Le bras de fer qui oppose les clans rivaux au sein de Nidaa prend une autre tournure avec la démission de Ridha Belhaj de la présidence de la république et l'imminent changement de chef du gouvernement. C'est une redistribution des cartes et désormais les jeux sont ouverts sur fond de tactique politicienne et de manouvres souterraines entre ceux qui aspirent au leadership naturel pour remobiliser les 86 députés divisés en 3 blocs revendiquant chacun la légitimité du parti et son héritage politique. Les compagnons d'hier se sont mués en ennemis jurés d'aujourd'hui mais pour combien de temps encore ? Nul ne le sait car la politique n'est pas une science exacte et le mot « jamais » est bannis du vocabulaire avec à chaque période sa stratégie et à chaque enjeu ses propres joueurs qu'ils soient coéquipiers ou adversaires. La politique ne s'intéresse qu'aux conséquences et les différents héritiers qui se disputent âprement le leadership du parti jouent leur survie politique et surtout leur avenir car celui qui va réussir la réunification et la cohabitation pacifique entre les députés aura fait le coup double : celui d'asseoir son autorité naturelle sur le parti et celui d'abattre politiquement ses adversaires. L'enjeu est de taille pour contrôler le bloc parlementaire car le gagnant de cette guerre de tranchées pèsera lourd dans le nouvel échiquier qui se profile avec le changement imminent du chef de gouvernement car l'épi centre du pouvoir n'est pas à Carthage et encore moins à la Kasbah mais au Bardo. Véritable caution politique du gouvernement, l'émiettement du parti présidentiel a certainement affaiblit le gouvernement dont le rendement de certains de ses membres a été influencé par ces scissions. Le compte à rebours a commencé et tout porte à croire que l'issue de cette guerre fratricide sera déterminante pour la stabilité du pays et pour le choix du prochain chef de gouvernement et de son équipe. En effet, faute de majorité absolue au sein de l'assemblée, tous les protagonistes s'accordent sur la nécessité d'une alliance objective avec Ennahda mais si pour les uns la cohabitation se limite à un partage de portefeuilles pour récompenser l'allégeance, pour les autres c'est une convergence de points de vue et un rapprochement de programmes pour réaliser les objectifs assignés. Une issue qui est en passe de devenir aussi un tremplin pour le gagnant qui pourra se prévaloir de son leadership sur le bloc parlementaire pour revendiquer ses ambitions pour la perspective des présidentielles de 2019.