Le syndicat tunisien des radios libres, créé en 2005 à l'occasion du 2ème Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI II), rejette les récentes recommandations de l'Instance Nationale de la réforme de l'information et de la communication (Inric) concernant l'octroi de licences à une douzaine de radios libres et menace de recourir à la justice pour peu que le gouvernement provisoire les entérine. Dans un communiqué rendu public, le syndicat qualifie les recommandations de l'INRIC de «surprenantes» et de «décevantes» dans la mesure où l'Instance a «recommandé l'octroi de licences à ceux qui ne le méritent pas et l'a interdit aux méritants». Selon le syndicat, la liste annoncée a été retenue selon les seuls critères de «la complaisance» et du «favoritisme», deux tares qu'on croyait disparues avec le président déchu. Sur le fond, le syndicat reproche à l'INRIC d'avoir trahi les nobles valeurs pour lesquelles la révolution a été déclenchée, en l'occurrence la liberté de presse et l'équité des chances. A ce sujet, le syndicat s'interroge dans son communiqué: «Au nom de quel droit l'Instance consacre le fait accompli, du temps du président déchu qui avait autorisé la création illégale de radios libres qui ne répondaient pas à des critères objectifs et transparents? En acceptant le fait accompli, l'INRIC consacre l'illégalité et le banditisme d'antan, prive les honnêtes candidats de précieuses fréquences et légitime une concurrence déloyale entre anciennes radios libres bien nanties et de chétives nouvelles radios démunies». Autre grief porté par le syndicat à l'encontre de l'INRIC, sa décision de ne pas avoir rendu publics les critères adoptés pour exclure des candidats et pour retenir d'autres. Pis, il déplore que «les récipiendaires de ces recommandations soient des inconnus dans le milieu des médias et ne s'étaient distingués, à aucun moment, par un quelconque militantisme ou une quelconque lutte contre la dictature déchue». Le syndicat tunisien des radios libres dénonce « le favoritisme » dont a bénéficié « Radio Kalima » dont les promoteurs n'ont pas pourtant respecté les délais exigés pour la constitution et la remise de leur dossier de candidature ». Il rappelle dans son communiqué publié le 27 juin 2011, que l'INRIC indique, de manière précise, que «Radio Kalima n'a pas déposé de dossier auprès des autorités, contrairement à la plupart des autres candidats à l'obtention d'une fréquence FM. Radio Kalima a juste déposé une simple demande sur une feuille volante pour l'obtention d'une fréquence radio et d'une licence de télévision. La demande est parvenue à l'Instance le 8 avril 2011, par le biais d'un fax en provenance du Premier ministère». Le communiqué du syndicat ajoute que «lorsque les promoteurs de Radio Kalima ont vu que tous les candidats avaient respecté toutes les procédures exigées pour la constitution de leur dossier, ils ont envoyé le 12 avril leur dossier». Et le syndicat d'en tirer sa conclusion: «Ainsi, l'INRIC reconnaît expressément qu'elle avait retenu la candidature de Radio Kalima après les délais. La question qui se pose dès lors est: Sommes-nous encore en cette ère où le président déchu accordait des autorisations similaires aux radios «Mosaique Fm», Shems Fm, Zeitouna et ExpressFm»? In fine, les membres du syndicat tunisien des radios libres dont aucune candidature n'a été retenue par l'INRIC annoncent que sur «la base de l'exclusion dont ils ont été victimes, ils ont adressé au gouvernement provisoire un mémorandum dans lequel ils lui demandent de ne pas tenir compte des recommandations de l'IINRIC, et si jamais ils n'obtiennent pas satisfaction, ils intenteront un procès contre l'INRIC pour faire valoir leurs droits». Parmi ces membres figurent de grands militants qui se sont révoltés contre la dictature du président déchu. Il s'agit de MM. Salah Fourti «Radio Fm libre» ( 1987), Samir Jarray, Radio «Al Jazira Fm», (2008), Mohamed Ayadi «Radio Snabel FM» (2009), Khaled Oueslati «Radio Mejerda FM» (2002), Rachid Khechana «Radio Chiraa Fm» (2004) et Ahmed Bouazzi «Radio Numédia FM» (2005).