NEFTA, 9 oct. 2010 (TAP) - La ville de Nefta (gouvernorat de Tozeur) a accueilli, samedi, un colloque sur la vie et l'oeuvre de son illustre natif, le poète et écrivain Mustapha Khraief, dans le cadre de la célébration du centenaire de sa naissance, en présence d'un grand nombre de poètes, hommes de lettres, et des médias. Le programme de ce colloque a comporté une série d'interventions, inaugurée par celle donnée par M.Abdelbaki Khraeif, neveu de l'homme de lettres disparu, sur l'environnement familial dans lequel a vécu Mustapha Khraief, marqué par la figure du père, le cheikh et savant Ibrahim Khaief, auteur d'un ouvrage important sur le Djérid. A la faveur du déménagement de la famille à Tunis, Mustapha Khraief a rejoint l'université Ezzitouna. Mais c'est en autodidacte qu'il a parachevé sa formation, son état de santé ne lui ayant pas permis de terminer ses études. La production culturelle et artistique de Mustapha Khraief, a indiqué l'intervenant, a été multiforme dès ses débuts. En effet, parallèlement au journalisme, qu'il a exercé dans plusieurs journaux de son époque dont "Al-aalam al-adabi'' (1932) et ''Essourour" (1936), Mustapha Khraeif s'est essayé à l'écriture de paroles de chansons, dont ''Charaa al-hob'', composée par Khemais Tarnène. Sa production radiophonique a démarré avec l'émission ''Houwat El Adab''. L'intervention de Mme Najet Hammi Boumellela, a porté sur le livre ''al manhaj as-sedid lil taarif bi qotr al-jerid'' du cheikh Ibrahim Khraief, qui comporte des informations exhaustives sur la région du Djérid, au niveau culturel, géographique, et historique. L'ouvrage retrace, également, l'histoire de la Tunisie depuis l'époque carthaginoise jusqu'au début du vingtième siècle. L'auteur, a précisé l'intervenante, s'est intéressé à la tradition culturelle et scientifique prévalant à Nefta, particulièrement, au sein des Mouada, tribu à laquelle appartiennent les Khraief. Houcine el Ouri a procédé, pour sa part, à une analyse du poème phare de Mustapha Khraief, intitulé ''Raqissa'' (Danseuse), faisant remarquer que le style poétique de M. Khraief allie la simplicité de la langue à la profondeur du sens, pour créer des images inspirées de la nature. Quant à Ben Mihoub, il a parlé de Mustapha Khraeif le nouvelliste, faisant remarquer qu'il a écrit plusieurs nouvelles dont la célèbre ''Doumouou al qamar'' (Les larmes de la lune), considérée par le conférencier comme un chef d'oeuvre de ce genre littéraire. Il a ajouté que le lecteur des écrits en prose de M. Khraief peut en déceler la part biographique, indiquant que l'auteur recourt volontiers au dialecte tunisien, à la manière de Ali Douagi. Dans le même contexte, le professeur Taoufik Baccar a présenté une lecture analytique de la nouvelle ''Les larmes de la lune'', caractérisée à ses yeux par un style limpide, et qui appelle à la responsabilisation de la société tunisienne de l'époque, et à la lutte contre l'ignorance et la colonisation. Il a relevé que l'amour de la nature chez cet écrivain trouve son écho dans sa description minutieuse de la région du Djérid, qui met l'accent sur les ambitions et les contradictions de ses habitants, souvent confrontés aux vicissitudes de la vie.