TUNIS, 05 Fév 2011 (TAP) - Les réserves naturelles et les aires protégées tunisiennes ont été le théatre, au cours des derniers évènements que la Tunisie a connus, d'actes de violence contre les agents et les équipements, a déclaré M. Abdelamajid Dabbar, expert des oiseaux sauvages et fondateur de l'Association Tunisie Méditerranée pour le développement durable (ATUMED). Dans une déclaration à l'Agence TAP, M. Dabbar a expliqué que ces agressions ont concerné essentiellement le parc Bouhedma dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Les saccageurs ont détruit les équipements ainsi que 10,5 kilomètres de la clôture, destinée à protéger cette zone et plantée d'acacias pour relier les parcs Bouhedma et Haddej. Deux animaux (un dorcas et un oryx) ont été tués au cours de ces évènements. Les assaillants ont, par ailleurs, menacé le responsable du parc ainsi que les gardes forestiers et ouvert cet espace au cheptel, menaçant ainsi les plantes et les arbres. Il y a lieu de souligner que les habitants ont fait de leur mieux pour protéger le devant de la clôture du parc Bouhedma. Au parc Ichkeul (gouvernorat de Bizerte), les pilleurs ont renvoyé le responsable de la réserve devenu menacé par les saccageurs à l'encontre desquels peuvent avoir été rédigés, auparavant, des procès-verbaux de contravention, a fait savoir M.Dabbar. La réserve « Chaâmbi » (gouvernorat de Kasserine), a enregistré la détérioration de 20 km de la grille (sa partie nord), et la réserve s'est ainsi vue transformer en pâturage pour le bétail. Le pillage a eu pour conséquence, la destruction des arbustes et de plusieurs arbres rares lesquels ont été coupés pour être utilisés à des fins de commercialisation du bois ou encore pour le réchauffement. Plusieurs pilleurs se sont adressés au commissaire régional au développement agricole à Kasserine, pour l'obliger à licencier un certain nombre de fonctionnaires et à désigner d'autres, menaçant, par ailleurs, d'incendier l'administration (équipements, matériels...). Le pillage n'a pas exclu ni la réserve « Dghoumès » (gouvernorat de Tataouine) ni celle de « jbeil », située à 70 km de Douz, ou certains ont essayé de chasser illégalement les gazelles, la nuit, provoquant la fuite du garde forestier. M. Dabbar impute ces attaques perpétrées par les saccageurs et quelques chasseurs à la volonté de profiter de l'anarchie afin de pratiquer les activités de chasse illégale. Il n'a pas nié le recours de certains à des actions de pillage, les habitants près des réserves n'ayant, en effet, pas été associés au processus de développement durable (absence de l'approche participative) et à la prise de décisions relatives à l'exploitation de ces réserves. Il a encore souligné que ces opérations de saccage qui ont touché la flore et la faune rare des réserves naturelles lesquelles représentent un héritage civilisationnel pour la Tunisie et l'humanité, en général, une source de revenu pour plusieurs habitants et un facteur de développement dans ces zones, nécessitent une intervention rapide afin de limiter les dégâts. Une réunion s'est tenue, samedi, à Tunis, à l'initiative de l'association des amis du belvédère en présence des représentants de certaines associations et activistes environnementaux et des représentants des forêts. Elle a permis d'étudier l'état de ces parcs et de passer en revue les agressions qu'ils ont subies ainsi que les pressions exercées sur certains gardes et agents forestiers. L'accent a été mis sur les moyens devant surmonter ces problèmes, à travers, l'élaboration d'un diagnostic de la situation des parcs endommagés et l'identification de solutions urgentes à même de protéger ces écosystèmes. M.Dabbar suggère de faire parvenir ce dossier au gouvernement provisoire et appelle, à cette fin, les parties concernées( associations environnementales, gardes forestiers à)à s'entretenir avec le ministre de l'Agriculture et de l'Environnement sur ce sujet. Il propose également de créer une commission de suivi qui aura pour mission d'effectuer des visites sur le terrain en vue de sensibiliser les habitants des régions limitrophes de ces aires, à l'enjeu de préserver ces richesses naturelles, en plus de l'adoption d'une approche participative, où l'Homme aura à jouer un rôle déterminant dans le processus de développement durable.