Taoufik Ben Brik, figure emblématique de l'opposition sous le règne de de Ben Ali et grand agitateur culturel et politique ‘' se trouve aujourd'hui dans les prisons de la révolution " comme l'a indiqué son ami Nabil Karoui. Derrière cette lutte et ce combat qui s'éternise pour la liberté d'expression et la liberté de pensée, il y a une femme une militante, une vraie c'est l'épouse de Taoufik Ben Brik. Mme Azza zarrad, qui mène toujours son combat a rafraîchi la mémoire des Tunisiens qui ont partagé massivement son expérience lors d'une visite à Taoufik dans la prison de Siliana en 2009. Voici l'article publié depuis 2009, sur L'Obs : Quelques heures seulement après avoir été informé de la manière la plus rocambolesque du lieu où l'on cache depuis la date de son procès, le 19 novembre, mon mari Taoufik Ben Brik, je me rends à la Prison Civile de Siliana, à 130 km de Tunis, accompagnée de ses deux frères Jalel et Fathi ainsi que de sa sœur Saida. On mettra environ 2h30 pour y arriver tellement la route est longue et sinueuse. Vers 13h, on est devant la prison accompagnés par une horde de policiers qui ne nous ont jamais lâchés. Ouf, on va finalement pouvoir revoir Taoufik ! On donne nos papiers. A la question de savoir si Taoufik était dans cette prison, le gardien ne pipa mot. Instructions.... Une heure passe, deux, trois encore. Rien. Tout le monde passe sauf nous. Il faisait un froid de canard. Il commençait à faire nuit et le ciel devenait de plus en plus menaçant. On doutait un peu qu'il nous permette de le voir. Habitués à leurs mensonges, on s'attendait au pire. Mais on était tenace. Il fallait qu'on sache au moins si Taoufik était réellement dans cette prison. Vers 17h, un homme d'une cinquantaine d'année portant une perruque ocre jaune mal coupée pointe le nez. Et la porte du pénitencier s'ouvre finalement devant nous. Traités comme des parents de terroristes, on exigea qu'on leur remette nos portables, de laisser par terre nos sacs à mains... Au parloir, on était entouré par une douzaine de policiers, soit le triple de notre nombre, qui nous collaient aux coudes. La visite dura à peine six secondes, à peine a-t-on pu le saluer. Et la Jalel a eu la part du lion. Ben Brik a pris un coup de vieux. Ce n'est plus mon Brad Pitt que j'avais connu l'été 88. Vieilli, affaibli, le teint terne, le visage enflée, il semble avoir maigri. "J'ai entamé une grève de la faim depuis que j'ai compris qu'on m'interdit la visite. Je ne prends plus que les médicaments et l'eau", a-t-il informé son frère. Il n'a rien pu ajouter d'autre On ne savait pas dans quelles conditions il vivait, comment est sa cellule et s'il était bien suivi médicalement. On nous chassa carrément du parloir sans nous permettre de lui donner ses médicaments, ni retirer ses affaires. Et, puis surtout, on nous confisqua notre autorisation de visite "Allez vous en faire une autre", nous a-t-on balancé. Cinq heures de routes, quatre heures d'attentes pour six secondes au parloir, tel est le résumé de notre visite au pénitencier de Siliana, un pénitencier qui rappelle ceux du 18 ème siècle, vétuste, sale, où le simple portier fait la pluie et le beau temps à de pauvres visiteurs démunis. Un pénitencier qui sera aussi célèbre que celui de Guantanamo grâce à la visite de Taoufik Ben Brik, qui malgré tout tenait bon et avait le moral.
