Alors que des contestataires du Magasin Général viennent de demander, dans un ''communiqué'' qu'ils ont adressé aux médias et qu'ils n'ont pas signé, la ''vérité'' sur la privatisation de cette entreprise et ses implications socioéconomiques, M. Tahar Bayahi, PDG du groupe, a tenu à répondre, en son nom et sous sa responsabilité personnelle, à ces accusations qui s'étendent à l'implication avec les Trabelsi. Plus de 30% que la seconde offre Tahar Bayahi a ainsi rappelé les conditions du processus de privatisation: «Il a été procédé à une présélection sur la base du projet de développement. Dix candidats ont été sélectionnés, parmi lesquels les deux groupes déjà intervenant dans le secteur, à savoir le groupe Chaïbi et le groupe Mabrouk. Ces deux groupes ont été éliminés pour éviter la position dominante, l'objectif clair de cette privatisation a été de faire émerger un troisième pôle de distribution pour renforcer la concurrence nécessaire au bon fonctionnement de l'économie et du marché. C'est dans ce cadre-là que nous avons agi. Le groupe Bayahi et Poulina ont uni leurs forces pour mener à bien ce projet. L'offre financière sur la base de laquelle ils ont été retenus a été de 70 millions de dinars pour les 76% du capital proposé à la vente et détenu par l'Etat; soit une valorisation à ce moment-là de l'entreprise de près de 92 MDT pour la totalité du capital. Les résultats de l'appel d'offres font ressortir que la différence avec le deuxième est de l'ordre de 20 MDT, soit environ 30% de plus. A cette date, la valorisation boursière de l'entreprise ne dépasse pas les 52 MDT, soit une offre proposée de plus de 70% supérieure à la valorisation boursière. Ceci n'est autre que l'illustration par les faits de la transparence du processus de privatisation pour cette opération». “Un projet social et humain“ Quant aux répercussions économiques et sociales de cette privatisation, M. Bayahi soutient que «le projet de développement de cette entreprise est avant tout un projet social et humain. Nous en étions conscients depuis le premier jour. Cette entreprise a vécu dans le giron de l'Etat et, plus précisément, du ministère du Commerce depuis sa création, et n'était en aucun cas compatible avec la concurrence qui se développait à un rythme trois ou quatre fois supérieur. Ses résultats, légèrement positifs, étaient dus essentiellement à des opérations particulières: importation de bananes, de riz, de lait concentré, et un monopole sur l'alcool... mais en aucun cas à une rentabilité intrinsèque de l'activité. Une correction des stocks dès la première année de sa privatisation a fait apparaître un déficit de plus de 10 MDT. La situation des points de vente était absolument déplorable, nous avons démarré un plan de formation qui a concerné la totalité du personnel pour essayer d'inculquer les nouvelles méthodes de gestion dans le secteur. Ceci a engendré une situation qui, pour nous, a été imprévisible; une partie du personnel a tout simplement exprimé le souhait de quitter l'entreprise, consciente de la difficulté qu'elle trouverait à s'adapter au nouveau projet. A titre d'exemple, le nombre d'ordinateurs dans l'entreprise est passé d'une cinquantaine à plus d'un millier. Il était évident, à ce moment-là, que le projet de développement de l'entreprise devait passer par un autre niveau de compétence. Nous avons réussi à convaincre les autorités de l'époque à accéder à la demande de toutes les personnes qui avaient émis le souhait de partir et l'avaient confirmé à ce moment-là. Nous avons obtenu l'autorisation pour que 400 personnes puissent bénéficier de la retraite anticipée à l'âge de 50 ans et moins malgré le changement de la législation en la matière qui est intervenue en juin 2007 et ceci en acceptant le principe de financer, en partie, le coût de la retraite anticipée pour ces 400 personnes jusqu'à l'âge de 60 ans». Recrutement de plus de 1.500 personnes M. Bayahi souligne que cette opération a coûté à l'entreprise 7 millions de dinars auxquels il faut ajouter 4 autres millions qui ont été octroyés en tant qu'indemnités de départ pour les 400 personnes, soit un coût total de l'ordre de 11 MDT pour cette opération. Ces départs ont permis le recrutement, depuis la privatisation, de plus de 1.500 personnes, parmi lesquelles plus de 300 personnes dans le cadre du programme CIDES (insertion des diplômés de l'enseignement supérieur ayant plus de trois ans de chômage). «Nous pensons que ces chiffres sont éloquents par rapport à la réussite de la composante sociale du projet. La dépense en termes de formation pour les années 2009 et 2010 est supérieure à 2 MDT. Ceci n'est autre que la démonstration de notre conviction que ce projet est avant tout un projet humain». M. Bayahi nous annonce également que la remise en état de l'entreprise a démarré dans son back-office en reprenant deux parties essentielles: le système d'information et la logistique. Les investissements, à ce jour dans ces deux départements, dépassent les 5 MDT. «Ce n'est que le 17 février 2009 que nous avons ouvert le premier magasin général sur le nouveau concept. Nous avons continué à le déployer en l'éprouvant à l'intérieur du pays, à savoir Béja, Le Kef, Siliana, Kairouan, et ceci en partant d'un principe de base pour notre entreprise que tous les Tunisiens sont égaux et que, par conséquent, ils ont tous droit à la modernité et au confort. C'est notre mission. Pour parer au retard de l'obtention de l'autorisation de l'hypermarché qui nous avait été promis lors de la privatisation, et afin de soutenir la compétition en termes d'achat, Magasin Général a racheté au prix fort l'enseigne Pormogro», ajoute-t-il. 50 millions de dinars de dégâts! Il fallait atteindre la taille critique. La totalité des investissements opérés par les actionnaires de Magasin Général depuis sa privatisation dépasse à ce jour les 220 millions de dinars. L'année 2010 est caractérisée par la décision de l'entreprise d'opérer une quasi rétrocession à ses clients des gains obtenus sur l'achat, et ceci s'est concrétisé par une évolution de son chiffre d'affaires de plus de 50% et pratiquement une stagnation de son résultat. «Nous pensons que pendant l'année 2010, notre contribution a été très forte à la consolidation du pouvoir d'achat et à l'introduction d'une plus grande concurrence sur le marché. Tout cela au bénéfice du consommateur. Depuis sa privatisation, les actionnaires n'ont reçu aucun dividende. Ceci était la situation de l'entreprise au 10 décembre 2010. Nos convictions et notre ancrage populaire renforcent notre adhésion totale à la révolution qu'a connue le pays ces dernières semaines. Nous sommes simplement heureux et très optimistes quant à l'avenir de notre entreprise. Toutefois, nous avons subi de très gros dégâts pendant cette période; une première estimation donne le chiffre de 50 MDT de dégâts. Treize magasins et deux dépôts centraux ont été incendiés, douze magasins ont été sévèrement saccagés et complètement pillés, dix autres ont été touchés, mettant en difficultés l'emploi de 1.650 personnes dans l'entreprise. Malgré cette situation, et surtout avec notre conviction de devoir apporter notre contribution à cette révolution, l'entreprise a décidé de payer les salaires de la totalité du personnel, y compris ceux dont les magasins ont été sinistrés; soit environ 1,2 MDT pour les personnes n'ayant pas aujourd'hui un poste de travail. Je profite de cette occasion pour saluer le comportement exemplaire de la quasi totalité du personnel qui a essayé de défendre les points de vente et tous les actifs de l'entreprise. Par ailleurs, je profite aussi de cette occasion pour signaler que certaines personnes, de manière consciente, ont essayé de profiter de ce moment historique pour détruire l'entreprise en faisant croire que le groupe Magasin Général n'est autre qu'une partie des avoirs de l'ex-famille régnante déchue. Nous espérons, par ces quelques lignes vérifiables -puisque Magasin Général est simplement cotée en Bourse-, avoir apporté tout l'éclairage nécessaire quant à la qualité de ses actionnaires qui sont les groupes Poulina et Bayahi. Ces deux groupes sont fiers d'avoir œuvré depuis plus de 50 ans, par la force de leur travail et la qualité de leurs dirigeants, à contribuer au développement de notre pays».