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CHRONIQUE, LE MOT POUR LE DIRE : LE VASSAL DU NEANT !
Publié dans Tunivisions le 12 - 04 - 2013

« Tous les hommes sont en quête d'un bien qui leur échappe, et le moins que j'en puisse penser est que personne ne peut dire qu'il l'atteignit. De ce bien, il m'a semblé qu'une sorte d'angoisse nous séparait et je l'ai pour cette raison désigné sous le nom de part maudite ».
Georges Bataille, Œuvres complètes, t. VII, pp. 471-472
Nous voilà, au bord de l'abîme, la main dans la main, le cœur battant de concert, scrutant l'inconnu qui, vers nous, agite son bras ! Magnanime ?
– Qu'importe l'intention si le cœur y est ? me murmure-tu à l'oreille de peur d'effaroucher le salut éloquent.
Debout, au bord de l'abîme, face au mystère grandiloquent, nous regardons déferler, dans le ciel incrédule, le cortège des monstres : succubes, incubes, prosélytes drapés dans la majesté de leurs soutanes rébarbatives, princes et princesses des ténèbres, anachorètes juchés sur des trônes sans apparat, absorbés dans leurs simagrées de rois fainéants, saints barbus ruisselant de toutes leurs pores le flux de leur intransigeance morbides, démons et pervers le fouet haut et la glotte déliée, tribuns échevelés grommelant des formules cabalistiques, panacées infaillibles semble-t-il, susceptibles de ressusciter les gloires chimériques et les mythes du temps, primordial nous dit-on, en tout différent du nôtre ; tous âmes errantes dans les artères du monde là où, sans répit, s'active l'horreur et se déchaîne l'humaine bonhomie !
– N'est pas homme qui veut, nous crie le carnaval hallucinant, vautré dans le luxe du masque !
La horde s'éloigne en jacassant et s'évanouit dans les ombres brutales d'un si long coucher, et aussitôt s'active la terreur :
– Et qu'on ne me parle ni de transparence, ni de clairvoyance ; qu'on ne me parle surtout plus de sagesse ! J'ai beau rechercher, dans le cirque grotesque de vos gueules renfrognés, la moindre trace de l'homme, je n'y vois que la bête brute ricanant à gorge déployée, foulant de ses sabots sacrilèges le panthéon sublime d'où jaillissent les Lumières ! ».
Ayant parlé ainsi, l'espace d'un soupir, l'oracle se tait et nous livre au calvaire : la honte d'être ce que nous sommes dans la fange de la boule terraquée, de mettre pied à terre pour humer le bouquet subtil de l'effort, d'en être fiers, l'impossibilité de devenir ce que nous voulons être coûte que coûte, et de ne pas en être mortifiés ou déçus, de résister toujours à l'idée – Ô combien évidente ! – que la vermine, la plus sordide et la plus répugnante, ne vaut pas moins que le Narcisse le plus irrésistible !
Et l'oracle de s'esclaffer jusqu'à l'épuisement dans le désert où s'use le vivant :
– Gloire aux potiers dont le talent se contente de la glaise !
Car il n'y a de beauté que par rapport au vivant. Lui seul sait s'émerveiller dans le cristal d'un étang. Cela n'est que trop évident ! Le singe, cette troublante caricature de l'être, a-t-il seulement besoin de s'admirer dans un miroir ! Dirait-il de sa frimousse grimaçante qu'elle est belle ou laide ?! Et la mouche, plus méprisable qu'un crachat, cède-t-elle jamais au charme du rythme et du chant elle qui, à longueur de vie, n'arrête de tournoyer en bourdonnant ?
C'est donc chose normale que nous soyons là, face à l'abîme, dans l'éclat du matin qui commence à peine, fouillant du regard le précipice à nos pieds en quête d'un soupir qui oriente nos désirs et nos pas vers l'impossible salutaire : l'Eden où se prélasse la brute ou l'ange, peu importe ! Et si nous étions, dans la même enveloppe, l'un et l'autre, qu'est-ce que cela changerait au fait que nous soyons, de ce monde croulant, les maîtres incontestés ?!
– En somme, Dieu et Satan dans la même peau, parlant de concert !
Qu'avons-nous à faire, nous qui respirons l'homme jusqu'au bout des ongles, de tant de pantins grotesques et de tant de chimères ? Pour être pleinement, pour prendre racine dans le terreau putride de l'univers, nous n'avons à tendre la main à personne, surtout pas aux ridicules silhouettes de l'éternelle tentation, ces marionnettes grotesques qui peuplent les florilèges puériles des croisés à la croisée des chemins, thaumaturges dans leur attirail insipide, baragouinant leur désir indolent à l'adresse d'un ciel qui n'est plus !
Que peuvent pour nous aujourd'hui les Dracula, cloîtrés dans les ténèbres, les scribes penchés sur leurs parchemins putrides et éphémères pour y puiser les astres susceptibles d'éclairer les pas du vivant ahanant sous l'effort, des barbes taillées dans le silex rébarbatif des vérités occultes, soutenues par mille et un rictus qu'impose l'austérité à ceux dont la piété est leur seul métier (un métier et point d'ouvrage !), les prédicateurs hirsutes et délirants sur toutes les voies d'un monde qu'on dit neuf et qu'ils assurent être celui de leurs hantises d'âmes serviles ; que peuvent pour nous ces spectres ridicules s'ils sont toujours incapables de se produire sur la place inondée de soleil ? Et quand bien même ils pourraient franchir le seuil du néant et mettre pied à terre, il nous reviendrait alors à nous de les assister et non d'être, par eux, assistés ! Il est temps, pour les illuminés, qui préfèrent le suaire à l'habit et le cimetière au foyer, de réaliser que la mort est stérile, qu'elle est, tout comme la folie, absence d'œuvre.
Quelle absurdité pour le vivant de se dire le vassal du néant !
Un monstre qui ne mord que la nuit ne fait peur qu'aux ombres ! Pour terroriser le vivant, il faut que le monstre le surprenne là où il n'a pas de place : en pleine vie. Or, il n'y a là qu'un cortège d'illuminés déguisés en revenants, brandissant leurs grimoires, scandant leur slogan désuet :
– La mort est notre chance ! La mort est notre salut !
Un soupir n'est rien peut-être, mais il suffit amplement à attiser le brasier qui consume l'âme du vivant. Mais rien ne bouge dans la vallée, à perte de vue, étendue comme un tapis grandiose ou comme les ailes du Rock, incapable de décoller.
– Et pour cause, car il n'est pas de chimère capable de voler !
L'horreur n'est pas une chimère qui, fuyant le royaume tranquille du songe, déferle dans le monde, brandissant à pleines mains sa haine rutilante ! Sous le soleil flamboyant, en plein centre-ville, parmi les véhicules piaffant d'impatience et les piétons avançant à pas cadencés, l'horreur est là qui regarde impavide, un sourire narquois au coin des lèvres, la bêtise du vivant qu'aveugle son ardeur ! A-t-elle visage d'homme ? Ressemble-t-elle aux monstres aménagés par les effets spéciaux des illusionnistes et l'imagination débordante des faiseurs d'enfers et d'édens à hauteurs de leurs désirs mesquins ?
Et qu'est-ce l'horreur à mesure du vivant ? Nul besoin d'épuiser son zèle dans d'exténuants montages, il n'en résulterait que mirage. Tournez-vous seulement du côté du trottoir et regardez, sans détourner les yeux un seul instant, le petit chaton au pelage sombre, et à la queue sectionnée, par le caprice ou la cruauté, qui ouvre des yeux hagards sur le monde désolant et meurt d'envie de pouvoir lécher sa plaie purulente. A moins d'un pas de ce supplicié se tient une ombre loqueteuse et crasseuse qui clame, d'une voix caverneuse, sa misère. Le chaton, lui, tapi dans le froid glacial, ne pouvant parler, se contente de quelques larmes que personne, parmi les passants, ne voit ! Les prédicateurs, tout absorbés par leur verbiage dément, ne se soucient ni de la bête ni de l'homme : leur spécialité, à eux, êtres terrestres, est le Ciel !
Il y aurait toujours quelqu'un pour jurer son panthéon de divinités que la gueule de l'horreur est au-delà de tous les cauchemars. Un autre prétendrait avoir aperçu ses crocs de suceur de sang, plus longs et plus affutés que ceux de tous les vampires qui ont défilé sur les écrans du monde, sous les dehors d'un dictateur sans scrupules ! Un autre enfin dirait, sans s'émouvoir, que le monstre ressemble à la vouivre ou à Barbe-bleue, en tout cas à une de ces émanations sataniques venues d'Occident ! Celles d'Orient sont inoffensives et bénéfiques pour les déshérités que la modernité a ruinés !
– L'horreur a-t-elle visage d'homme ?
– Question idiote que celle-ci, le savez-vous au moins ?
A cette question, que l'horreur a vociférée à l'adresse du vivant, y a-t-il seulement de réponse possible ? Y a-t-il seulement un refrain ou un râle que le récitant, dans le feu de sa fougue, puisse réussir ? Y a-t-il seulement un miracle qui, dans le fond de l'être, réconcilie l'ange et la brute ? En somme, Dieu et Satan ? Cela se pourrait-il que quelques poils suffisent à distinguer la bonne graine de l'ivraie ?!
Une barbe pour le mâle, ou un suaire pour la femelle, seraient la condition sine qua non du salut. La Renaissance promise, cela n'est que trop évident, passe par le déguisement et, le cas échéant, par la mort. Il nous est demandé de mourir au monde pour renaître au néant ! Il est nous est demandé de mourir à l'humain pour nous réconcilier avec l'ange que jamais nous ne serons. Car il est dit que l'homme est un ange déchu et qu'il le resterait.
Nous – le mâle (réduit à une toison hideuse) et la femelle (réduite à une fente obscène) – nous regardons atterrés. Nous venons de comprendre que l'horreur méprise à ce point l'humain qu'elle ne daigne même pas emprunter son enveloppe charnelle pour se produire dans le monde : c'est là sa manière de nous dire que l'humain n'a pas besoin de jouer à l'horreur puisqu'il est l'horreur incarnée ! Les démons d'antan (despotes sanguinaires) et les anges d'aujourd'hui (califes sans reproche) qui se croient si différents réalisent enfin qu'ils sont, l'un et l'autre, l'essence de l'humain. Personne n'échappe à l'horreur, l'ange comme le démon, à supposer qu'ils puissent exister séparément. C'est pour cette raison que le calife se comporte souvent en cambrioleur sans scrupules : volant les hommes au nom de Dieu, il est, au contraire du despote qui n'abuse que la Terre, doublement coupable, puisqu'il abuse Ciel et Terre.


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