Avec ce numéro double de Thétis, c'est essentiellement d'un dossier spécial dédié au président fondateur de l'ACAM dont il me faut rendre compte. Une formule de Samir Marzouki, coordinateur du numéro 16/17 de Thétis (1er et 2ème semestre 2013) résume l'esprit avec lequel il faut interroger l'œuvre de Mansour M'Henni :«Les multiples facettes d'une œuvre foisonnante et d'un homme singulier.» Ce dossier spécial d'une cinquantaine de pages n'a pas la prétention d'être un bilan non exhaustif, mais «un bilan partiel.» Le lecteur peut cependant l'interpréter comme des lectures partielles et croisées d'une œuvre en devenir mais néanmoins réussies de signification. Menées par les amis, les collègues et les compagnons de Mansour M'Henni dans l'aventure du jeu avec les mots ou celle du travail universitaire (dont Samir Marzouki, Afifa Marzouki, Kamel Ben Ounnes, Abdrrahman Tenkoul, Magali Brunel, Mustapaha Trabelsi, Farida Bouhassoune, Mohamed Chagraoui, Mohamed Saad Borghel, Abdallah Mdarhri Alaoui…), toutes ces lectures ont constitué autant de rencontres, de promenades poétiques ou conceptuelles, des émotions ou des feux de joie. Car s'il est incontestable que ce mini-colloque, portant sur des écrits de fiction qui transcendent les frontières génériques et sur des essais qui conjuguent la démarche impressive et réflexive, la rigueur de l'académisme et les libres propos, est un mini-colloque savant, il n'est en rien un mini-colloque dominé par le ton humaniste. Les conversations amicales avec les écrits de Mansour M'Henni mêlent, en effet, les souvenirs aux confidences, le questionnement intellectuel aux valeurs de l'amitié et de la poésie. Dans sa présentation du numéro 16/17 de Thétis, Samir Marzouki rappelle que « ce numéro double offre aux lecteurs les actes d'un mini-colloque organisé par l'ACAM autour de l'œuvre littéraire de son fondateur.» C'est-à-dire «l'œuvre d'un auteur bilingue, même si, cette fois, ses exégètes ne se sont intéressés qu'à son œuvre francophone car ce pan de ses écrits, pour être rédigé en français, est profondément nourri de l'interaction, du dialogue, de la synergie voire du conflit entre la langue arabe et la langue française.» Toutes ces considérations appellent à montrer l'unité d'une démarche d'écriture et de pensée marquée par les valeurs de l'altérité, de l'ouverture et de la disponibilité. L'une des difficultés parmi les plus importantes auxquelles le chercheur (qui recourt à un seul angle d'approche) risque d'être confronté est celle relative à la possibilité d'étudier l'œuvre de Mansour M'Henni sans la tronquer. Ecrites avec allégresse, documentées, particulièrement convaincantes dans les connexions établies entre les écrits de Mansour M'Henni et les préoccupations esthétiques, poétiques et éthiques de notre temps, les communications présentées à ce mini-colloque («Mansour M'Henni poète : la main tendue», «La poésie de Mansour M'Henni ou les affinités électives», «Une poésie du crépuscule», « L'incipit dans La nuit des mille nuits ou Le Roi des pendus», «La subjectivité, l'imaginaire et le réalisme dans L'Araignée», «La dimension critique dans l'œuvre de Mansour M'Henni», «Les fondamentaux de la Méditerranéité») lancent autant de pistes de recherche qui méritent d'autres prolongements.