Les avis sont partagés dans le monde arabe entre ceux qui pensent que « le printemps arabe » a alimenté le chaos, la pauvreté, et le désordre et ceux qui prêchent que ce soi-disant « printemps » est un pas énorme vers la justice sociale, la dignité, la démocratie, et le respect des droits de l'homme. Ca se voit dans l'optimisme de certains politiciens tunisiens qui ne cessent pas de sourire malgré les calamités et les catastrophes. Ils n'ont jamais manqué d'exprimer leur satisfaction quant au « progrès » des « choses » depuis la révolution. D'autres voient en Tunisie une Somalie qui se construit peu à peu. Une division pareille se voit presque dans le reste des sociétés arabes ayant vécu une révolution. Mais il nous suffit de jeter un coup d'œil sur les statistiques pour savoir la vérité. Sans entrer dans les détails, l'économie tunisienne, par exemple, est en panne. Ainsi, il est presque impossible de parler d'un développement régional ou d'une justice sociale dans ces pays. Quant au respect des droits de l'homme les incertitudes demeurent, surtout lorsque des organisations internationales expriment leur mécontentement. Les évènements de Siliana il y a quelques semaines, et les heurts entre policiers et manifestants devant le palais présidentiel au Caire où des policiers ont récemment battu et trainé un homme nu mettent en question la volonté des régimes « révolutionnaires » de rompre avec les pratiques des anciens régimes. Peut-être il faut établir une analogie entre « le printemps arabe » et la dernière version de la CAN 2013. L'Afrique du Nord est l'endroit du monde le plus bouleversé par les vents printaniers. Ayant évoqué la Tunisie et l'Egypte, il faut souligner que le reste des pays de la région ne semble pas plus chanceux. L'Algérie, le Mali, et la Lybie sont devenu parmi les pays les plus dangereux dans le monde, comme Al-Qaïda au Maghreb islamique profite de la guerre libyenne et s'empare d'un arsenal d'armes développées. D'où, la réponse des Jihadistes à la coopération franco-algérienne au Mali était immédiate. Des travailleurs étrangers ont été pris en otage à In-Amenas en Algérie, ce qui a provoqué une crise diplomatique entre l'Algérie et l'oxydent et une crise humanitaire après une opération de l'armée algérienne laissant des victimes parmi les otages. Donc, il est justifiable de dire que le printemps arabe s'est transformé en hiver économique, social, sécuritaire, politique, humanitaire, et aussi sportif. D'habitude, au moins, une sélection de l'Afrique du Nord se qualifie au second tour de la CAN, et parvient souvent à atteindre les demi-finales. Cette année, aucune équipe arabe n'a atteint le second tour, sans parler de l'Egypte et la Libye qui ne sont pas qualifiés à la CAN. L'hiver sportif est ainsi évident. Rappelons qu'il est parmi les causes de la violence au Caire et à Port Said. Mais, jusqu'ici, l'analogie entre le « printemps arabe » et la CAN semble encore bizarre. Attendons ! Il y a quelques semaines, des jeunes protestataires ont chanté « vive Ben Ali » dans une manifestation contre la marginalisation Malheureusement, la pauvreté et la peine ont poussé les plus « misérables » et les moins chanceux à chanter les « gloires » des dictateurs déchus, des louanges que ces derniers ne semblent pas mériter, des louanges qui sont, en fait, la traduction des chants de peine et de colère contre des promesses non tenues. Nous nous rappelons tous de ces nuits d'hiver de 2008 quand des analystes et des commentateurs ont appelé à virer l'ancien entraineur de la sélection nationale Roger Lemerre suite à l'élimination des soi-disant « aigles de Carthage » du second tour de la CAN. A l'époque, maître Fathi Mouldi a reproché à M. Lemerre sa dictature sur Hannibal TV et il disait : « la dignité avant le football », autrement dit « de pain, de l'eau, mais plus Lemerre ». Aujourd'hui, les mêmes analystes chantent les louanges d'un passé légendaire avec M. Lemerre et discutent les stratégies possibles pour récupérer ce niveau perdu. Même si l'analogie reste bizarre, il est évident que lorsque le printemps se transforme en Hiver, c'est la dictature qui gagne.