Béji Caïd Essebsi a été l'invité de NessmaTV le 31 octobre 2014, la veille du démarrage de la campagne électorale pour mettre les points sur les i après la victoire de son parti dans les élections législatives, avec une majorité réconfortante mais relative, comme il n'a pas manqué de le souligner. S'il faut tirer des conclusions de cet « entretien spécial », ce sont, nous semble-t-il, les points suivants : Il y a d'abord beaucoup de lucidité dans son discours et une parfaite cohérence, ce qui contraste de fond en comble avec les discours des mauvais perdants, surtout les Ben Jaafar, Chebbi, Hamdi et consorts. Le vieux routier de la politique a souligné, rien que par sa performance, l'amateurisme de certains apprentis de la politique. A aucun moment il n'a été irrespectueux et tendu ; il a donné une analyse prospective de la situation en référence à la seule volonté à respecter, celle du peuple, cette volonté que les mauvais perdants insultent presque, en jugeant le peuple immature dans son vote et en prévoyant qu'il va le regretter. Autrement dit, le peuple était magnifique quand il les avait élus il y a trois ans ; aujourd'hui il devient presque débile pour eux parce qu'il ne les a pas reconduits. Il y a aussi dans l'entretien avec BCE une mise au point fondamentale : il est candidat à la présidentielle et il le reste, sans aucune intention d'y renoncer pour quiconque comme le préconisent certaines gens. Toujours sur le même ton respectueux, il précise que la Tunisie a besoin de tous les siens, les gagnants autant que les perdants, se refusant en même temps de répondre aux propos manquant aux règles de l'éthique et du respect, émanant de certains de ses adversaires politiques qui ne sont pas pour lui des ennemis, comme ils se considèrent pour lui. Il a mis en valeur la vraie dimension et la fonction essentielle du président de la République qui, à son avis, n'est ni forcément un économiste ni un technocrate d'une quelconque spécialité. C'est un vrai homme d'Etat, capable de fédérer, de se détacher de son appartenance et d'œuvrer pour la patrie avant le parti. Il a souligné ce qu'il doit à Bourguiba et sa fidélité à la mémoire des leaders historiques de la Tunisie, mais aussi sa capacité à rassembler, dans Nidaa Tounes, des destouriens, des syndicalistes, des démocrates de gauche et des indépendants. C'est pourquoi, s'il est élu président, il promet de tendre la main à tous les Tunisiens. Finalement, il marque déjà sa distance par rapport à son parti Nidaa Tounès qui sera appelé à gérer la constitution du gouvernement en associant toutes les sensibilités politiques, surtout celles élues par le peuple. Il ne serait pas personnellement contre un président du gouvernement qui serait une compétence indépendante, mais son rôle à lui, BCE, désormais qu'il engage sa campagne pour la présidence, ne consistera qu'à conseiller, quand on le lui demande, dans le respect de tout et de tous et dans l'humilité qui se doit. Une image de BCE, maintenant accoutumée, s'est encore dessinée lors de cet entretien spécial ; dans un peu plus de trois semaines, on verra son effet sur les électeurs tunisiens. En attendant, retenons cette formule heureuse d'un homme politique important qui partage aussi avec Bourguiba le sens et le goût de la lecture et de la culture : «La politique n'est pas une science exacte, mais c'est une science aussi. »