Comme plusieurs Tunisiens, et pas seulement des Sfaxiens, mais aussi des Sahéliens, comme moi, et des autres régions du pays, j'ai été très triste que la candidature de la ville de Sfax n'ait pas été retenue pour l'organisation des Jeux Méditerranéens de 2021. Cependant, plusieurs divagations et de nombreux délires sur les réseaux sociaux imposent une halte d'évaluation objective à même de favoriser une meilleure stratégie pour l'avenir. D'abord, ce qui est vraiment déplorable, c'est le retour, dans les discours de certaines gens, de considérations régionalistes, insultes et diffamations à l'appui, sur un fond politique évident pour ceux qui prennent la peine de l'analyser. Mais ceux qui sont derrière ces considérations politiques savent qu'ils peuvent, pour un temps, compter sur le dépit des honnêtes citoyens, surtout quand des sbires bien rôdés sont mobilisés pour les encadrer. Pour ma part, j'invite tous les Tunisiens sincères à ne pas tenir compte de ces propos blessants, déshonorants même pour le niveau d'intelligence reconnu à la plupart des Tunisiens, les Sfaxiens surtout. Qu'ils prennent cela pour un verbiage de colère et de déception que très tôt, l'espoir et l'engagement citoyen balaieront dans les poubelles de l'Histoire pour nettoyer la voix du progrès, de la construction et de la raison. L'une des raisons justifiant l'échec de la candidature de Sfax réside, de l'avis du président du Comité Olympique National (CNOT), dans les deux opérations terroristes du Bardo et de Sousse. Or ce sont justement des tendances politiques minoritaires, dont on soupçonne le lien secret à un certain terrorisme, qui attisent le feu de la passion dépitée pour tout remettre en doute, y compris tout effort de reconstruction du pays sur la base de la nouvelle démocratie en éclosion. Or voilà qu'à cette occasion dont il importe de tirer les vraies et les bonnes leçons, les mouvances de déstabilisation du pays se remettent à faire tourner leur disque rayé de régions qui s'accaparent les richesses produites par d'autres, de complot monté contre Sfax, par les Destouriens, les RCDistes, les Bourguibiens, les Benaliistes, les Sahéliens, etc., pour mettre en échec sa candidature et la priver des investissements requis pour l'événement prévu en 2021. Ridicules et débiles ces commentaires ! Un pays est un tout, une unité à cultiver dans la solidarité et le juste équilibre de la distribution des actions de développement. Heureux que plusieurs intelligences sfaxiennes aient ainsi répondu aux commentaires vaseux et véreux de certains écervelés. Sfax ne sera jamais un Etat à part parce que Sfax a un sang tout tunisien. Mais les Sfaxiens sauront évaluer objectivement leur part circonstanciée des produits du développement national et sauront défendre cette cause dans l'esprit patriotique qui ne leur a jamais fait défaut, Histoire à l'appui, dans la grande intelligence pratique qui les caractérise, plus que d'autres peut-être. C'est là qu'il importe de rester indifférent aux propos insensés de certaines gens, sous l'effet de la spontanéité chauffée ou de la manipulation incontrôlée, pour ne retenir que l'effort prodigieux de la société civile sfaxienne qui vient de montrer qu'elle peut faire école, au moins servir d'exemple, en matière de développement local et régional. Il est heureux que cela survienne à un peu plus d'une année des élections locales et régionales, conformément à la nouvelle constitution. Ces gens qui ont trimé, de jour et de nuit, pour rêver quelque chose dont il savait combien était difficile sa réalisation et qui l'ont fait dans une discrétion qui les honore, ont tout simplement félicité nos frères Algériens, surtout ceux de la ville d'Oran, soulignant que la victoire de l'un ou l'autre candidat est une victoire des deux villes et des deux peuples. Ils ont aussi rapidement réorienté leur objectif vers l'échéance de 2015, prenant exemple sur Sisyphe qui tire de la moindre déception davantage de courage pour continuer et recommencer. Albert Camus écrivait, à la fin de son essai sur Le Mythe de Sisyphe, qu'il « faut imaginer Sisyphe heureux ». Effectivement, heureux étaient malgré la déception, ces membres d'une belle équipe de conception de l'avenir pour mieux le réaliser. Je n'en veux pour preuve que ce statut sur facebook de Nizar Chaâri, l'une des pièces maîtresses de l'équipe, qui, à chaud pourtant, a noté : « Mabrouk Wahrane et 1000 merci pour la jeunesse de Sfax qui a mené le jeu jusqu'à la fin avec persévérance et dignité. Rrabbi m3ana lilijey (Que Dieu soit avec nous pour ce qui est à venir !). » L'attitude de Mehrez Boussayane, ès qualité, a été plus précise et plus détaillée, mais dans le même état d'esprit. Il a d'abord insisté sur l'engagement écrit du chef du gouvernement, Habib Essid, pour l'accomplissement, indépendamment du résultat du vote pour la ville organisatrice, des projets prévus dans la région (Sfax, Kairouan, Kasserine, Gabes, Sidi Bouzid et Gafsa). Ainsi, la société civile déjà mobilisée assurera le suivi et objectera les consciences. Contrairement à tous ceux qui parlent d'injustice, il a d'ailleurs reconnu les meilleures dispositions à Oran, surtout logistiques, pour l'organisation des jeux en 2021 ; mais il a aussi réaffirmé la détermination de l'équipe à poursuivre l'action pour gagner l'échéance de 2025, surtout que, d'ici là, les conditions seront largement favorables à la ville tunisienne, avec l'avantage de ce qui vient d'être accompli. Au-delà de toute évaluation relative du rôle des institutions et des médias, la société civile sfaxienne a créé un précédent et donné l'exemple d'un engagement citoyen constructif, indépendant des tiraillements politiques et des calculs d'épiciers. De grandes leçons sont à tirer de cette aventure, à la naissance de la Deuxième République tunisienne, pour voir ouverts devant soi les plus meilleurs chemins du futur.