Des associations environnementales à Bizerte ont attiré l'attention sur des atteintes à l'environnement et des pollutions causées par les rejets d'eaux de raffinage de sucre et de la mélasse (résidu de la fabrication de sucre) provenant de l'Usine de sucre de Bizerte. Selon un rapport de l'une de ces ONG, l'Association de protection et d'entretien du littoral de Bizerte, environ 300m3 d'eau de raffinage quotidien du sucre sont rejetés dans le lac de Bizerte en raison de l'absence de raccordement à la station d'assainissement, de canaux spéciaux et de laboratoire d'analyses. L'usine rejette également, d'après l'association, de la mélasse dans le lac et dans des endroits inappropriés et se débarrasse de milliers de sacs en les jetant aux abords des routes et près des résidences. Dans une lettre adressée au ministre de l'Environnement, l'association a indiqué que l'usine ne dispose pas d'un réseau de mousse et que les travaux de protection des incendies et d'installation de robinets d'incendies au sein de la sucrerie sont encore inachevés. Le président de l'Association tunisienne de la santé et de l'environnement à Bizerte, Badreddine Jomâa a, de son côté, mis en garde contre les déchets polluants rejetés par la sucrerie de la région sur les rives du Lac Ichkeul, une aire pourtant decrétée zone humide protégée. La déléguée de Bizerte Sud, Besma El Ouni a reconnu, dans une déclaration à l'agence TAP, que l'usine rejette de la mélasse dans plusieurs endroits à Mergazine, Sidi Ameur, Bouhadida, Mellassine et à la Ferme Jalaa à Sidi Ahmed. "Il est pourtant interdit de jeter n'importe quel type de déchets dans ces endroits, que dire de la mélasse", a-t-elle dit. D'après ses dires, les autorités régionales (gouverneur, autorités sanitaires, sécuritaires et environnementales) ont été informées de ces faits et ont demandé à la direction de l'usine de "respecter la loi et de cesser de polluer l'environnement". Celles-ci (les autorités) ont proposé à l'usine de déposer ses déchets dans la décharge régionale contrôlée en contrepartie d'une somme de 28 dinars pour la tonne, mais la sucrerie n'a pas respecté son engagement. La déléguée a aussi indiqué à TAP que les déchets provenant de l'usine et accumulés à l'entrée sud du Parc des Activités Economiques de Bizerte (PAEB) ainsi que les déchets tombant des camions transporteurs ont causé 3 accidents de la route. Selon elle, l'usine, deuxième sucrerie en Tunisie, est d'un grand poids économique dans la région, mais elle doit respecter la loi et les normes environnementales. Récemment remise en production, la sucrerie de Bizerte produit plus de 1600 tonnes de sucre par jour et offre 400 emplois directs et 200 et plus emplois indirects. De son côté, le directeur régional de l'assainissement à Bizerte, Hammadi Kabtni a affirmé que l'usine de sucre a crée sa propre station d'assainissement, mais celle-ci n'est pas encore opérationnelle. Il a confirmé que sa direction est en train de contrôler les eaux provenant de l'usine (500 m3 par jour) deux fois par mois et que ces eaux ne sont pas conformes aux normes environnementales. Contacté par TAP, le conseiller chargé des affaires administratives et de l'organisation au sein de la sucrerie de Bizerte, Neji Fouchali n'a trouvé rien d'alarmant dans les aspects et problèmes évoqués par les associations actives dans le domaine de l'environnement. Il n'a pas trouvé mieux à dire que de déclarer que "ces problèmes sont ordinaires et que l'administration de l'usine est en train de rechercher les solutions...les problèmes existants ne sont pas mortels…il y a trop d'exagération dans ce qui a été dit".