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''Les Européens ne sont pas clairs sur le mémorandum,'' selon Ammar
Publié dans Tuniscope le 09 - 10 - 2023

Extrait de l'interview accordée au quotidien Belge « Le Soir » par Nabil Ammar, Ministre des Affaires Etrangères, de la Migration et des Tunisiens à l'Etranger :
« Les Européens ne sont pas clairs sur le mémorandum ».

La brouille est consommée. Entre l'Union européenne et la Tunisie, le ton est monté ces derniers jours sur le mémorandum d'accord signé au milieu de l'été entre Tunis et la Commission européenne, soutenu par l'Italie et les Pays-Bas. Dans un entretien au Soir, le ministre tunisien des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l'étranger, Nabil Ammar, détaille la position tunisienne dans ce dossier explosif.
Pour cela, il faut bien comprendre de quoi l'on parle. Si l'accord comprend d'importants volets de développement économique (hydrogène vert, câbles sous-marins…), le cœur du texte porte sur la migration et prévoit 150 millions d'euros d'aide. Le pays, lui, dit refuser d'être « le garde-frontière » de l'Europe.
Entre Tunis et la Commission, l'affaire s'est grippée après les arrivées massives à Lampedusa, venues des côtes tunisiennes. Dans la foulée, l'exécutif européen a annoncé débloquer une partie de l'aide (dans ou hors du cadre de l'accord ? Les versions divergent. Le président tunisien Kaïs Saïed a déclaré refuser la « charité ». La Commission annonçait aussi le décaissement de 60 millions (sur un autre paquet d'aide), à nouveau refusés.
« Ce sont les Européens qui ne s'entendent pas entre eux »
Aujourd'hui, Nabil Ammar donne très fermement sa version. « Les Européens ne sont pas clairs, à divulguer des montants un coup par ci, un coup par là. Les gens ne se retrouvent plus dans ces enveloppes, qui sont dérisoires.
Même si ce n'est pas un problème de montant. Mais les Européens n'arrivaient pas à comprendre un message que l'on a répété à plusieurs reprises : "Arrêtez d'avoir cette vision de ce partenariat, comme si nous étions à la merci de cette assistance. A chaque fois, vous répétez des messages qui ne sont pas dans l'esprit de ce mémorandum d'accord, un partenariat d'égal à égal, de respect mutuel." C'est insultant et dégradant. »
« Il ne faut pas donner cette idée fausse, laisser penser que ce partenariat se réduit à "on vous donne quatre sous et vous faites la police en Méditerranée et vous retenez les migrants illégaux" », continue le ministre des Affaires étrangères, qui précise que « ce sont les Européens qui tenaient » au texte.
« On ne veut pas être indélicat, mais ils couraient après cet accord qu'on était content de passer puisque l'on considérait que ce qui était écrit convenait aux deux parties. »
Ces dernières années, l'UE a passé des accords migratoires avec la Libye et la Turquie, qui consistaient en somme à y délocaliser la gestion des frontières extérieures. L'ex-ambassadeur à Bruxelles, très bon connaisseur des rouages européens et chargé de négocier l'accord, croit qu'il en était autrement avec son pays.
« Ils nous l'ont dit ! "On va changer, on vous a compris." Mais les anciens réflexes, les comptes d'épicier ont immédiatement repris. Ce langage-là n'est plus acceptable », défend-il, plaidant pour la fierté et le souverainisme de son pays, un discours dans la lignée de celui du président Saïed. «Nous sommes comme le roseau, on plie mais on ne casse pas et ce serait bien que les partenaires se le mettent en tête. »
Alors le mémorandum est-il enterré ? « Pas du tout », veut croire Nabil Ammar qui met la responsabilité de la crise de confiance sur le dos des partenaires européens. « Cette crise est entièrement de leur part parce qu'ils n'ont pas voulu changer leur logiciel après le 16 juillet (date de signature du mémorandum, NDLR). Nous nous étions entendus sur un esprit nouveau », une coopération d'égal à égal, répète-t-il. « Nous n'avons dévié du mémorandum d'accord, ni du dialogue stratégique. Ce sont les Européens qui ne s'entendent pas entre eux », assure le ministre, faisant référence aux dissensions entre la Commission et les Etats membres.
Le président du Conseil Charles Michel s'est également fendu de critiques lourdes contre la méthode. Certains Etats membres, dont la Belgique, ont critiqué à la fois la forme (ils estiment n'avoir pas assez été consultés) et le fond (l'absence de référence aux droits humains).
« Je vais être gentil et je ne donnerai pas les noms. Nous savons qui est pour et qui est contre », commente Nabil Ammar.
Interrogé sur les atteintes aux droits des migrants ainsi que les arrestations d'opposants, le ministre détaille qu'il « n'y a pas eu un mot de critique (contre le régime tunisien, NDLR) dans ces longues réunions (avec l'UE, NDLR). C'est important de le noter ».
« Pourquoi revenir aux anciens réflexes, aux comportements dégradants ? Il ne faut pas faire passer la Tunisie comme un pays qui vit de l'assistance.
Cette assistance ne vaut rien par rapport aux dégâts causés par certains partenaires dans notre région. C'est d'ailleurs plutôt une réparation. »
Questionné quant aux critiques de la ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib sur les dérives tunisiennes, Nabil Ammar estime qu'« elle est libre de faire ce qu'elle veut. J'ai vécu en Belgique. Je pourrais en dire autant et même plus.
Mais je ne vais pas le faire. (…) Les Européens sont libres d'organiser leur société comme ils l'entendent chez eux et nous sommes libres d'organiser notre société, notre pays comme on l'entend. Ils doivent le comprendre. Nous avons une histoire différente et une construction différente. »
Interrogé sur l'incarcération ces derniers mois d'une vingtaine d'« opposants politiques » dont Abir Moussi, leadeuse du Parti destourien libre : « Ces gens sont entre les mailles de la justice conformément à la loi et aux procédures tunisiennes. Si ces Tunisiens n'ont rien fait, ils sortiront. Et s'ils sont coupables, ils paieront », assure le chef de la diplomatie, qui défend « l'Etat de droit » tunisien.
Quant aux atteintes aux droits humains à l'encontre de migrants subsahariens, Nabil Ammar (qui assure avoir lui-même pris en main des dossiers) rejette la faute sur « quelques voyous », qui n'auraient rien à voir avec une « politique d'Etat ».
Les organisations de défense des droits humains ont dénoncé des « déportations » dans le désert entre la Libye et la Tunisie. Des images de personnes en détresse ont été largement diffusées.
« D'autres témoignages disaient exactement le contraire, que la Tunisie avait accueilli ces gens-là et que le Croissant rouge s'est plié en quatre. Mais ces témoignages-là ne rentrent pas dans l'agenda (sic). (…) On sait qui était derrière ça, des mouvements nourrissant des témoignages à charge », continue le ministre.
Concernant les prétentions qu'une vague de violence populaire s'est déchainée contre les Subsahariens (notamment dans la ville de Sfax) à la suite d'un discours présidentiel, qui mentionnait la théorie du « Grand remplacement » «ça a été instrumentalisé dans une très large mesure. Le fait d'avoir cité une étude écrite, ça ne veut pas dire qu'il la cautionne »).
Ici, Nabil Ammar défend que la même chose se passe très souvent en Europe. Et on n'ouvre pas un procès pareil. Quelques semaines avant que je prenne mes nouvelles fonctions en Tunisie, au commissariat d'Ixelles, une Tuniso-Belge est morte très probablement sous violence policière.
Pendant des mois, nous n'arrivions pas à avoir le rapport de la police », c'était le troisième cas de Nord-Africain décédé, continue-t-il, faisant une référence à la mort de Sourour A.
On n'a pas fait une campagne médiatique contre la Belgique. Nous ne sommes pas traités de la même façon. C'est injuste et ça montre qu'il y a un agenda pour mettre la Tunisie dans un coin. On devient un pays raciste alors que nous sommes un melting-pot, nous sommes le Brésil de l'Afrique du Nord.


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