Cette semaine, à part les commentaires d'indignation devant certaines déclarations de certaines personnes de l'équipe du président sortant, tout semble tourner autour du prochain gouvernement et particulièrement autour du président possible de ce gouvernement. Dès lors, chaque indice est analysé à la loupe pour pousser à la révision ou à la confirmation des premières spéculations. Plusieurs noms ont été avancés à propos du prochain président du gouvernement, le cas de Mehdi Jomaa ayant été écarté à la fois par sa propre déclaration dans ce sens et par une certaine tension qui a fragilisé ses dernières tractations (ou celles de ses ministères) avec l'UGTT. On a donc avancé des noms qui avaient travaillé avec Ben Ali : M.K. Nabli, Nouri Jouini, Kamel Morjane, Mondher Znaïdi, Sadock Rabeh ; mais ceux-ci sont tous écartés (de la présidence du gouvernement, mais peut-être pas du gouvernement, pour un ou deux d'entre eux), au moins depuis la déclaration du nouveau Président de la République affirmant que le prochain président du gouvernement ne sera pas un ancien ministre de Ben Ali. Il reste aussi à savoir s'il sera de Nidaa Tounès ou d'un parti partenaire, voire carrément de l'indépendance politique, même si cette dernière option paraît peu probable. Pour le Nidaa, il semble qu'il n'y ait pas de figure dotée d'assez de charisme et de compétences plurielles, politiques et technocratiques, pour conduire ce gouvernement de grande sensibilité. On parle de Taïeb Baccouche, mais le concernant, il serait prévu de le charger de l'organisation du parti, au moins jusqu'au prochain congrès, et de veiller à le doter d'assez de stabilité pour faire converger toutes les sensibilités en présence et asseoir dans le parti des structures, des comportements et des fonctionnements à même de coller à son statut de première force politique dans le pays. M. Baccouche serait la personnalité indiquée pour ce rôle, surtout qu'après la démission constitutionnellement nécessaire du président du parti, cette fonction n'est plus nécessaire et l'actuel Secrétaire général assumerait normalement ses fonctions, sans heurts, au moins jusqu'au congrès. Reste Yassine Brahim, qui passe pour le candidat le plus probable, malgré (mais peut-être grâce à) sa jeunesse et à la fraîcheur de son expérience politique, enrichie quand même par une partipation plutôt satisfaisante à un gouvernement intermédiaire entre l'ancien régime et la troïka. Il est vrai qu'on lui reprocherait parfois une « petite légèreté de l'être » ; mais il faut reconnaître aussi que son dernier parcours (au moins sur la dernière année), s'est caractérisé par beaucoup de clairvoyance et de sérénité, contrairement à d'autres chefs de partis. Pour les postes ministériels, à part « les ministères régaliens » qui seraient très probablement entre les mains de Nidaa Tounès, ce qui est de toute logique, une distribution combinant le politique et le technocratique serait à l'ordre du jour. Il y aurait même un ou deux ministères dont Ennahdha aurait la charge, particulièrement le Ministère des Affaires sociales. Une compétence du Front populaire serait de la partie aussi. Et l'UPL évidemment qui se verrait chargé de deux ou trois ministères lui aussi. Toujours est-il que dans l'esprit concevant le prochain gouvernement, la participation d'une compétence politique est conditionnée par la compétence de gestion des dossiers et de l'objet du portefeuille. Comme le gouvernement est prévu dans l'esprit de la rigueur, autrement avec probablement une vingtaine de ministères, certains départements seraient entre les mains de compétences technocrates plutôt indépendantes. Tablons sur une distribution paritaire (50% politiques et 50% compétences indépendantes). Osons dire onze contre onze, comme dans une partie de football entre deux sélections. Mais alors du vrai football, se jouant aux pieds et non aux mains, sauf pour les gardiens ! Il importe de préciser qu'il ne s'agit là que de spéculations publiques, car on ne peut pas empêcher les citoyens de s'y livrer. Mais l'essentiel est en gestation et en gestion par les acteurs concernés, qui ne devraient peut-être pas insulter ces petites idées germant et se développant dans la conversation publique.