourquoi ne faisons nous pas la même chose en France?'', a-t-il dit. Le Premier ministre turc a fait le même type de discours et de propositions en Allemagne, provoquant la désapprobation d'une grande partie de la classe politique qui accuse le dirigeant de vouloir entraver l'intégration de l'importante communauté turque dans ce pays.