Une rumeur circule sur les pages facebook selon laquelle on aurait pêché le 6 juin dernier un poisson venimeux et vénéneux, donc empoisonneur, du côté de la Corniche à Bizerte. Ce poisson serait de l'ordre des lagocephalus seleratus, portant sous la peau et dans le foie un poison fort, la tétrodotoxine, entraînant la mort de qui le consomme en moins de 24 heures. Rappelons que l'année dernière, à la même époque (début juin 2011), le même phénomène a été signalé : « Dernièrement, le Lagocephalus Sceleratus nommé le poisson « Ballon à Bande argentée », un poisson toxique et dangereux, se répand à un rythme rapide en Méditerranée. Ce dernier est détecté et a été pêché récemment dans les mers de la Tunisie. » Nous attendons donc que les autorités locales nous informent sur la question et surtout sur les mesures préventives prises à cet égard. Rappelons que la tétrodotoxine est une toxine isolée pour la première fois en 1909 et présente chez certaines espèces de poisson, les tétraodons. Elle est appelée également poison de Fugu, et poison de tétraodon. Chez les poissons Tétraodon (poisson globe ou Fugu), la tétrodotoxine se concentre dans le foie, les viscères, la peau et les gonades. Les poissons femelles sont considérés plus toxiques que les mâles puisqu'elles ont des concentrations élevées de toxines au niveau des ovaires. En cas d'intoxication, le taux de létalité est supérieur à 50 %. Une vingtaine de grammes de chair de fugu peuvent provoquer la mort. Les signes cliniques apparaissent assez rapidement (dix minutes à quatre heures après ingestion). Ce délai varie en fonction de l'individu et de la dose de tétrodotoxine ingérée. La tétrodotoxine étant hydrosoluble, elle passe facilement la barrière gastrique et est absorbée au niveau de l'estomac. Le pronostic est d'autant plus sévère que le délai d'apparition des premiers symptômes est court. Le tableau clinique se présente ainsi : • Atteinte du système nerveux avec paresthésies orales et périorales, nausées souvent accompagnées de vomissements, parfois avec diarrhées et douleurs abdominales. • Vertiges, pâleur, sensation de malaise, puis ataxie et engourdissement général avec la sensation de flotter. Fourmillements et picotements des extrémités précèdent la paralysie des membres inférieurs et des extrémités. • Modifications de la sensibilité profonde, la gorge et le larynx sont touchés très tôt ce qui provoque une dysphagie, voire une aphagie complète, ainsi qu'une dysphonie. • Contraction des pupilles. • Dans le cas d'intoxication aigue, bradycardie et hypotension, hypersalivation, hypothermie, hypersudation, asthénie. • Cyanose des extrémités et des lèvres, hémorragies pétéchiales sur le corps. Ces symptômes surviennent en moyenne huit heures après ingestion. Par la suite, une paralysie spastique apparaît. Le décès est souvent dû à une paralysie respiratoire, l'état de conscience n'étant en général pas affecté.