SANAA, 1er avr 2011 (TAP) - Des dizaines de milliers de partisans et d'adversaires du président yéménite Ali Abdallah Saleh se rassemblaient vendredi séparément à Sanaa où de strictes mesures de sécurité ont été prises de crainte d'affrontements entre groupes rivaux. Une vive tension était perceptible en milieu de matinée dans la capitale, où les forces de sécurité et l'armée ont multiplié les points de contrôle sur les différents axes routiers menant aux lieux de rassemblement des manifestants. Autour de la place du Changement, près de l'université de Sanaa, où campent depuis plus d'un mois les jeunes protestataires réclamant le départ du président Saleh, l'armée, dont des officiers ont rallié le mouvement de contestation, a établi des barrages de contrôle aux points d'accès de la place. Des unités des forces de sécurité tentaient pour leur part de canaliser le flux des partisans du régime, dont de nombreux hommes de tribus mobilisés à l'appel du chef de l'Etat, sur la place Tahrir, dans le centre de Sanaa, et sur la place Sabiiine, près du palais présidentiel. La foule continue de grossir au fil des heures dans les deux camps avant la prière hebdomadaire musulmane du vendredi, baptisé Journée "du Salut" par les protestataires et "de la Fraternité" par les loyalistes. Les lieux de rassemblement des deux camps sont situés dans des quartiers différents de Sanaa, distants de quelques kilomètres. Mais une explosion de violence est redoutée dans la capitale où se font face des unités rivales de l'armée, partiellement ralliée aux protestataires, et de la Garde républicaine, commandée par le fils du chef de l'Etat, Ahmad. Signe de cette tension, la Grande-Bretagne a exhorté jeudi ses ressortissants à quitter immédiatement le Yémen où la situation "se détériore rapidement", le Foreign Office notant dans ses "conseils aux voyageurs" que les manifes-tations de vendredi risquaient de dégénérer en affrontements violents. Le chef de l'Etat est confronté depuis fin janvier à un mouvement de contestation populaire réclamant son départ et qui s'est accentué après la mort le 18 mars de 52 manifestants par des tirs attribués à ses partisans.