En 24 heures, je me suis attardé sur les séquences vidéos rendant compte de certaines manifestations régionales en marge de la campagne du second tour de la présidentielle. J'ai vu les manifestations du Sud tunisien, dans lesquelles j'ai vu plus des enfants ou de très jeunes élèves, très peu nombreux, heureux d'être dans une dynamique de contestation comme dans un jeu de quartier. On en dira ce qu'on voudra, mais ces jeunes enfants ne sauraient traduire une quelconque implication politique raisonnée contre Béji Caïd Essebsi, à part les slogans qu'ils avaient trouvés à leur disposition, et laissent supposer une manipulation certaine, directe ou indirecte. A preuve, peut-être, la manifestation à Gabès, un jour après la circulation de tracts y appelant. J'ai vu aussi d'autres manifestations, contre Marzouki en apparence, toutes meublées de gens mûrs, de personnes ayant dépassé l'adolescence et ses réactions enflammées à la moindre provocation, réelle ou montée de toute pièce. C'est des gens qui ont dénoncé une machination à peine voilée contre la stabilité de la Tunisie et contre la tendance à l'entraîner sur les rails des violences séparatiste et régionaliste, affirmant leur refus de se laisser manipuler par des groupes franchement désignés. J'ai donc pris sur moi de réécouter les déclarations de Béji Caïd Essebsi, données en langue française et supposées être à la base de ces mouvements. Je n'y ai franchement trouvé aucune désignation régionale, juste une lecture et une catégorisation des types idéologiques des électeurs du candidat adverse. En effet, dans l'interview accordé à RMC, Béji Caïd Essebsi a précisé que les islamistes, les membres de courants radicaux et les Ligues de protection de la Révolution ont voté pour Moncef Marzouki, lors du premier tour de la présidentielle. Aucune évocation du gens du Sud. Et ce qu'il a dit ne signifie nullement que tous les lecteurs de Marzouki sont de cette idéologie, mais que ceux qui sont de cette idéologie ont voté Marzouki. J'ai alors eu la conviction d'une vraie machine de travestissement des propos du candidat de Nidaa Tounès, à partir d'une interprétation forcée et d'une diffraction du faux aux dépens du vrai par une réseau numérique surexcité et poussé au plus fort de son effet. Du coup, j'ai laissé défiler devant moi le souvenir de la performance du clan Marzouki sur les plateaux de télévision, mobilisés pour accuser Nidaa et Essebsi de recycler le RCD alors que certains de leurs activistes s'étaient portés candidats à des structures du RCD, pas plus tôt qu'octobre 2010. Partant de là, ils s'octroient le droit de bafouer le candidat adverse et de le dénigrer, anticonstitutionnellement et contre toute éthique, sur des questions qui ne sont guère de propos. La violence envenimée se dégage souvent de leurs propos, comme des ordres fulminants concluant des raisonnements fondés sur de faux syllogismes et une fausse logique argumentative. A la fin, évidemment, ils attribuent tous ces défauts à leurs adversaires. N'est-ce pas l'heure de raison aujourd'hui, pour la seule raison de la Tunisie ? N'est-ce pas temps, désormais, pour les uns et pour les autres, de rehausser leur langage et leur comportement au niveau des ambitions de la Tunisie et des Tunisiens, ces ambitions profondément humaines et nullement noyées dans un droit'hommisme de circonstance et un commerce de grande suspicion.