Nous n'avons ici nulle intention de défendre le Général Rachid Ammar bien qu'il nous paraisse mériter amplement qu'on défende son image, moins pour sa personne que pour une certaine idée civilisée de notre armée et de notre pays. Ce qui d'ailleurs n'interdit à personne d'avoir une opinion contraire, ni n'empêche la diversité des opinions évaluant la personne et ses prestations. Nous savons de source sûre que Rachid Ammar, depuis sa fameuse apparition à la télévision en prélude à son départ à la retraite, quelles qu'en soient la forme et les motivations, l'homme s'est confirmé à un sage silence qui est peut-être dû à un quelconque devoir de réserve, mais qui émane surtout d'un trait de caractère de la personne qui, en responsabilité aussi importante que la sienne et dans un contexte aussi favorable à la prise en main du pouvoir suprême dans le pays, a choisi de respecter la transition civile et la sauvegarde de l'Etat républicain qui est le fruit de nombreux sacrifices et de longues années de lutte. Or voilà que, de temps en temps, des médias avides de scoop (ce qui est leur métier et un peu à la fois leur raison de vivre et leur moyen de subsister) se pressent de nous sortir des déclarations d'un général qui a choisi de ne pas parler (On lui a joué le coup déjà en mars 2012, souvenez-vous, quand on a voulu lui mettre un sifflet à la bouche pour lui imposer un langage de prétendu arbitrage !). Dernièrement, c'est donc une supposée page face book qui aurait servi au général pour s'exprimer, alors que tous les médias du monde n'attendent qu'un semblant d'acceptation du principe de la parole pour se ruer sur lui, caméras et micros, enregistreurs et stylos en mains. Il aurait commenté les dernières nominations pour les critiquer. Il est d'avis de la plupart des gens que ce qu'a entrepris le président provisoire de la République, Moncef Marzouki, est mal à propos, en période de transition démocratique, et qu'en fait c'est pour cela que Rachid Ammar a été poliment écarté (avec toujours une épée de Damoclès spécialement fabriquée pour veiller sur sa tête), moins d'ailleurs pour sa personne que pour le statut dont il jouissait, jugé trop puissant, celui de commander les trois armées. Le président était pressé de récupérer ce statut, logiquement non attribuable à un président provisoire. Après, évidemment, il a pu en faire ce qu'il a voulu ; il continuera sans doute maintenant que d'autres puissants mettent déjà sa démission sur la table. Des voix désormais bien étiquetées (et bien « à bout… » ; curieusement ça sonne comme Abbou !) se chargeront de vanter le mérite de la nouvelle démarche (qui pourrait s'avérer historiquement concluante, qui sait ?), sans manquer un instant de dénigrer, voire de diaboliser, le prédécesseur. En fait, jamais le président ne troquerait ce statut contre un quelconque poste à l'ONU où, selon certaines personnes malveillantes, il passerait plutôt pour « un Kadhafi de second rang ». Ainsi donc, nous pensons plutôt qu'il conviendrait de laisser au Général Ammar de décider seul du temps et du contenu de sa parole, ou mieux, de la rupture de son silence. En effet, vérification faite, après minutieuse exploration de toutes les pages face book attribuée à R(a)chid Ammar (les deux orthographes sont utilisées, il n'y en aurait que trois de crédibles : La première (https://www.facebook.com/rchid.ammar.3?fref=ts ) s'arrête au 11 juillet 2013 ; elle ne comporte pas de déclarations ni d'opinions sur les événements. Juste une mise en valeur des mérites de l'armée républicaine. La seconde (https://www.facebook.com/rachid.ammar.5?fref=ts ) s'arrête au 16 janvier 2011. Quant à la troisième : (https://www.facebook.com/pages/Rachid-Ammar-%D8%B1%D8%B4%D9%8A%D8%AF-%D8%B9%D9%85%D8%A7%D8%B1/129632110435926?fref=ts ), elle est consacrée exclusivement à l'armée tunisienne. Ses derniers statuts sont : le 21 août 2013, où est signifié le respect pour tous les généraux, et le 22 août 2013, où il n'y a qu'une image du drapeau de la Tunisie. Arrêtons donc ce jeu qui, directement ou indirectement, peu fausser les règles de l'éthique citoyenne, de la déontologie professionnelle et de la sincère implication responsable dans la cause de la patrie, indépendamment des personnes et des partis.