Nous avons reçu, du service de communication de Beit al-Hikma la synthèse d'un colloque scientifique de l'Académie Tunisienne des Sciences des Lettres et des Arts (du 7 mai 2011), autour du thème : Energie : Défis et opportunités pour la Tunisie. La voici mise à la disposition de nos lecteurs. l'Académie Tunisienne des Sciences des Lettres et des Arts, « Beït al-Hikma », a été le 7 mai 2014, en présence du Pr. Hichem Djaït, Président de l'Académie et de spécialistes du domaine, un espace de réflexion prospective sur la situation énergétique en Tunisie, dans le bassin méditerranéen et en Europe à l'horizon 2030 et au-delà. Le colloque, Energie : Défis et opportunités pour la Tunisie fait partie d'une série de colloques scientifiques, inscrits au programme d'activité 2014 du jeune département des sciences mathématiques et naturelles de la nouvelle organisation de l'académie régie par le décret n° 2012-1226 du 24 juillet 2012. Le choix de ce thème, émane de la volonté de l'Académie de rayonner comme un lieu de rencontre et d'échange de savoir et de contribuer au développement de la recherche dans les différents domaines d'activités à la fois culturelles et scientifiques. Face à la situation difficile sur le plan énergétique que connait la Tunisie depuis 2006, en raison notamment de la baisse importante des réserves et l'absence de cadre juridique propice au développement des énergies renouvelables, les membres du départements des sciences de l'Académie, ont jugé opportun de réunir les opérateurs intervenant dans le secteur de l'énergie ainsi que la communauté scientifique travaillant dans le même domaine pour réfléchir ensemble et conjuguer leurs efforts pour aplanir les difficultés du moment et réduire celles qui s'annoncent pour l'avenir proche et lointain. Les défis à relever sont immenses et le besoin d'une réflexion prospective entre les parties prenantes semble s'imposer. Le programme de cette journée a été conçu en quatre moments qui commencent par une conférence « invitée » sur la production d'énergie dans le monde, en Europe et dans la Bassin méditerranéen, à l'horizon 2030 et au-delà. La conférence a été donnée par M. Michel Combarnous, Professeur émérite à l'Université de Bordeaux, et Professeur associé à l'Université de Gabès (2006-2011), membre correspondant de l'Académie des Sciences en France, qui a insisté sur les contraintes qu'impose le futur proche de notre système, le système « surface terrestre-océans-atmosphère nécessairement limité. Il a rappelé par ailleurs l'urgence de la définition et de la mise en œuvre, en matière d'énergie, mais aussi d'eau, de gestion de matières premières, de déchets, de recommandations mais surtout de régimes de vie, aux différentes échelles possibles, locales, régionales et globale. Le second moment donne un aperçu sur l'Etat des lieux en matière de consommation et de production énergétique en Tunisie. Il a été animé par Mr Rachid Ben Daly, PDG de la STEG qui a présenté la stratégie de la Tunisie à l'horizon 2030 dans le contexte de la transition énergétique, Kamel Rekik, consultant dans le domaine de l'énergie qui a présenté le mix énergétique et Nejib Osmane (ANME) qui s'est focalisé sur la maitrise de l'énergie. Le troisième moment a permis d'entendre les chercheurs, sensés donner l'élan aux exploitants et opérateurs du secteur pour explorer des alternatives aux énergies fossiles (pétrole et gaz). Ces derniers ont insisté sur la volonté politique dans ce domaine sans pour autant présenter, de l'avis de certains participants, des solutions techniques rapidement utilisables. Les chercheurs venus de Tunis (Centre de Recherche de Borj Cedria-Brahim Bessais), de l'Université de Monastir (Sassi Ben Nasrallah) et de Sfax (Kamel Halouani) ont respectivement présenté les enjeux de l'intégration de l'énergie éolienne au réseau électrique, l'hydrogène et les énergies renouvelables comme couple d'avenir et la valorisation énergétique de la biomasse et le développement technologique. Enfin, le quatrième et dernier moment de la journée, qui a réuni autour d'une table ronde une pléiade d'experts et de chercheurs du domaine de l'énergie dans notre pays, a permis d' échanger sur : Ce qui est important à signaler c'est que cette rencontre entre praticiens et chercheurs du secteur énergétique a été fortement appréciée des deux parties qui souhaiteraient que leurs propositions soient entendues au plus haut niveau de l'Etat, et suivies d'autres échanges permettant de motiver davantage les chercheurs et de les rapprocher des attentes des praticiens. Le besoin d'un cadre juridique favorisant la production et le développement des énergies renouvelables semble s'imposer comme une urgence. C'est sous de telles conditions qu'il sera possible selon les intervenants de : - penser leur intégration avec l'implication des industriels ; - suivre les développements à l'international en matière de stratégies d'intégration ; - penser l'intégration des énergies renouvelables à l'échelle régionale (le Maghreb où le niveau d'avancement dans ce domaine est identique) ; - se positionner en tant que sous-traitant des grands groupes industriels. Les intervenants ont exprimé par ailleurs le besoin urgent d'économie face à la multiplication par 6 de nos besoins en énergie à l'horizon 2050. L'esprit énergies renouvelables permet, selon eux, une compréhension des problèmes à un horizon lointain plus loin que 2030. Il permet de penser à la sécurité d'approvisionnement et à la durabilité de notre système énergétique, un champ immense de création, d'éducation et de changement. En acceptant l'obligation de passer d'un système organisé, dirigé, très monopolistique dans le domaine de l'énergie à un système basé sur une projection dans le futur, il sera, selon l'un des intervenants, possible d'élargir le spectre des alternatives et de co-construire (chercheurs, producteurs et industriels) des Scénarios à caractère anticipatifs permettant de relever les défis et de saisir les opportunités. Le débat passionnant par moment, a nécessité l'intervention du président du Comité d'Organisation du Colloque, M. Ahmed Marrakchi, ancien Directeur de l'ENIT qui a clôturé le colloque en rappelant aux intervenants que l'Académie Tunisienne des Sciences des Lettres et de Arts « Beit al-Hikma », en plus de sa mission qui consiste à stimuler et soutenir la création scientifique assure une autre mission non moins importante, celle de la diffusion des connaissances et du savoir et que dans cette optique elle entend publier un rapport qu'elle mettra en ligne sur son site web sous un format numérique avec des exemplaires en papier qui seront remontés aux institutions concernées par la question énergétique. C'est en capitalisant les connaissances émises et partagées tout au long de cette journée et en les rendant accessibles, que l'Académie entend aller vers le souhait de l'un des intervenants de « passer du Powerpoint au Power plan". NB : Pour suivre les activités de « Beit al-Hikma : http://www.baitelhekma.nat.tn/ ou encore https://www.facebook.com/BaitelhekmaTunisie