Malgré sa réussite à gagner le soutien des partis de l'opposition dans ses efforts de former un gouvernement de technocrates, Hamadi Jebali doit encore s'affronter à l'opposition de son propre parti Ennahdha à cette initiative. Le parti Islamiste ne semble pas prêt à reculer devant la pression de l'opposition et de la société civile, ni devant la détermination de son propre secrétaire général à trouver une solution à la crise politique à sa manière. Pour Ennahdha, la légitimité de son pouvoir est indiscutable, et donc, le parti islamiste n'accepterait pas un gouvernement de technocrates qui remplacerait un gouvernement légitime. La guerre d'Eannahdha contre Jébali a été annoncée quand le conseil de Choura du parti au pouvoir s'est mis d'accord sur un gouvernement mixte, de politiques et de technocrates, tout en exprimant son rejet du gouvernement de Jbali. Un autre signe de la montée de tension au sein du parti Ennahdha se voit dans l'appel de ce dernier à manifester « pour défendre la légitimité » ce samedi après-midi. Mais Ennahdha veut défendre « la légitimité » contre l'initiative de Jebali, son propre secrétaire général ! Alors que Jébali intensifie ses discussions avec les partis de l'opposition afin de trouver des moyens de sortir le pays de l'impasse, Cheikh Abd-Al-Fattah Mourou, vice président du parti Ennahdha intensifie le conflit « islamo-islamiste » comme le site français Marianne l'appelle, en déclarant à ce site que Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, mènera la pays à « l'abime avec son extrémisme ». Le vice-président a même décrit son président de « néfaste à la paix sociale ». Cheikh Mourou, qui s'est déclaré le fondateur d'Ennahdha, a affirmé qu'il avait tenté de tirer le parti vers la modernité avant l'arrivée de Rached Ghannouchi. Il a également dénoncé l'extrémisme de Hbib Ellouz qui avait appelé les laïcs tunisiens à quitter le pays. Même si Mourou a, plus tard, accusé le site français Marianne d'avoir sorti ses déclarations de leur contexte, il est évident d'après l'interview que le courant ne passe pas entre lui et Ghannouchi. De même, les déclarations des dirigeants Nahdhouis que Jbali serait maintenu à la tête leur gouvernement de coalition nationale visent à nourrir l'illusion que la parti au pouvoir dépassera sa crise interne, mais l'honneur de Jebali ne lui permettrait plus d'être à la tête d'un gouvernement imposé. C'est la vérité, « la guerre a commencé, personne ne sait où ni comment » dit J.M.G Le Clézio. Lundi 18 février nous en assisterons à un nouvel épisode.