TUNIS, 25 mai 2010 (TAP) - M. Ridha Ben Mosbah, ministre du Commerce et de l'artisanat a annoncé, mardi, à Tunis, que les échanges de la Tunisie avec l'extérieur ont retrouvé leur rythme habituel de croissance, au cours des quatre premiers mois de 2010 et que ce trend haussier concerne «presque toutes les filières». Le ministre, qui s'adressait aux journalistes lors d'un point de presse, a ajouté que les exportations ont enregistré, depuis le début de cette année, un rythme croissant avoisinant 16%, fin avril, contre, seulement, 6% fin janvier dernier. Cette croissance a concerné, notamment, les exportations des secteurs de la mécanique et électrique (+33,2%), l'énergie (+ 37,8%), le textile-habillement (+4,8%), le cuir et chaussures (+12,7%) et les industries diverses (+10,9%). Au rayon des importations, M. Ben Mosbah a relevé que celles-ci ont également connue une croissance estimée à 30,1%. Les produits importés sont principalement les biens d'équipement (+33,8%), les matières premières (+30%), l'énergie (+66,1%), les produits de consommation (+18,3%) et les produits alimentaires (+ 15%). "L'importance du volume des importations augure de la poursuite du rythme croissant des exportations dans le futur, d'une reprise des investissements et de la capacité de résistance de l'économie nationale aux chocs exogènes", a-t-il-dit. Concernant les projections, les efforts seront concentrés sur la diversification des marchés et des partenaires commerciaux, a-t-il précisé avant de relever qu'une attention particulière sera accordée au développement du partenariat avec les pays de l'Afrique sub-saharienne. Le département du commerce, a-t-il rappelé, veille, depuis le début de cette année, à se préparer au mieux aux périodes de consommation de pointe: la saison estivale, la saison touristique, le retour de la colonie tunisienne à l'étranger à la mère patrie et le mois de Ramadan (deuxième quinzaine du mois d'août). Par ailleurs, le ministre a qualifié de «rassurants» les préparatifs pour cette saison, précisant que les opérations de stockage des produits de base (lait, œufs, poissons, viandes..) vont bon train et que des mesures nécessaires ont été prises pour garantir un approvisionnement régulier des marchés en ces produits. Les stocks régulateurs sont estimés, jusqu'à ce jour, à 47 millions de litres de lait, 66 millions d'œufs, 1400 tonnes de poulets et 750 tonnes de dindes. Les opérations de stockage se poursuivront jusqu'à fin juin 2010, a-t-il dit. Sur un autre plan, M. Ben Mosbah a souligné l'importance des mesures décidées, par le Chef de l'Etat au cours du conseil ministériel du 5 mai 2010, en faveur du secteur de l'artisanat, faisant remarquer que ces décisions ne manqueront pas de renforcer le rôle de cette branche d'activité dans le développement, la création d'emplois et la promotion des exportations. Il a rappelé, à ce sujet, le démarrage de la réalisation d'une étude pour la création de 6 unités techniques spécialisées au sein des centres techniques industriels dans l'objectif d'appuyer les efforts de mise à niveau de l'entreprise artisanale. Il a relevé que les mesures exceptionnelles prises par le Chef de l'Etat en faveur des filières de la tapisserie et de la bijouterie ne manqueront pas d'aider ces deux branches à préserver les emplois et en créer d'autres. Le ministre a précisé que la confection du tapis poinçonné a reculé au taux de 47% par rapport à l'an 2000 à cause de la tendance des artisanes à bouder cette activité qu'elles estiment peu rémunératrice et de la migration, de beaucoup d'entre elles, vers l'industrie jugée plus intéressante. Concernant la bijouterie, le ministre a évoqué la baisse de la compétitivité de cette branche, et son corollaire, la diminution de sa contribution à la réalisation des objectifs de la stratégie de la promotion de l'artisanat à l'horizon 2016, notamment en ce qui concerne la création d'emplois et l'impulsion des exportations. Autres indicateurs du secteur cités par le ministre: le montant des investissement dans le secteur de l'artisanat s'est élevé, en 2009, à 18,6 millions de dinars. Le secteur a créé, au cours du même exercice, 9250 nouveaux emplois, contribué au PIB et aux exportations aux taux respectifs de 3,9 % et de 2,2 %. Les demandes d'éclairages des journalistes ont porté sur les éventuels impacts sur l'économie tunisienne de nouveaux facteurs: la crise grecque, la hausse du dollar, le recul de l'Euro et la crise du ciment. M. Ridha Ben Mosbah a rappelé que la Tunisie paye ses importations en dollars au taux de 40 % et en Euro au taux de 60%. Il a indiqué que la hausse du dollar aura un impact négatif sur la balance commerciale, notamment en ce qui concerne l'importation des produits de base (céréales, huiles végétales, sucre…) et les matières premières (pétrole et fer) qui sont achetés en dollars. La baisse de la même monnaie aura par contre des répercussions positives sur l'exportation de produits locaux (hydrocarbures, phosphate et dérivés…). Il a soutenu que le recul de la valeur de l'Euro aura un impact positif sur l'importation des équipements et semi produits manufacturés de la zone euro, ce qui permet de réduire les pressions inflationnistes extérieures, relevant l'éventualité d'un accroissement des importations de l'Union européenne pour peu que le scénario de la baisse de cette monnaie se poursuive. La baisse de l'euro rejaillira, par contre, négativement sur les revenus des exportations vers la zone euro et sur la compétitivité des entreprises exportatrices. S'agissant de la crise du ciment, le ministre a annoncé que celle-ci est déjà dépassée et que toutes les cimenteries du pays ont retrouvé leur rythme de production habituel, relevant qu'une moyenne de 26 mille tonnes de ciment sont vendus quotidiennement dans le pays. Il a noté que la demande de ciment a cru de 12%, au mois d'avril dernier, et ce, en raison de l'effort d'investissement dans l'infrastructure lequel a entraîné une suspension provisoire des exportations.